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Cher Paul,
Je termine en ce moment la lecture du dernier livre de Raphaël Glucksmann – Les enfants du vide – qui y met très bien en avant LA question essentielle du messager que je me pose après chacune de mes – nombreuses – visites sur votre blog.
Il cite un édito de Bruno Latour dans Le Monde dans lequel celui-ci souligne l’inversion des rôles à laquelle nous assistons à la lumière du réchauffement climatique : « autrefois les scientifiques étaient des gens rassis, et les politiques ou les citoyens, les gens qui s’agitaient en tous sens. Aujourd’hui, c’est le contraire : ce sont les scientifiques qui s’agitent, qui s’angoissent, qui alertent, et ce sont les politiques, vous, moi, qui restent froids comme des concombres, les savants s’énervent et se mettent en colère, les ignorants restent sages comme des images ».
En ajoutant ceci et en citant Aristote : « Est-il sage pourtant, de rester sage quand la maison brûle ? » Un homme qui ne sait pas s’énerver ou se mettre en colère quand la situation l’exige n’est pas un sage, mais un flegmatique, un apathique : un fou.
Le calme est la marque d’une infirmité lorsque la science commande l’inquiétude. La raison exige le vertige, mais nos passions nous enchaînent à nos modes de vie, de pensée, de production, de consommation, comme si une seconde peau mettait à distance le drame qui se joue sous nos yeux pour le ramener dans des proportions acceptables, c’est-à-dire des proportions qui n’ébranlent ni nos habitudes, ni nos convictions.
Et Latour conclut : nous avons perdu le sens du tragique. Notre rapport au monde est trop comique pour appréhender la fin possible.
Plus que jamais, la question du messager est essentielle, mais comment agir ? Selon Michel Serres, qui décidément trouve toujours de belles images : Hermès – messager des dieux – doit d’urgence remplacer Prométhée – dieu de l’industrie.
Vous n’êtes pas seul, nombreux sont ceux qui souhaitent pouvoir avancer de concert sur ces questions essentielles de la survie du genre humain. Qu’attendons-nous pour fédérer nos pensées et surtout nos actions ?
Merci pour votre détermination !
Bien à vous,
P. Dumont
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