Le transhumanisme – Le 2 janvier 2018 – Retranscription

Retranscription de Le transhumanisme – Le 2 janvier 2018. Merci à Cyril Touboulic !

Bonjour, nous sommes le mardi 2 janvier 2018 et aujourd’hui je vais vous dire quelques mots sur le transhumanisme.

Il y a quelques semaines, l’Académie royale de Belgique m’a demandé, pour sa Lettre des académies, quelle était mon opinion sur ce mouvement. Et le mot qui m’est venu immédiatement, bien entendu, c’est ce mot « mouvement ». Mais je me suis aussitôt posé la question de savoir : « S’agit-il d’un mouvement auquel on se joint, parce qu’on se fait membre d’une organisation dont on devient le militant ? » ou « S’agit-il d’un mouvement qui nous emporterait peut-être tous, quelle que soit notre opinion sur les idées défendues par ce mouvement transhumaniste ? »

Qu’il s’agisse d’un mouvement, c’est certain. Il y a des organisations dans différents pays qui se réclament du transhumanisme, dont on peut se faire membre – TechnoProg, par exemple, en France. Il y a un certain nombre de gens qui sont les phares, les luminaires de ce mouvement. On pense tout de suite à des noms comme M. Ray Kurzweil, qui dirige la recherche dans la compagnie Alphabet, plus connue sous le nom d’une de ses filiales : Google. Il y a M. Nick Bostrom, qui est un philosophe et qui s’occupe, à l’université d’Oxford, d’un mouvement pour le futur de l’humanité. Il y a M. Elon Musk, qui est connu pour avoir inventé les voitures Tesla, mais il est aussi le président d’une association qui s’appelle Neuralink, qui vise à établir des connexions entre des machines et les êtres humains, au niveau des neurones. C’est aussi le président de la compagnie qui s’appelle SpaceX, et qui est une compagnie d’ordre privé qui s’est assignée comme but la conquête des étoiles. Donc, il s’agit certainement d’un mouvement. M. Kurzweil, dont je viens de mentionner le nom, c’est un monsieur qui a associé son nom à l’idée de la « singularité », c’est-à-dire le fait que la machine va bientôt nous dépasser et prendre des décisions à notre place, et dont nous ne comprendrons pas exactement la teneur. Par ailleurs, ce mouvement est connu surtout, je dirais, du grand public pour son engouement pour l’idée de l’immortalité personnelle : le fait que l’on pourrait faire reculer la vieillesse, que l’on pourrait opérer la réjuvénation et que nous pourrions tous vivre sinon éternellement, du moins 1000 ans.

Alors, ça, c’est une première réflexion. C’est, effectivement, il s’agit d’un mouvement. Si vous voulez devenir membre d’une association transhumaniste, en devenir le militant, la possibilité vous est offerte.

Mais, par ailleurs, notre espèce est prise dans un grand mouvement. Il y a une double course qui est engagée : il y a une course à essayer de sauver la planète comme un environnement qui nous permet d’y vivre. Et nous rendons, par nos activités, cette possibilité de plus en plus difficile. Il n’est pas impossible que, comme dans le film Interstellar (2014), l’environnement devienne à ce point, comment dire, hostile à nos activités, parce que nous avons détraqué le climat, parce que la mer va monter, parce que nous pouvons éventuellement déclencher des épidémies, dont nous serions nous-mêmes l’origine. Il y a beaucoup de sources possibles de notre disparition, de l’extinction du genre humain. Et, par ailleurs, cette technique nous permet de lutter contre cela. Par exemple, en nous adaptant à un univers, à un environnement de plus en plus dégradé.

Beaucoup de choses que le transhumanisme prône, contribuent à la conquête de l’espace, à la colonisation d’autres planètes dans notre système stellaire : le système solaire, ou bien dans d’autres systèmes stellaires loin de nous. Et, donc, il est possible que nous rendions notre environnement absolument invivable pour nous-mêmes, qu’il faille que nous nous exilions et que nous allions conquérir d’autres mondes qui nous seraient moins défavorables, parce qu’il seraient encore vierges par rapport à une espèce envahissante et colonisatrice comme la nôtre. Et, là, si on réfléchit aux choses que le transhumanisme réclame, on se rend compte qu’il réclame beaucoup de choses qui nous permettront soit de survivre sur la planète, mais dans un environnement dégradé, soit de produire nos descendants purs et simples, qui seraient les robots, soit d’aller s’établir sur d’autres planètes. Si on veut aller sur des exoplanètes, dans les systèmes stellaires éloignés, il faut envisager de très, très longs voyages où non seulement nous trouverions une solution aux rayons cosmiques, qui sinon nous détruisent (ils produisent des cancers chez nous), mais surtout il faut que nous puissions vivre très longtemps.

Alors, le transhumanisme propose un grand nombre de ces choses-là, qui seraient nécessaires pour soit notre survie sur la planète dans un environnement dégradé, soit pour la colonisation des étoiles. Et si on réfléchit aux gens qui mettent de l’argent dans des projets dont les transhumanistes sont les apôtres, les croisés, il y a la NASA (National Aeronautics and Space Administration), qui s’occupe tout particulièrement, depuis pas mal de temps, de l’exploration d’autres mondes. Il y a la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), c’est le département de recherche de l’armée américaine, qui met énormément d’argent pour des projets de type transhumaniste. Et puis, il y a les grandes firmes : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, si l’on pense simplement, je dirais, à l’univers américain. Mais, il y a l’équivalent du côté chinois avec l’Armée rouge à la tête des opérations. Là aussi, le militaire du côté chinois.

Alors, « mouvement qui nous emporte » ou « mouvement auquel nous adhérons » ? Eh bien, je vais conclure en disant : « Les deux, mon capitaine. Les deux ! » Ce sont les deux : le transhumanisme, c’est un mouvement auquel on peut se joindre, mais même si vous ne vous y joignez pas, il est en train d’avoir lieu et c’est, peut-être, une réponse simplement au sort de notre espèce, de l’espèce humaine qui endommage de manière peut-être irréversible son environnement, mais qui est aussi conquérante et qui envisage peut-être d’aller s’établir ailleurs dans l’univers.

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