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Les millénaires passant, l’évidence est devenue aveuglante : le taxon Sapiens Sapiens qui a pris le pas chez les Homos s’avère en réalité dévastateur. Non seulement il l’est pour lui-même mais il entraîne dans sa destruction une bonne partie des espèces ainsi que l’environnement actuel. Sera-ce à partir de l’an 3000 ? Combien de temps faudra-t-il pour que tous les hommes disparaissent, et tous disparaîtront-ils ? Qu’est-ce qui, du règne animal, disparaîtra le plus totalement et le plus vite ? Il est difficile de répondre ou même de préciser les délais. Mais, même si Einstein n’a pas écrit ou dit que ‘’si les abeilles devaient totalement disparaître, l’homme ne survivrait pas plus de quatre ans’’, il est vrai qu’un tel événement aurait de lourdes et sans doute rapides conséquences, et cela malgré tous les autres fertilisateurs.
Comment se fait-il que ce primate supérieur doté par l’Evolution de capacités supplémentaires à celles de ses proches cousins, majoritairement cérébrales, destinées à lui permettre de survivre mieux en dépit de nombreuses faiblesses physiques, en soit arrivé là ?! En réalité il existe de nombreuses raisons à cet échec. Deux causes majeures ont prévalu.
L’une des premières est un processus naturel très simple mais qui ne pouvait et ne peut toujours pas être corrigé car Il est fondé sur les exigences même de la Vie. Et celle-ci n’en a en réalité qu’une seule, à savoir sa continuation. L’Evolution, et confirmant celle-ci parmi les nombreuses mutations qui se présentaient, la Sélection Naturelle de notre espèce, n’a jamais eu que ce seul but. Particulièrement chez les mammifères où cet objectif est concentré sur la reproduction sexuée, cette option n’a besoin de se préoccuper que des courts et moyens termes et n’est donc jamais à longue vue.
Or justement l’Homo Sapiens a été doté par la Nature de plusieurs caractéristiques neuro-cérébrales qui, complétant les sédiments déjà déposés par l’Évolution, prolongeaient les conséquences de ses actions dans un futur lointain. Son incommensurable curiosité, son imagination débordante, sa propension passionnée au jeu l’amènent à faire preuve d’une créativité qui lui donne la capacité non seulement d’inventer mais de mettre au point des réalisations particulièrement étonnantes.
Rien de nouveau dans tout ça. De nombreuses espèces ont, par un comportement systématique dû à une de ces mêmes dispositions, influencé à terme leur environnement. Ce qui est particulier à l’homme c’est son aptitude à mettre au point et produire des éléments synthétiques imitant ou remplaçant la Nature. Et ceux-ci prolongent très souvent leur action sur le long terme. L’homme est bien incapable d’imaginer et de juger de leur portée réelle sur ces cycles longs. Il a finalement pris conscience de cette faiblesse, et les Etats en sont venus à déclarer dans de nombreux cas la mise en place du ‘’principe de précaution ‘’, espérant ainsi atténuer les impacts négatifs. Bien sûr ce sont les Etats, à tout le moins les plus réellement démocratiques, qui ont dû agir car il eut été utopique de laisser la décision aux individus. Mais cet emplâtre lui-même peut avoir des effets, tout aussi négatifs et imprévus. L’IA ne sera pas d’une plus grande aide. D’abord parce qu’étant programmée par des hommes (ou des femmes d’ailleurs…) elle ne sera pas dirigée vers cet objectif, et que de toute manière il manquera les données à introduire dans l’algorithme pour y parvenir.
Une deuxième raison existe, quasi plus importante que la première. C’est la conviction, erronée, de ce que nous sommes dans un monde dualiste alors qu’il est évident que c’est le contraire qui est vrai. Nous n’avons pas été créés ‘’pour dominer la Terre’’, conviction inconsciente de tous les peuples ‘’du Livre’’ (1), mais en réalité pour nous y intégrer (2). Seule la confusion entre une conscience de soi, le ‘’Je suis’’, et la perception de notre propre corps nous a précipités dans l’individualisme, la cupidité, la confrontation aux autres, la fuite vers le ‘’toujours plus’’, une exploitation éhontée des richesses de la Nature mortifères. Véritable malentendu, cet authentique ‘’péché Originel », est source de la perception d’un Bien et d’un Mal qui seraient irrémédiablement opposés (3).
Ces deux raisons font qu’en effet, sauf ‘’bonne’’ mutation, qui comporterait les modifications nécessaires au niveau du cerveau et leur Sélection Naturelle généralisée, pourrait laisser un espoir à l’Homo Sapiens… En vaut-il vraiment la peine et n’est-il pas trop tard ? Qui sait… (4)
Evolution utopique ? Malheureusement de nombreux éléments d’environnement qui n’en peuvent mais prendront eux aussi le même chemin. L’Homo Sapiens porte en lui le virus destructeur.
Mais la Vie, elle, continuera. Jusqu’au jour où la complexité croissante de l’Univers provoquera le Rétro-Bang final.
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(1) Livre de la Genèse
1.28 Dieu les bénit (N.B : l’homme et la femme qu’il venait de créer), et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
1.29 Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
1.30 Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi.
(2) Evangile selon Thomas (Apocryphe…)
Logion 51 « Ses disciples lui dirent : quel jour le repos de ceux qui sont morts viendra-t-il ? Et quel jour le nouveau monde sera-t-il ? Il leur dit : ce que vous attendez est venu, mais vous, vous ne le reconnaissez pas. »
(3) ‘’Tao Te King’’ – LAO TSEU.
2ème stance – « Tous, sous le ciel, connaissent le beau comme étant le beau : voici le laid ! Tous connaissent le bien
comme étant le bien : voici le mal ! C’est ainsi que l’être et le non-être naissent l’un de l’autre, […] C’est pourquoi le
saint-homme a pour règle : ‘’faire le vide dans son cœur, […] Il pratique le non-agir et il n’est rien alors qui ne soit bien
dirigé, certes !‘’ »
(4) ‘’JE SUIS’’ – entretiens avec Sri Nisargadatta Maharaj, BSI.
Visiteur : Vous nous exhortez à retourner à notre commencement. Les Evangiles également parlent de devenir semblables à des petits enfants, mais nous ne savons rien de cette période puisque nous étions sans mémoire ?
Maharaj : L’enfant […] ne sait pas encore qu’il est un ‘’je’’ et pourtant il vit, agit, grandit. […] A quel moment la sensation ‘’je suis’’ s’est-elle précisée ? Quand avez-vous pris conscience d’avoir un corps ? […] On vous a raconté votre naissance,
[…] vous-même ne pouvez pas appréhender cette expérience (Ndl: pas de première main) […] Tout débutant pour vous
par des images inventées d’après des on-dit, soyez sûr que tout ce qui suit est de même nature : des concepts, des
rêves, de l’imaginaire. […] C’est la personne que vous vous imaginez être qui souffre, pas vous. […] La personne est le
résultat d’un malentendu, il n’existe rien de tel. Ce n’est jamais la personne qui est libérée, on est libéré de la personne.
+ Evangile selon Thomas
Logion 23 « Jésus à dit : Je vous choisirai un entre mille – et deux entre dix mille – et debout, ils seront Un ».
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