Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Oubliant un moment l’aspect financier du sujet, je considère que le travail devrait avoir deux objectifs : celui, moral, d’apporter une contribution à la communauté et celui de réaliser une ambition personnelle. Quand le politique ne lui donne comme seul horizon que de contribuer au plein emploi, il méconnait sa mission sociale.
Tout au long de sa vie chacun parcourt un labyrinthe professionnel. Dès le départ certains jeunes ont choisi une carrière précise et une formation longue comme la médecine, sans doute inspirées par leur famille. D’autres malheureusement n’auront jamais aucune aspiration professionnelle et c’est alors le rôle considérable de proches, parents et enseignants de motiver et d’encadrer. Mais certains pourront ou devront se réorienter soit parce que le choix initial ne leur convient plus, soit parce que mondialisation ou mécanisation ont fait disparaître leur emploi, les obligeant à une reconversion.
Paradoxalement cette fragmentation de carrière pourrait être une réponse à la pénibilité de certaines tâches. Si le début du parcours s’avère ardu, des solutions raisonnables devraient permettre d’en alléger le poids et en même temps valoriser l’expérience accumulée en proposant un poste supérieur.
Est-ce alors un objectif raisonnable que d’arrêter un plan de carrière rigide dès la scolarité alors que l’étudiant ne connaît rien du contexte qu’il va rencontrer dans son cursus : savoir accepter une ambiance de travail, composer avec d’autres intervenants (dirigeant, collègues ou syndicat), subir les contraintes d’une activité indépendante, s’adapter à la demande du moment, se réorienter en fonction des découvertes, tirer profit de ses expériences et de la spécialisation accumulés tout au long de son parcours.
Dans beaucoup de métiers la formation scolaire ne peut être que relative. Elle est indispensable pour inculquer les connaissances de base, elle doit surtout apprendre à apprendre. Si on considère les technologies innovantes, l’école est bien incapable de former puisque celles-ci sont trop pointues que pour être enseignées ou elles évoluent de telle manière qu’au moment d’entrer sur le marché, l’enseignement que le candidat aura reçu est déjà dépassé. L’entreprise qui recrute pour mettre en œuvre un procédé innovant est souvent la seule à connaître ses formules d’où la technique ne peut être enseignée que par elle-même.
Ce rôle pédagogique devrait être l’orgueil de toute entreprise qui veut motiver ses collaborateurs. Or on constate souvent la frilosité de firmes qui préfèrent trouver un employé déjà formé ailleurs. Le seul critère que le recruteur devrait appliquer dans son choix serait la probabilité de réussite du candidat dans une fonction qu’il pourra dominer à terme. Le rôle d’organismes comme Pôle Emploi ou Forem consiste alors à déceler dans la population des requérants ceux qui présentent ce profil précis. C’est ce qu’ont compris les sociétés d’intérim beaucoup plus proches de l’entreprise et qui assurent elles-mêmes une sélection.
Pour mettre en concordance ces éléments avec le marché de l’emploi un organisme devrait assurer la construction d’une base de données suffisamment détaillée où employeur et employé rassembleraient leurs particularités et leurs souhaits. La rencontre des offres et des demandes serait alors facilitée par un processus automatisé au lieu des procédures inquisitrices actuelles qui traumatisent les chômeurs. On pourrait de plus élaborer des fonctions d’intelligence artificielle qui assortiraient les profils correspondants. Il faut pour cela que les entreprises et les organismes d’orientation jouent le jeu.
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