Je lis consciencieusement l’accord de coopération de Paul Manafort avec la justice américaine. Je vous rappelle que ce lobbyiste américain, représentant depuis les années 1980 aux États-Unis les intérêts de personnalités russes et d’alliés de la Russie, ancien directeur de campagne présidentielle de Trump, et dernier membre du cercle rapproché du Président à ne pas coopérer pleinement avec la justice américaine, s’est mis à table le 13 septembre en échange d’une réduction de peine sur des infractions multiples. Il s’est agi là d’un revers considérable pour Trump dont l’avocat, le comptable, le directeur de publications étouffant toutes les affaires scandaleuses le concernant, et l’avocat de la Maison-Blanche, coopéraient déjà avec la justice.
Le plea deal, l’accord de coopération, ne renvoie encore qu’aux affaires pour lesquelles Manafort a été inculpé, elles ne contiennent encore rien des informations en vue de l’obtention desquelles la justice américaine fait pression sur lui. L’accord (à signer par Manafort) a la forme d’une lettre adressée à l’avocat de Manafort par Robert Mueller, le procureur spécial enquêtant sur une collusion éventuelle entre l’équipe de Trump et la Russie, ce qui confirme et souligne que ce qui est attendu maintenant de Manafort, c’est qu’il communique à la justice américaine ce qu’il sait sur une telle collusion ou non. La presse et les commentateurs attirent l’attention sur le fait qu’une telle machine (son premier procès à Alexandria en Virginie et le second qui devait bientôt débuter à Washington) n’aurait pas été mise en branle par la justice américaine s’il n’était cru/su par elle qu’il est en possession d’informations cruciales sur une collusion éventuelle, Trump et Manafort étant en contact depuis les années 1980 – fait sur lequel peu s’attardent mais qui me semble à moi essentiel, et gros d’informations sensationnelles encore à venir.
Je n’ai pas terminé la lecture de l’accord mais je ne peux me retenir de vous en communiquer un extrait révélateur de la Troisième guerre mondiale qui se déroule en ce moment et de ses méthodes, où la désinformation (fake news) joue un rôle prépondérant. La citation sera suivie d’un résumé de ma façon.
Il est question ici de deux Premiers ministres ukrainiens dans la période précédant la Révolution de Maïdan : Ioulia Tymochenko (pro-occidentale) et Viktor Ianoukovytch (pro-russe). Manafort est lobbyiste de ce dernier.
… au nom du gouvernement ukrainien, MANAFORT prit d’autres initiatives en vue de ternir aux États-Unis la réputation de Tymochenko. En plus de diffuser des récits affirmant qu’elle aurait commandité des meurtres [comme mentionné ci-dessus], MANAFORT orchestra en octobre 2012 un plan [comme il l’écrivit dans un message à la même époque] visant à ce que « les juifs d'[O]bama » fassent pression sur le gouvernement [américain] pour qu’il retire son soutien à Tymochenko et soutienne Ianoukovytch. MANAFORT chercha à saper le soutien des États-Unis à Tymochenko en diffusant aux États-Unis des récits affirmant qu’un membre prééminent du gouvernement [américain] (qui avait été un critique influent de la manière dont Tymochenko avait été traitée par Ianoukovytch) était un antisémite du fait que cet officiel soutenait Tymochenko qui, quant à elle, aurait conclu une alliance politique avec un parti ukrainien qui avait fait siennes des thèses antisémites. MANAFORT a coordonné en privé avec un haut fonctionnaire du gouvernement israélien la publication d’une déclaration écrite rendant publique cette version des faits. MANAFORT ayant eu connaissance de manière anticipée et à titre confidentiel de ce communiqué israélien, a alors entrepris de diffuser ce récit aux États-Unis, en écrivant à la personne D1 : « J’ai quelqu’un qui cherche à le faire passer au niveau du New York Post. Bada bing bing bada boum. » MANAFORT chercha à intimer au gouvernement [américain] que « la communauté juive reprochera cela à Obama le jour de l’élection présidentielle, s’il ne fait rien ». MANAFORT enjoignit ensuite à son lobbyiste américain de faire savoir au gouvernement [américain] que l’Ukraine s’était efforcée d’empêcher l’opposant présidentiel du gouvernement [américain] d’inclure des propos préjudiciables dans la déclaration israélienne, de manière à ne pas nuire au gouvernement [américain] et donc de faire que Ianoukovytch soit encore davantage dans les bonnes grâces du gouvernement [américain].
Ainsi donc – selon ce rapport – si vous voulez ternir la réputation de quelqu’un aux États-Unis, répandez la rumeur que cette personne est antisémite et trouvez une personnalité israélienne qui témoignera qu’il en est bien ainsi. Le budget de l’opération était de 4,6 millions de dollars (officiellement, de 12.000$, cf. p. 21), qui récompensèrent sans aucun doute toutes les personnes « de bonne volonté » qui y participèrent. (Je suis toujours épaté des quantités d’argent dont disposent à leur gré des personnes qui n’en ont nul besoin – on en tire la conclusion que les sommes soutirées aux gogos coulent à flot, et pourraient être utilisées à meilleur escient).
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