J’avais suggéré dans ma vidéo du 15 août (Face à Trump, 3 autres populismes) que le ton goguenard adopté par les journalistes interrogeant Omarosa Manigault-Newman, vedette de la télé-réalité autrefois et plus récemment, communiquante à la Maison-Blanche, allait changer. Je ne me trompais pas, l’un déclare en effet : « Ceci est plus significatif que vous ne l’imaginiez ! », un autre affirme : « Rapport Steele (Trump s’est compromis lors d’un voyage en Russie), Trump Tower (le fils et le gendre ont rencontré des émissaires russes ayant promis des informations dommageables sur Hillary Clinton), affaire Stormy Daniels (130.000 $ pour faire taire la star du film porno quant à sa liaison avec Trump), tout ça ne pèse peut-être pas lourd devant les révélations, présentes et à venir, d’Omarosa Manigault-Newman ! »
L’ex-communiquante a diffusé hier l’enregistrement de la conversation où Lara Trump (épouse de Éric Trump, fils de Donald Trump) lui propose, dans le sillage de son limogeage, d’acheter son silence pour un montant mensuel de 15.000 $. La belle-fille de Trump a déclaré : « … toute ma famille se faisait du souci parce que nous n’avions pas la moindre idée pourquoi elle avait été révoquée ». À la surprise générale, la vedette de la télé-réalité avait accrédité cette version des faits : que le général Kelly, chef de cabinet de la Maison-Blanche, n’aurait pas immédiatement informé Trump d’une décision qui aurait été seulement la sienne. Elle avait observé que cela en disait long sur la maîtrise du président quant à ce qui se passe à la Maison-Blanche. La presse a unanimement lu dans cette remarque un sarcasme de plus de l’ancienne vedette de la télé-réalité, ignorant qu’elle avait laissé entendre, il y a plus d’une semaine déjà, que Kelly avait en fait une excellente raison d’agir dans l’urgence.
Omarosa Manigault-Newman avait en effet tenue informée Hope Hicks, à l’époque où celle-ci était encore directeur de la Communication à la Maison-Blanche, de sa quête d’une bande datant de l’époque où elle participait à l’émission The Apprentice, enregistrement où l’on entendait Trump utiliser librement le mot infamant « nigger » pour désigner des Afro-américains [cf. Face à Trump, 3 autres populismes]. Hicks lui aurait alors dit : « Il faut que j’entende cela moi-même ! », et continuait de s’informer des progrès de la quête d’Omarosa Manigault-Newman. Or, celle-ci affirme que son licenciement suivit de très près une confidence faite à Hicks qu’elle obtiendrait l’enregistrement sous peu. Elle précise cependant que Kelly ne mentionna pas cet enregistrement dans l’entretien où il lui annonça son licenciement.
Interrogée sur le fait que Trump a dit d’elle « ce chien » dans un tweet, Omarosa Manigault-Newman a commenté : « Il me semble que si c’est là la manière dont il parle publiquement, je vous laisse imaginer ce qu’il doit dire en privé ! Il n’a aucun respect ni pour les femmes, ni pour les Afro-américains […] Il est inapte à occuper son poste et à servir comme président des États-Unis ».
Appelée à commenter les mots « ce chien », Sarah Huckabee-Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche, a déclaré que l’expression n’avait aucun caractère raciste, et a ajouté à propos de Trump : « C’est dans ses habitudes de répondre au feu par le feu ».
[N. B. Si vous êtes familier de ma réflexion sur la réciprocité (dans le prolongement de celle de Dominique Temple) : réciprocité négative de la loi du talion, réciprocité positive de l’amour du prochain et non-réciprocité, vous n’ignorez pas que le mot « chien » attribué à un être humain est typique de cette dernière : le refus précisément de reconnaître à un être humain, ce statut.]
Quoi qu’il en soit de l’existence ou non de cet enregistrement, l’opinion de Trump sur un certain nombre de pays africains était déjà connue : « shithole countries » : pays de latrines, selon son expression, El Salvador et Haïti faisant également partie de cette liste d’infamie. Aussi quand Omarosa Manigault-Newman annonça à Trump que sa première tournée de communiquante à la Maison-Blanche la conduirait en Haïti, il lui avait écrit : « Pourquoi as-tu choisi ce pays de merde pour ton premier voyage à l’étranger ? », et d’ajouter : « Tu aurais dû […] aller en Écosse pour jouer au golf à Turnberry [un terrain lui appartenant] ».
Lorsqu’on demanda hier à Omarosa Manigault-Newman ce qui se passerait maintenant, elle déclara : « Je pense que vous devriez observer son comportement et comment il se décompose ; je n’ai pas peur ». Et elle ajouta : « Il y a derrière moi toute une congrégation qui prie pour moi [une allusion au fait qu’elle a obtenu le titre officiel de pasteur baptiste en 2011 ainsi qu’à son mariage en mai au pasteur John Allen Newman de la même église]. Et qui que cela puisse être qui se trouve dans le Bureau Ovale, Donald Trump devrait se souvenir que c’est Dieu qui siège sur le trône ».
Elle avait déclaré au moment de l’élection de Trump à la présidence, propos qui lui avaient d’ailleurs été vivement reprochés : « Chaque critique, chaque détracteur, devra s’incliner devant Trump Président : toute personne qui a jamais douté de Donald, qui a jamais marqué son désaccord avec lui, qui l’a jamais défié. Devenir l’homme le plus puissant de l’univers, c’est son ultime revanche ». Propos à relire à la lumière de son « He’s found his match ! », parlant d’elle-même avant-hier : « Il a trouvé adversaire à sa taille ! »
@Pascal (suite) Mon intérêt pour la renormalisation est venu de la lecture d’un début d’article d’Alain Connes*, où le « moi »…