Billet invité. Ouvert aux commentaires.
C’est à un bien funeste rappel que nous convie la manifestation organisée à Paris ce lundi 22 janvier 2018 par l’Association Oxfam, dans le but de nous alerter sur la montée en puissance et l’accélération des inégalités dans le monde depuis un an.
En effet, interpellant record, le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire avec l’éclosion d’un nouveau milliardaire tous les deux jours : 82% des richesses créées dans le monde pour la même période ont bénéficié aux 1% les plus riches, alors que la situation est restée inchangée pour les 50% les plus pauvres, les personnes peinant à survivre avec de 2 à 10 dollars par jour, dont l’indigence extrême pourrait être supprimée par le boom incroyable de cette richesse créée de 762 milliards de dollars en 12 mois.
En synthèse de ce consternant rapport, les 1% les plus riches se sont accaparé plus de deux fois davantage de croissance que les pauvres depuis 1980 et notre économie sert les intérêts de ces demi-dieux.
Aux Etats-Unis, les bilans établissent le même constat, comme l’avait déjà mentionné Paul Jorion dans son livre « La crise du capitalisme américain » : pour les 1% de la population privilégiée, sa part est passée de 30,30 % de la richesse globale en 1989 à 35,5% en 2017. Corrélativement, sur la même période, la part de cette manne pour la moitié la plus pauvre de la population est passée de 2,8% à 1,1%.
Au-delà de ces chiffres parlants mais sans doute insuffisamment quant à la représentation de la misère et de la folie qu’ils recouvrent, force est de constater que rien n’a changé depuis la crise financière de 2007-2008, sinon en pire.
Les flots d’argent se déversant sur les « élus » aboutissent dans le vide de la surconsommation inutile, ostentatoire autant qu’indécente (si la loi est respectée, l’éthique elle est bien malmenée), dans un climat où beaucoup ont de plus en plus de mal à survivre, quand ils n’alimentent pas les chemins de la spéculation, frein et obstacle à l’économie réelle.
D’où vient notre sentiment d’impuissance?
S’il vient de notre solitude, nous pouvons toujours réaffirmer notre force du groupe et notre identité collective.
S’il vient de notre écrasement face aux institutions, nous pouvons toujours les remettre en cause, d’autres avant nous l’ont bien fait, et souvent avec succès.
S’il vient du plus profond de nous-mêmes, sachons que nous serons bientôt aussi les victimes de ce que nous hésitons à combattre, mais il sera peut-être trop tard, réduits que nous serons à notre « misère financière impuissante ».
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