Qu’en est-il des « crypto-monnaies », dont la plus connue est le bitcoin ?
L’anglais dit couramment à leur propos, « crypto-currencies », c’est-à-dire « devises codées », tandis que les spécialistes préfèrent parler de « tradable tokens », de jetons commercialisables.
Pourquoi « jeton » plutôt que « monnaie » ? Parce que le bitcoin et ses cousins ne présentent pas toutes les caractéristiques d’une monnaie proprement dite.
Aristote disait d’une monnaie, que dans la catégorie de la quantité, elle est un instrument de compte, et que dans la catégorie de la qualité, quand elle est en acte, elle est un moyen d’échange, et quand elle est en puissance seulement, elle permet que ce moyen d’échange constitue des réserves.
Alors, le bitcoin ? Il s’agit bien d’un moyen d’échange, mais pour quelques rares biens seulement, le plus souvent illicites d’ailleurs : dans le trafic de drogue, d’armes, pour le versement de rançons. Permet-il de constituer des réserves ? Oui, mais c’est un moyen très peu fiable dans la mesure où son cours par rapport aux devises fluctue follement. Un instrument de compte ? À peine, et pour la même raison.
Autre trait des crypto-monnaies : à la différence des vraies, elles ne sont pas « adossées », comme s’exprime le jargon financier, c’est-à-dire garanties par un bien ayant lui véritablement un prix. On pouvait autrefois échanger ses billets de monnaie « fiduciaire », autrement dit fondée sur la confiance, contre des métaux précieux comme l’or ou l’argent. Aujourd’hui, une monnaie est garantie par la richesse d’un pays – ou d’une zone économique dans le cas de l’euro – mesurée par son Produit Intérieur Brut (PIB).
À quoi sont dues les fluctuations désordonnées des jetons commercialisables ? Au fait précisément qu’ils ne sont adossés à rien : ils ne reflètent pas une richesse constituant leur garantie en arrière-plan. Une étude récente a voulu vérifier du coup s’ils ne s’adossent pas « virtuellement » à une richesse tangible existante. La réponse est négative : le prix des pseudo-monnaies n’est corrélé ni avec des devises, ni avec des matières premières, les seuls facteurs déterminant leurs variations de prix sont la tendance et les effets de mode. La tendance : un acheteur achète quand les autres achètent, et vend quand les autres le font. Les effets de mode : la seule corrélation claire entre le prix d’un jeton commercialisable et une variable extérieure, c’est le nombre de recherches à son propos sur Google.
Et c’est ce qu’ont bien compris les spéculateurs professionnels de ces pseudo-monnaies qui se regroupent sur l’internet en coteries secrètes pour « actionner la pompe » à un moment précis : ils cordonnent leur achats pour faire grimper le prix, puis se retirent simultanément, laissant les gogos, les acheteurs non-informés, essuyer les pertes.
Rien de nouveau sous le soleil donc : on a toujours su dans les marges obscures de la finance comment plumer le pigeon ; dans des « pyramides » par exemple. Mais qui est ce pigeon ? Celui qui espère par exemple qu’il va pouvoir rouler le fisc : « Quand je me suis lancé, je me suis dit que c’était le moyen de faire un pied de nez à l’État », dit au New York Times un « investisseur » américain, ou bien celui qui a imaginé que les jetons commercialisables, comme la loterie, étaient le moyen inespéré pour les pauvres de devenir riches : « Je pensais que les crypto-monnaies seraient l’unique percée offerte dans une vie à des travailleurs ordinaires comme nous », déclare une enseignante coréenne vivant seule avec son enfant, et ruinée.
Sans compter même les escroqueries pures et simples : les firmes à qui vous confiez votre pécule, et qui s’évanouissent une fois le virement effectué, ou les nombreux piratages des comptes ouverts dans une pseudo-Bourse aux jetons commercialisables.
Car il est une autre caractéristique encore des pseudo-monnaies : leur bon fonctionnement n’est pas assuré par une organisation veillant à empêcher les fraudes et les abus ; cherchant à se cacher de la « pieuvre de l’État » elles en subissent les conséquences : ni police, ni tribunaux, ni prisons, pour prévenir les arnaques.
Alors « crypto-monnaies » ou « jetons commercialisables » ?
Aucun doute possible pour le bitcoin et les autres : du faux argent de Monopoly !
J’ai lu que son job sera de fermer le ministère de l’éducation ; et de renvoyer ces compétences aux niveaux…