Michael Cohen, avocat de Trump, plaide coupable – Retranscription

Retranscription de Michael Cohen, avocat de Trump, plaide coupable. Merci à Éric Muller et au Retranscripteur Masqué !

Bonjour, nous sommes le mercredi 22 août 2018 et hier, le 21, ont eu lieu deux événements qui auront un impact direct ou indirect sur la présidence de M. Donald Trump, et des événements qui peuvent avoir une importance (je dirais même) dans l’histoire des États-Unis.

La première chose qui s’est passée, c’est le verdict rendu dans le cas d’un procès intenté à M. Paul Manafort, qui a été chef de campagne présidentielle de M. Trump en 2016. Ce monsieur a été condamné sur 8 des 18 chefs d’accusation. Il ne s’agissait pas directement de faits ayant un rapport avec une collusion éventuelle avec la Russie sur laquelle enquête la commission spéciale du procureur spécial M. Robert Mueller. J’ai parlé de cet événement dans une autre vidéo faite ce matin, et je ne vais pas y revenir.

L’autre événement, que les Américains ont pu suivre hier, sur un écran fractionné (comme on dit en français) c’est à dire d’un côté le procès de M. Manafort et de l’autre le fait que M. Michael Cohen – avocat pendant très longtemps de M. Trump – s’est rendu à une cour à Manhattan – c’est la cour du Southern District de New York. M. Manafort se trouvait à un autre endroit – il se trouvait à Alexandria en Virginie, qui est en fait dans la grande banlieue de Washington. M. Cohen s’est rendu devant le tribunal pour marquer son accord au fait qu’il se déclarait coupable par rapport à huit chefs d’inculpation qui lui ont été cités.

Les présents ont noté qu’il est allé au-delà de ce qui était écrit dans le document, en incriminant de manière délibérée, en faisant référence au fait que, alors qu’il est question d’un « Individu 1 » dans l’inculpation, il a laissé entendre clairement que cet « Individu 1 » était M. Donald Trump, Président des États-Unis, et qu’il avait agi – alors que ce n’est pas écrit dans le document – qu’il avait agi sur les ordres du Président. Il s’agit des comptes, des articles sept et huit de l’inculpation. Les six premiers, ce sont des choses de l’ordre du, comment dire, de la fraude fiscale et de déclarations erronées vis-à-vis de banques, des choses de cet ordre-là. Sept et huit, ce sont des choses qui tombent sous la catégorie d’infraction au financement des campagnes électorales, et dans ce cas-ci, de la campagne électorale de M. Trump.

Alors, je suis un peu étonné que les journalistes que j’ai pu lire n’aient pas lu entièrement le document parce que le document, en fait, est très intéressant – c’est une trentaine de pages. J’ai tenu, de manière très consciencieuse [rires], j’ai tenu à les lire avant de vous informer de ce qui se trouvait là-dedans. Et en particulier, il y a une chose que je n’ai pas vu mentionnée, c’est qu’il y a une troisième dame. Vous connaissez déjà la présence de Mme Karen McDougal – qui a reçu 150.000 $, en principe pour raconter son histoire à un magazine qui s’appelle le National Enquirer, qui allait publier ses informations. Vous connaissez déjà les 130.000 $ qui ont été payés à Mme Stephanie Clifford, qui sous son nom d’actrice porno s’appelle Stormy Daniels. Mais il est question d’un autre contrat de 125.000 $ qui aurait conduit à la publication, là aussi dans le même magazine National Enquirer, et en plus, qui avait garantit la possibilité de publier jusqu’à 100 articles dans différentes publications liées à ce magazine. Et cela, cette transaction-là, n’a pas eu lieu : elle a été décommandée pour une raison qui n’est pas précisée. Mais donc, il y a une troisième femme, et il est possible que son nom soit mentionné un jour ou l’autre [autre possibilité : il s’agit peut-être d’une première tentative, infructueuse, de rétribuer Karen McDougal à un niveau inférieur (125K$) à celui qui lui sera effectivement versé (150K$)].

Beaucoup d’informations très intéressantes dans ce document, certaines qui ont été mentionnées par la presse, le fait que M. Cohen est susceptible de 65 ans de prison pour les choses dont il a accepté de dire qu’il était effectivement coupable, mais ça fait partie du contrat, de l’arrangement qui a eu lieu entre lui et le tribunal, et il est dit de manière très très claire, que la réduction qui sera de l’ordre de, je crois que sa peine de prison sera, si j’ai bon souvenir, si je me souviens bien, c’est entre 46 et 63 mois… [correct]- c’est donc une peine de prison de l’ordre de cinq ans -, que c’est parce qu’il évite des frais considérables à la justice en acceptant de plaider coupable, que la réduction de peine de 65 à 5 ans aura lieu, fera foi.

Alors, d’autres choses qui n’ont pas été mentionnées par la presse, c’est le fait qu’il devra, de toute manière, rembourser un million et demi de dollars – qui correspond aux sommes qu’il n’a pas versées au fisc – et que, en plus, il subira une amende, Il devra payer une amende dont le montant est situé dans un étrange – enfin pour moi en tout cas – un étrange éventail : c’est entre 20.000 $ et 1 million. Et il est précisé, dans un langage très juridique, qu’il ne pourra pas contester une amende [d’un montant] de moins de 1 million, et que le gouvernement – enfin, le ministère de la Justice – ne pourra pas contester une amende [si son montant est] de plus de 20 000 $. Donc voila : on s’est mis d’accord, dans un très large éventail, sur les sommes qui seraient payées, sur la peine de prison, et en échange de cela donc, M. Cohen se met d’accord d’éviter à la justice un procès, en se déclarant coupable.

Les commentateurs se sont interrogés sur le fait que il n’y a pas d’accord de coopération mentionné. M. Cohen ne s’engage pas à donner des informations supplémentaires, que celles qui sont mentionnées là, dans le document, ce qui apparait curieux dans un cadre comme celui-là. J’ai écouté pas mal de commentateurs qui essayaient d’interpréter ce fait qui apparaît curieux. L’interprétation la plus convaincante que j’ai entendue, c’est qu’il n’est pas certain que la chose n’aura pas lieu par la suite, mais que c’est probablement de manière à ne pas interférer pour le diffuser élections du 8 novembre que cette question est mise entre parenthèses. Parce que, par ailleurs, M. Lanny Davis, l’avocat de M. Michael Cohen, dans les interviews qu’il donne à la radio et à la télévision, précise que M. Cohen est prêt à donner d’autres informations si on les lui demande, et en particulier, qu’il répondrait très volontiers à M. Robert Mueller, à la tête de sa commission sur une collusion éventuelle de M. Trump et de son équipe avec la Russie. Sur deux points en particulier : c’est sur la connaissance que M. Trump aurait eu de la fameuse réunion, en juin 2016, où un certain nombre de personne – M. Paul Manafort dont j’ai parlé tout à l’heure, M. Jared Kushner, gendre du président, et M. Donald Trump Jr. – s’étaient réunies, ayant la promesse de la part des interlocuteurs russes qu’ils allaient avoir, que des informations dommageables pour Mme Hillary Clinton – rivale de M. Trump à l’élection – leur seraient données.

L’avocat de M. Cohen dit qu’il est prêt à donner des informations importantes à ce sujet là aussi, et autre chose encore, que M. Cohen est disposé à dire ce qu’il sait de la connaissance préalable par M. Trump des informations hackées, des informations piratée,s dans les comptes, dans les boîtes à lettres du comité Démocrate de la campagne électorale, sur la possibilité de M. Cohen de dire ce qu’il sait de la connaissance anticipée de la teneur de ces messages avant même qu’ils soient diffusés – vous le savez, c’est par le biais de Wikileaks. Une déclaration de ce type-là est un aveu en soi, bien entendu. L’information serait tout à fait considérable parce qu’il s’agirait à ce moment-là d’une information absolument – comment dire ? – irréfutable, non seulement d’une collision mais d’une conspiration. C’est-à-dire que, si ce que M. Lanny Davis dit est vrai, à ce moment-là, c’est effectivement que M. Trump était en contact directement avec les Russes pour diffuser de l’information dommageable à Mme Clinton.

Alors voilà, c’est une journée fertile en événements. On a appris beaucoup de choses. Il y a des informations très intéressantes dans ce document légal qui fait une trentaine de pages en petits caractères. J’ai apprécié le fait que, pour une fois, ma connaissance : d’avoir travaillé dans le milieu de la banque aux États-Unis m’a permis de comprendre certaines subtilités des opérations frauduleuses qui ont été faites par M. Cohen, en particulier à l’aide d’un HELOC. Un HELOC, c’est un Home Equity Line Of Credit [ligne de crédit gagée sur un logement]. Et la personne qui vous parle est très fière de pouvoir vous dire que j’ai participé – je n’ai même pas participé, je l’ai fait tout seul ! [rires] – à mettre au point un produit HELOC pour la banque Wells Fargo que vous connaissez sans doute, et que tous les petits enfants connaissent aussi, du fait de la diligence : c’est la banque des diligences de San Francisco.

Alors voilà, pour redevenir sérieux : des événements très importants aux États-Unis, hier. Je l’ai dit ce matin à propos de M. Manafort : c’est de l’information indirecte – il s’agissait essentiellement dans ce procès de faire pression sur lui pour qu’il révèle ce qu’il sait par la suite. Ce que je n’ai pas dit ce matin mais que je peux ajouter, c’est que quand M. Trump dit que, en fait, M. Manafort n’a travaillé que pour une très courte durée avec lui sur sa campagne – 39 jours, quelque chose de cet ordre-là – il met entre parenthèses le fait qu’il a travaillé avec M. Manafort bien avant. Il a demandé des services à M. Manafort dans la période antérieure ; il le connaissait déjà. Même si dans cette période relativement courte de la campagne électorale, M. Manafort travaillait d’ailleurs bénévolement – il ne demandait pas de rétribution pour les services qu’il rendait.

Donc informations importantes aux États-Unis, hier, directe dans le cas de M. Michael Cohen, indirecte dans le cas de M. Manafort, mais l’information la plus importante ce n’est peut-être même pas les versements qui ont été faits pour faire taire deux femmes durant la campagne électorale, et qui conduisent effectivement à des infractions sérieuses de la loi sur le financement des campagnes électorales – les compagnies peuvent mettre un maximum de 25.000 $, les individus un maximum de 2.700 $ – et là, les sommes je les ai citées : dans le cas de Mme McDougal, c’est 150.000 $ et dans le cas de Mme Stormy Daniels alias Stephanie Clifford, c’est 130.000 $ – ce sont des infractions sérieuses mais l’information peut-être principale de la journée d’hier, ce sont les déclarations de M. Lanny Davis, l’avocat de M. Michael Cohen, qui assure que son client est prêt à parler directement à la commission Mueller, et en suggérant que ce sont des informations absolument, à ce moment-là, damning – comment dit-on en français ? [« accablantes »] – véritablement condamnables et incriminantes à un degré supérieur si, effectivement, comme dit ce M. Lanny Davis, M. Trump était véritablement en contact direct avec les pirates russes qui allaient diffuser une information pour plomber la candidature de Mme Hillary Clinton.

Voilà. Je suis très prudent dans ce que je dis. Voilà : je lis les textes, j’emploie beaucoup de conditionnel, mais voilà hier une information considérable. Quand on se lèvera aux États-Unis, ce qui est en train de se faire, je suis sûr qu’on parlera encore beaucoup de cela dans la journée d’aujourd’hui et qu’il y aura peut-être encore des rebondissements puisqu’il y a là un certain nombre de personnes qui pourraient faire des commentaires supplémentaires.

De manière un peu inattendue, quand M. Trump, à chaud, hier, a été interrogé sur ces deux procès, il a dit seulement une chose : il a dit « M. Paul Manafort est un brave homme à qui on cherche des noises » – ce qui a été interprété par certains comme une promesse de pardon présidentiel – mais au moment où on lui pose une question « Et alors, l’acceptation de plaider coupable de Michael Cohen, qu’est-ce que vous en pensez ? », là, on le voit, il se retourne, il fait dos aux caméras et il disparaît de l’horizon.

Alors voilà, il se passera encore des choses, et peut-être même encore dans la journée d’aujourd’hui, mercredi 22 août 2018.

Je vous tiendrai, bien entendu, au courant. À bientôt.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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