Billet invité.
Il fuse rarement des pensées audacieuses de la Conférence annuelle du marché boursier d’Euronext, cette occasion un peu compassée pour la place de Paris de se réunir. Il y a heureusement été fait exception cette année.
Le sujet de la dette mondiale est venu sur le tapis, que Stéphane Boujnah – directeur général et président du directoire d’Euronext – a qualifié « de principal risque qui est devant nous ». Question constat, la directrice de la division des politiques et stratégies de la Banque européenne d’investissement (BEI), une ancienne de la Banque de France et de Goldman Sachs, Natacha Valla, en a rajouté : « Nous avons atteint des niveaux d’endettement quasiment sans précédent dans l’histoire ». Enfin, Thierry Breton, le PDG d’Atos, a lancé le montant de 226.000 milliards de dollars de dette publique et privée, s’inquiétant des conséquences de la hausse prévisible des taux sur le marché obligataire.
Question solution, Yves Perrier, le directeur général d’Amundi, a cru devoir se référer à « une course de vitesse entre d’une part la croissance économique et d’autre part la dette », s’en tenant ainsi à l’idée que la première permettrait de résorber la seconde. Il remarquait que le montant de la dette publique et privée confondues avait augmenté autant entre les années 80 et la crise de 2007, que depuis celle-ci à nos jours, en tirant comme conclusion que la dette a été dans les deux périodes le moteur de la croissance, sans plus d’enseignement pour l’avenir. C’est fou un tel manque de curiosité !
Ne s’embarrassent pas non plus des raisons de l’accroissement de l’endettement, Stéphane Boujnah a posé la question qui fait mal, après avoir insisté sur l’inéluctabilité d’un « ajustement » de la dette : « est-ce qu’on le fait nous-mêmes, via une organisation qui délibère souverainement de cet ajustement, ou est-ce qu’il nous sera imposé par la remontée des taux ? » Ajustement, le mot est bien trouvé pour ne pas parler de réduction.
Il était tard, les esprits étaient fatigués, et les invités à la conférence d’Euronext en sont restés là ! On ne saura pas cette année comment un tel sacrifice pourra être organisé et qui en seront les victimes. On ne saura pas non plus comment on ne recommencera pas par la suite à s’endetter comme avant…
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