Retranscription de Mueller pousse Trump à la démission, le 1er décembre 2018. Merci à Éric Muller !
Bonjour, samedi 1er décembre 2018. Si vous êtes à Cannes, n’hésitez pas, tout à l’heure à 14h45, à venir assister à l’espace Miramar au débat entre M. Nicolas Baverez et moi-même. Vous savez que nous ne nous situons pas tout à fait au même endroit sur l’échiquier politique, et donc nous avons des choses intéressantes à dire sur l’avenir de l’homme.
Mais ce n’est pas de cela que je voudrais vous parler ce matin. Je voudrais vous parler d’un certain nombre de choses qui se passent depuis deux ou trois jours autour de M. Trump, et je voudrais vous en donner le sens général. Je reviendrai sans doute là-dessus dans des papiers un peu plus détaillés, mais là en vitesse. Qu’est-ce qui s’est passé ?
On a eu affaire au fait que la commission Mueller a dit qu’elle n’avait plus besoin de M. Paul Manafort : qu’il mentait de manière systématique et que, par conséquent, elle allait se passer de ses services et le faire passer en jugement immédiatement – où il risque, ne serait-ce que ce sur quoi il a déjà été condamné, de l’ordre de sept à dix ans de prison – et puis, je crois que c’était hier, l’affaire de M. Michael Cohen, l’avocat depuis longtemps de M. Trump, qui est inculpé pour avoir menti sur la durée des discussions qui ont eu lieu entre lui et différents interlocuteurs en Russie à propos d’un projet immobilier de M. Trump : la Trump Tower à Moscou. En fait, encore lors de la présidence, M. Michael Cohen négociait la construction d’un immeuble à Moscou, et en particulier avec une personne qui était la représentante d’un adjoint immédiat de M. Poutine.
Alors, on se pose la question de savoir, moi-même je me suis posé la question de savoir tout au début : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de rejeter la collaboration éventuelle de M. Manafort ? » M. Manafort a joué sur deux tableaux : il affirmait dire tout ce qu’il savait à la justice, et pendant ce temps-là, il négociait avec les avocats de M. Trump la possibilité d’une grâce présidentielle. Il a essayé de jouer sur les deux tableaux, il a sans doute perdu sur les deux. Pourquoi perdu sur les deux ? Parce que M. Trump ne sera probablement pas, dans les mois qui viennent, en position de pouvoir accorder une grâce présidentielle dans la mesure où il ne sera plus président.
Quel sens en général ont ces deux événements qui pourraient être considérés comme déconnectés puisque M. Manafort n’a encore parlé jusqu’ici que de questions qui sont essentiellement des questions d’évasion fiscale de son côté – à des tailles, je dirais, astronomiques qui permettent qu’on le condamne à des peines de prison de sept à dix ans. M. Cohen non plus n’a encore rien dit de ce qui pourrait apparaître comme véritablement une collusion avec la Russie. Mais qu’a fait M. Mueller ? Il a, à l’occasion de ces deux affaires, produit des documents très diserts, extrêmement longs, donnant moult détails.
Pourquoi ces deux documents donnant moult détails ? Il faut souligner, d’abord, que c’est la première fois que M. Mueller s’occupe véritablement de M. Cohen. Jusqu’ici, M. Cohen a été inculpé sur des questions qui relèvent de cours locales aux États-Unis, qui ne relevaient pas directement de sa commission à lui sur la collision avec la Russie. Que fait-il ? Il produit de longs documents. Le but de la manœuvre, c’est de produire ces deux longs documents donnant des détails extrêmement précis sur tout ce qui a pu se passer à tous les niveaux.
Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? Qu’est-ce que M. Mueller fait avec ça ? Il essaie, purement et simplement, de pousser M. Trump à la démission, avant que ne soit inculpé son fils Donald Jr, avant que ne soit inculpée sa fille Ivanka, avant que ne soit inculpé son gendre Jared Kushner et, éventuellement encore, son fils Eric [Trump] . M. Mueller lui dit : « Regardez la taille de mon dossier. » C’est exactement ce qui s’était passé dans l’affaire Al Capone. Al Capone arrêté pour fraude fiscale, et on lui montre le dossier qui va jusque là [Paul Jorion évoque une pile de documents plus grande que lui d’un geste à l’écran] : « Est-ce que vous voulez que l’on sorte les autres pièces ? » C’est cela que fait M. Mueller en ce moment : « Eh bien, M. Trump, est-ce que vous voulez qu’on sorte les autres pièces ? Sinon, partez d’une manière qui apparaîtra encore comme honorable. Vous ne serez pas poursuivi pour haute trahison, vous aurez simplement démissionné parce que, voilà, pour ‘passer plus de temps avec votre famille’. » C’est ça le message, en ce moment, de M. Mueller.
M. Trump s’était laissé prendre, comme beaucoup de commentateurs, au fait que Mueller n’était pas intervenu du tout pendant la période pré-électorale des midterms. Il avait raison de le faire : cela aurait paru incorrect de faire des choses, de dire des choses qui semblaient peser sur le résultat des élections. Les élections sont passées. Je vous l’avais dit : « Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que Mueller avance de nouveau ses pièces », et là, il est en train d’essayer d’écœurer M. Trump en disant : « J’ai des tonnes de choses que je peux montrer. Je vous en montre ici un petit échantillon avec M. Manafort, je vous en montre un autre petit échantillon à propos de M. Cohen, et c’est la partie émergée de l’iceberg. Vous savez qu’il en viendra encore, et qu’il en viendra encore, et quand vous croirez [que] c’est fini, il en viendra encore. »
Voilà ! rapidement, parce que je crois que j’ai une connexion qui n’est pas terrible ici, malgré le cadre tout à fait prestigieux dans lequel je suis. Je vais essayer de vous envoyer ça. Une petite précision donc : que fait M. Mueller ? Il pousse M. Trump à la démission.
Merci !
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