IL EN FAUT DU TALENT AU SEIN DE LA ZONE EURO… par François Leclerc

Billet invité.

Ce n’est pas fini ! Assistons-nous en Allemagne à l’adhésion massive de jeunes au SPD, sur le mode qui avait permis à Jeremy Corbin de l’emporter au sein du Labour en 2015, qui pourrait donner une majorité opposée à la Grande coalition lors de la consultation finale des adhérents du SPD ?

Selon Die Welt, un flux prenant de l’ampleur de jeunes adhérents au SPD est enregistré, dans le cadre d’une campagne orchestrée par les Jusos (jeunesses socialistes) et leur leader Kevin Kühnert qui a été en pointe dans l’opposition à Martin Schulz.

Les dirigeants du parti font le pari que les membres de la base seront plus favorables à la Grande coalition que les activistes qui viennent de s’exprimer lors de son congrès extraordinaire, qui se sont révélés minoritaires. Mais ce n’est pas garanti, tout allant dépendre de la poursuite des négociations, car la motion adoptée donne à ce sujet aux négociateurs un mandat de grande fermeté. Et le SPD a demandé un délai d’une semaine avant de les reprendre, afin de se consacrer au débat interne à ce propos. Le pré-accord de 28 pages est en effet précis sur certains points et très vague sur d’autres, qui restent à éclaircir. Mais la marge de manœuvre d’Angela Merkel est limitée par son aile conservatrice qui a déjà déclaré qu’il n’est pas question de revenir sur ce qui a déjà été acté. Dans l’immédiat, il reste à faire circuler le bruit que des mesures allant dans le sens du SPD auraient fait l’objet d’un accord secret et seraient divulguées au dernier moment…

Un sondage d’opinion illustre par ailleurs le climat dans lequel les tractations vont se poursuivre. 32% des Allemands se déclarent très peu satisfaits de la décision du SPD de poursuivre les négociations et 19,2% peu satisfaits, soit 51,2% au total. Parmi les sondés, la tranche 18-29 ans s’est exprimée à hauteur de 65,5% contre la Grande coalition, de manière bien supérieure aux moins de 65 ans. Ce qui donne du sens à la campagne de recrutement des Jusos.

Dans l’immédiat, une chose est certaine : il faut remonter bien loin pour que l’installation d’un gouvernement prenne autant de temps en Allemagne.

Les manœuvres se poursuivent en Italie, les élections législatives se tenant le 4 mars prochain. Matteo Renzi est décrit comme en perte de vitesse au sein de son propre parti, le Parti démocrate, et Silvio Berlusconi l’homme qui remonte dans le pays. Inéligible, il tire néanmoins les ficelles. Sa visite à Bruxelles est destinée à donner la garantie qu’il respectera la limite des 3% de déficit, après avoir tenu des propos anti-euro qu’il veut faire oublier. C’est aussi le cas du Mouvement des 5 étoiles, qui montre également patte blanche à ce propos et abandonne son projet de référendum sur l’euro.

Les conditions sont réunies pour qu’il ne sorte rien d’autre de ces élections que la poursuite d’une confusion politique bien entretenue.

C’est également le cas en Espagne, dans un tout autre genre, où le bras de fer entre Mariano Rajoy et Carles Puigdemont se poursuit, le gouvernement minoritaire continuant à fonctionner sans pouvoir faire adopter son budget. L’élection du président catalan doit intervenir la semaine prochaine et ce dernier est le candidat de la majorité indépendantiste. Mais comment être élu sans pouvoir faire acte de présence au risque fort probable d’être arrêté ?

Aux dernières nouvelles, les autorités de Madrid craignent son retour clandestin à Barcelone pour se faire élire. Comment faire évoluer l’autonomie des régions si l’une d’entre elles reste sous tutelle de Madrid ? Combien de temps le PSOE va-t-il pouvoir continuer à s’abstenir pour ne pas faire tomber le gouvernement minoritaire du Parti populaire ? Que peut-on attendre de nouvelles élections qui se tiendront alors ?

On ne parle plus de la Grèce, et pourtant ! Une avant dernière tranche de l’aide financière européenne va être versée en février, l’euro working group (un organisme de l’Eurogroupe) ayant confirmé que les conditions étaient remplies. Le versement de la dernière tranche devrait ensuite intervenir en mars prochain. Puis il est prévu que le gouvernement disposera d’un coussin de 18 milliards d’euros, dont la moitié en obligations levées sur le marché, le complément pourrait consister en une ligne de crédit destinée à faciliter la transition. L’heure de vérité va sonner, et la BCE va devoir y contribuer.

La Commission et le FMI vont toutefois retrouver leurs divergences d’appréciations sur la soutenabilité de la dette grecque et leurs projections de croissance du pays divergentes, le gouvernement français proposant pour les dépasser de lier l’allégement de la dette à la croissance effective. Mais il est toujours hors de question de procéder à sa réduction.

Les autorités européennes ne sont pas prêtes à se déjuger. Et quand cela les arrangeraient, elles sont bloquées. Dans l’attente du résultat des négociations allemandes, elles ont donc entamé l’un de leurs jeux favoris, la chasse aux postes à pourvoir. La BCE s’y prête particulièrement, où de nombreux gouverneurs vont être atteints par la fin de leur mandat.

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