Billet invité.
Luis de Guindos, ministre des finances de Mariano Rajoy et ancien collaborateur de Goldman Sachs, va être le premier à occuper un des nombreux sièges européens prochainement vacants, la vice-présidence de la BCE. Le petit monde européen bruisse déjà de rumeurs sur les nominations qui vont suivre, faites d’équilibres géopolitiques savants. Les deux gros morceaux sont les présidences de la BCE et de la Commission.
Les élections européennes de mai 2019 s’approchant, les stratèges planchent sur la recomposition d’un Parlement européen enkysté dans ses routines. Emmanuel Macron réussira-t-il au niveau européen l’opération qui l’a mené au pouvoir en y bouleversant des jeux d’alliance assagis ? Là aussi, il va devoir rabaisser ses ambitions.
Mais au profit de quelle politique tous ces jeux largement dérisoires mèneront-ils ? Pierre Moscovici, qui cherche où placer les siennes, voit ouverte « une fenêtre d’opportunité » qui se fermera avec ces élections. Elle va en réalité être plus restreinte, dépendant pour s’ouvrir de la formation d’un gouvernement allemand en mesure de prendre des décisions, et pour être refermée d’un Conseil européen qui ne sera probablement pas celui de juin prochain.
Le Commissaire européen pour une fois parle vrai en réduisant ce qui est attendu par Emmanuel Macron à peu de chose : « j’ai toujours été pour un vrai budget de la zone euro avec un vrai montant », mais « nous savons que nous ne l’aurons pas ». Ce sera le « point de départ d’un futur budget d’investissement ».
Les discussions financières s’annoncent en effet tendues, mais ce sera à propos du remplacement de la « cotisation » britannique, estimée à 16 milliards d’euros annuels nets. Avec comme choix d’augmenter celle des pays restants ou de réduire les crédits communautaires (ou les deux panachés). La politique agricole commune et les fonds de soutien n’ont qu’à bien se tenir.
« On n’aura pas tout, on n’aura pas un accord parfait mais s’il y avait des progrès sur la gestion de crise, la capacité à lutter contre les chocs, à investir davantage et la démocratie (…) on aura marqué un pas en avant très important », a-t-il également souligné. Omettant de signaler que la constitution d’un FMI européen se fait sur la ligne allemande, que le budget d’investissement va être une mauvaise plaisanterie (25 milliards d’euros sur sept ans, propose Jean-Claude Juncker), et que le processus enclenché des nominations n’augure pas spécialement d’un renforcement de la démocratie au niveau européen.
Un sondage publié par Bild donne opportunément le SPD dépassé par l’AfD d’extrême-droite, donnant aux partisans de la Grande coalition leur meilleur argument. L’opposition interne au SPD rétorque qu’en cas d’échec du référendum, la CDU/CDS ne choisira pas cette solution et préférera un gouvernement minoritaire.
En Italie, la Confindustria – l’équivalent du Medef – se déclare contre personne mais « pour l’Italie » dans la confusion politique ambiante. Mais elle ne perd pas le Nord, sa région d’élection, en réclamant un plan d’investissement de 250 milliards d’euros sur 5 ans. Où les trouver ?
Distribuer du pouvoir d’achat et réduire l’endettement pour dégager ensuite des capacités d’investissement dûment sélectionnées restent la clé. Faute de remboursement, de mutualisation ou de restructuration, toutes les issues sont dans ce domaine bouchées.
1er mars, lancement de Décodages
Ma chronique va entamer une nouvelle vie. À partir du mois prochain, vous la trouverez tous les jours à l’adresse décodages
@Vincent Rey bonjour, ne vous êtes vous jamais posé la question comment en présence d’une IA et dorénavant une IAG…