Le Monde / L’Écho, « La présidence hors norme de Donald Trump », le 10 septembre 2018

Le Monde : « La présidence hors norme de Donald Trump »

L’Écho : Trump, une politique qui vient de loin

Quels sont les ressorts de la politique économique et commerciale internationale de Donald Trump ? Il n’est pas exclu que les analystes se fourvoient quand ils explorent les sources habituelles car tout dans son cas est hautement inhabituel. 

Une citation : « Le monde entier se moque de la classe politique américaine alors que nous assurons la protection de navires qui ne sont pas les nôtres, transportant du pétrole dont nous n’avons aucun besoin, destiné à des alliés qui ne nous aideront jamais en retour. Il est temps de mettre fin à nos énormes déficits en forçant le Japon à régler la note, ainsi que les autres nations en ayant les moyens. »

Chacun aura reconnu là la politique étrangère de Donald Trump et ses implications économiques. Or cette proclamation date de plus de trente ans : elle apparaît dans une page payante publiée en date du 1er septembre 1987 par The Boston Globe, The Washington Post et The New York Times. Le texte était intitulé : « Il n’y a rien dans la politique erronée de défense américaine auquel on ne pourrait remédier par de la force de caractère ». Trump avait acquitté personnellement les 100.000 dollars qu’avait coûtés l’annonce qui paraissait sept semaines après son retour d’un voyage tous frais payés en Union soviétique. Le 24 juillet, quelques jours après son retour, le magazine spécialisé dans le renseignement Executive Intelligence Review écrivait : « Les Soviétiques, entend-on dire, envisagent désormais avec davantage de sympathie une candidature à la présidentielle de Donald Trump, promoteur new-yorkais ayant amassé une fortune grâce à la spéculation immobilière. »

Remontons davantage encore dans le temps : dans un entretien qu’il accordait au Washington Post le 15 novembre 1984, Trump expliquait avec une assurance surprenante pour un néophyte de 38 ans, qu’il aimerait négocier au nom des États-Unis un accord de limitation de l’armement nucléaire avec les Russes. Il affirmait avec panache : « Apprendre tout ce qu’il est utile de savoir à propos des missiles prendrait 90 minutes […] J’ai le sentiment d’en savoir déjà le plus gros de toute manière. »

La préhistoire n’est-elle pas souvent plus éclairante que l’histoire même ?

D’autres éléments d’explication de la politique économique internationale de Donald Trump, encore plus inattendus, ne sont pas à écarter pour autant.

Les mémoires d’une vedette de la télé-réalité semblent au premier abord une source d’information improbable, si ce n’est qu’Omarosa Manigault-Newman fut non seulement la complice de quinze ans de Trump dans le monde du spectacle mais aussi sa confidente et, de ce que l’on devine de son best-seller Unhinged (« sorti de ses gonds »), la personne qui comprend peut-être même mieux que ses épouses, ce qui fait courir le président américain. Voici ce qu’elle dit : « Si, contre toute vraisemblance [en 2011], Trump devenait président, le seul point sur sa liste de choses à faire serait d’éradiquer tout souvenir des politiques de Barack Obama, en défaisant tout ce qu’il a accompli. Je sais, cela paraît simpliste, cela semble stupide, cela apparaît malsain mais, selon moi, c’est là la réalité, et je disposais d’un poste d’observation tout à fait privilégié alors que ces événements se déroulaient. »

Ces différentes perspectives suffisent-elles à produire une image complète des facteurs déterminant la politique économique et commerciale de Donald Trump ? Un dernier élément, tiré lui aussi des observations d’Omarosa Manigault-Newman : « Un échantillon de ces conversations […] : « Hé ! Je vais rencontrer à propos de, tu sais quoi ? ce type, est un brave type. La Chine, les gens, écoute : la Chine est en train de nous avoir. Ces gars sont mauvais. Mais le mur, le mur… » [la muraille que Trump veut faire construire le long de la frontière mexicaine – aux frais des Mexicains]. Ç’aurait été ridicule de prendre des notes […] À l’époque, l’idée me mettait mal à l’aise de transmettre à la postérité les preuves documentées de sa déficience mentale, de son déclin. »

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