Billet invité.
Les pays européens continuent de traîner trois boulets sans savoir comment s’en débarrasser. Le nœud Gordien entre les bilans des banques et la dette publique, la masse des prêts non performants (NPL), et leur endettement.
Des solutions ont déjà été avancées pour chacun d’entre eux, sans succès. Les banques seraient incitées à se délester partiellement des titres souverains si ceux-ci n’étaient plus considérés comme sans risque, impliquant à ce titre un renforcement coûteux de leurs fonds propres.
Les NPL pourraient être titrisés, avec diverses formes de garantie des tranches les plus risquées. Et l’on pourrait en venir à des restructurations de dette – en priorité leur rééchelonnement – si un pays devait bénéficier d’un plan de sauvetage.
Mais le marché de la titrisation reste hanté par l’épisode des subprimes, et les investisseurs le boudent. D’autant que, le temps aidant, la qualité des NPL se détériore. Et la restructuration de la dette reposerait sur le rendement des banques qui bénéficient grâce à elle de fonds propres très peu onéreux.
Wolfgang Schäuble est parti pour rejoindre la présidence du Bundestag, mais ses épigones veillent au grain. Le clan qui s’est constitué autour de lui avec l’Autriche et la Finlande est conscient qu’il va falloir donner un peu de grain à moudre aux autorités françaises, raison de plus pour bétonner par ailleurs. L’ancien ministre des finances allemand avait échafaudé un « mécanisme de restructuration de la dette souveraine », qui est repris par son homologue néerlandais, Wopke Hoekstra, dans le cadre d’un plan plus étoffé.
Une annulation de la dette décidée au cas par cas ne devrait intervenir qu’en troisième instance, une fois le stock des NPL réduit et un accord intervenu pour assurer les dépôts bancaires à l’échelle européenne. Chacune de ces deux dernières mesures devant faire l’objet au préalable d’un compromis âprement négocié.
Le gouvernement français avait déjà réagi, en s’opposant vivement à l’automaticité de toute restructuration dans le cadre d’un plan de sauvetage afin de protéger ses banques d’une dévalorisation de leur stock de titres souverains. Le gouvernement italien également, car une telle mesure pourrait mettre à bas l’ensemble de son système bancaire, imposant à chaud sa consolidation par son rachat.
La belle construction du ministre néerlandais verra-t-elle le jour ? Il n’est pas interdit de penser que le côté repoussoir d’une restructuration de la dette, comme c’est le cas flagrant en Italie, servirait les intentions de ceux qui veulent en venir à leur fin, le respect des obligations de réduction de déficit et d’endettement !
Dans l’immédiat, une première mesure est avancée à Berlin. Tout nouveau plan de sauvetage comporterait un rééchelonnement de trois ans des maturités des titres déjà émis par le pays en bénéficiant. L’idée serait que les fonds de celui-ci ne seraient pas utilisés pour financer le coût du service de la dette. Censé n’expédier que les affaires courantes, le gouvernement allemand n’en avance pas moins ses pions. Ils ont pour nom Jens Weidmann, qui concourt pour la présidence de la BCE, Klaus Regling, installé à la tête du MES, Werner Hoyer, qui dirige la banque d’investissement (BIE) et Elke König, à la tête du Conseil de résolution unique qui est en charge de la faillite ordonnée des banques. Un joli carton.
1er mars, lancement de décodages
Ma chronique va entamer une nouvelle vie. À partir du mois prochain, vous la trouverez tous les jours à l’adresse décodages
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