Formation « LA CRISE DU CAPITALISME : QUELLE ANALYSE ET QUELLES PROPOSITIONS ? » à l’intention de syndicalistes

Voici le texte que j’ai rédigé pour la formation que j’assurerai à l’Institut Régional du travail Occitanie, à l’Université Toulouse Jean Jaurès, les 17 et 18 septembre prochain. Si vous connaissez d’autres syndicalistes que cela peut intéresser, signalez leur que je viendrai bien entendu volontiers également dans leur région.

Présentation de la session de formation

« LA CRISE DU CAPITALISME : QUELLE ANALYSE ET QUELLES PROPOSITIONS ? »

Face aux crises successives du capital, quelles réponses syndicales ? Cette formation vise à fournir aux syndicalistes exerçant des responsabilités des apports théoriques à croiser avec leurs expériences de terrain pour comprendre les possibilités de dépassement du capitalisme et la manière de les mettre en œuvre. La session des 17 et 18 septembre sera consacrée à la présentation / discussion des analyses de l’anthropologue et sociologue Paul JORION, professeur associé à l’Université catholique de Lille.

  • Le premier temps de la formation aura pour objet le fait que le capitalisme est un défaut que présentent certains systèmes économiques mais pas tous. Le capitalisme est généralement confondu avec l’économie de marché et le libéralisme du fait que notre système économique combine les 3, mais ils sont distincts. Le capital est une somme déplacée du lieu où elle se trouve vers le lieu où elle sert d’avances à l’économie réelle (production des biens et des services, leur distribution et leur consommation) ou à la spéculation, laquelle est source seulement de risque systémique, c’est-à-dire de risque d’effondrement du système financier et de l’économie. Les avances en capital sont rémunérées par une rente : les intérêts, coupons ou dividendes ; l’ensemble constituant une machine à concentrer la richesse. Les travailleurs et la nature ne peuvent être qualifiés de capital que par un jeu de mot cynique. L’économie de marché confie la production, la distribution et la consommation, à l’initiative spontanée et aux accords contractuels. Le libéralisme posait la question légitime de l’équilibre entre la puissance de l’État et la liberté des citoyens, l’ultralibéralisme vise lui à ne confier à l’État que la seule défense de la propriété privée.
  • L’objet du second temps de la formation sera l’examen du rapport de force comme seul fondement de nos sociétés. À l’encontre du discours de la « science » économique (simple porte-voix de la finance), pour qui l’économie repose prétendument sur l’interaction de forces indifférentes (semblables à celles qui règlent la mécanique céleste), la formation des prix et des taux d’intérêt repose seulement sur les rapports de force. Nos démocraties sont devenues de fait censitaires: elles sont des oligarchies où la défense de l’État-Providence dépend de la bonne volonté de quelques oligarques amis du peuple. Les règles comptables sont de fait notre véritable Constitution. Elles sont rédigées par l’IASB (International Accounting Standards Board), un organisme privé dont le siège est situé dans un paradis fiscal et dont les membres sont les représentants des plus grosses entreprises. Le salaire en tant que « coût pour l’entreprise », le court-termisme destructeur de l’environnement, l’indifférence au caractère renouvelable ou non des ressources, la privatisation des profits et la socialisation des pertes en cas de crise, tous ces mécanismes pervers sont mis en œuvre par les seules règles comptables, à l’écart de tout processus démocratique.
  • Le troisième temps de la formation s’intéressera à la crise du capitalisme due à ses contradictions et aggravée par la financiarisation de l’économie et l’hyper-concentration de la richesse. La crise du salariat est elle due à une disparition de l’emploi liée à sa numérisation et à la déqualification et à la précarisation du travail restant : les nouvelles entreprises ne créent que peu de postes, souvent très qualifiés (la transition vers le numérique requiert des formations longues et exigeantes). Les travailleurs sont poussés à la démission par des situations génératrices de burn-out (priorisation impossible de tâches futiles en nombre excessif). Le risque à terme d’une politique d’exterminisme d’une main-d’œuvre devenue inutile mais restée revendicative, ne peut être ignoré. Les remèdes seront examinés : inscription de l’État-providence dans la Constitution ; taxe-robot alimentant un fonds permettant d’étendre la gratuité à tout ce qui relève de l’indispensable (couverture maladie-invalidité, éducation, logement, alimentation et habillement de base, transports de proximité, connectivité) ; gratuité de l’indispensable constituant elle-même une étape vers un monde libéré car sans argent.
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