Si le travail disparaissait, par Jean-Marie Ghiot

 Billet invité. Ouvert aux commentaires.

Il faut revenir encore et encore sur la valeur du travail. On en a fait un mythe, une sorte de dieu économique et soudain on s’aperçoit qu’il change de visage. La conséquence de cette mutation est mal maitrisée et des prophètes tentent tant bien que mal d’imaginer ce que seront les recettes du futur.

Traditionnellement le travail évoque la notion de mérite alors qu’aujourd’hui une grande partie des activités contribue à la destruction de la planète. Mais c’est surtout l’économie politique qui s’inquiète alors que toute stratégie reste encore tournée vers la croissance et la production. Si le travail disparaît il faut imaginer autre chose. Ce billet n’a pas pour vocation de préconiser une société inactive mais d’imaginer une situation extrême, d’en appréhender les conséquences et de pouvoir naviguer.

Dans l’économie d’aujourd’hui il apparaît que le travail couvre deux fonctions à travers sa rémunération – assurer le revenu d’existence du travailleur, le soustraire de l’assistanat et donc de la charge de l’état, – constituer une assiette de prélèvement fiscal pour couvrir les dépenses publiques. Subsidiairement, on pourrait considérer que le travail constitue le moteur de croissance principal mais c’est ne pas tenir compte de la mécanisation et du rôle ambigu du capitalisme qui joue le rôle décisif.

Vu moralement, quelle différence y a-t-il entre prester et recevoir un salaire versus ne rien faire et recevoir une allocation ? Qu’apporte à la société telle ou telle activité. Il vaudrait mieux, par exemple, que le cigarettier reste inactif, il serait moins nuisible. Par contre le bénévole du Samu a un apport plus que positif et devrait être mieux gratifié. Quelle conclusion tirer du fait que des entreprises licencient et performent mieux ensuite. Tous ces cas ont mis en jeu le vocable « travail », la différence est que l’un plus que l’autre évoque le concept d’utilité. Il faut passer de la notion de travail à celle de travail utile.

Economiquement, c’est plus sensible car la société a fait du travail le paradigme suprême et dans notre construction, on en vient alors à se poser la question de savoir ce qui pourrait remplacer ce facteur pour obtenir le même résultat dans le domaine économique.

Sous l’aspect de la contribution aux ressources financières de l’état, considérons les fonctions actuelles. Au niveau de l’impôt direct, si le revenu du travail est remplacé par une allocation, le revenu d’existence est assuré, mais qu’en est-il de la base de prélèvement IPP. Une première réponse est que l’allocation elle-même est une base taxable et si l’on sort un moment de notre hypothèse puriste en considérant que les citoyens perçoivent d’autres revenus l’effet régulateur joue pleinement et contribue à l’équilibre social.

Si le bénéficiaire de bas revenus reçoit annuellement 5000€, l’IPP est nul, il recevra 5000€ en net
Si le bénéficiaire de hauts revenus reçoit annuellement 5000€, l’IPP est de 50%, il recevra 2500€ en net

En ce qui concerne l’impôt indirect, une hypothèse pourrait consister à reporter la charge directe éventuellement non couverte sur une augmentation de la TVA, mais cette action risque de faire fuir les consommateurs vers d’autres pays. Par contre l’injection d’une allocation généralisée devrait augmenter le volume de la consommation globale. En effet l’apport d’un revenu supplémentaire stable profitera principalement aux bas revenus, ce qui, selon la théorie de Keynes, augmente la propension à consommer et son effet multiplicateur. Il élargit donc l’assiette de la TVA.

Une prudence à observer lors de l’injection d’une quantité de monnaie parmi la population concerne le risque d’inflation. Néanmoins si cette injection est calibrée correctement elle devrait correspondre à une consommation équivalente attendue de sorte que soit respectée l’équation d’Irving Fisher.

Dans l’hypothèse d’une économie où l’emploi disparaît, une autre inquiétude viendra du déficit de la balance commerciale puisque la production diminue et que le pays importe plus de biens qu’il en exporte. Mais nombre de pays ont basé leur économie sur autre chose qu’une production matérielle. Le Luxembourg qui a perdu son fleuron industriel de l’acier a aujourd’hui un PIB florissant.

En conclusion, il parait possible d’invoquer un autre dieu que le travail pour aborder l’économie de demain. J

Partager :

34 réponses à “Si le travail disparaissait, par Jean-Marie Ghiot”

  1. Avatar de CloClo
    CloClo

    « Le Luxembourg qui a perdu son fleuron industriel de l’acier a aujourd’hui un PIB florissant. »

    Evidemment, le Luxembourg…

    Moi même avant je faisais un boulot à la noix dans le réel, genre emballer des trucs dans des cartons, maintenant je fais des vidéos YOUTUBE ayant des dizaines millions de vus, je ne crée/fais strictement rien du tout de réel, juste quelques minutes virtuelles (petit format 5 mn, sinon tu perds le chaland), j’en tire autant de revenus. Sera-t-on un jour tous blogueurs ou youtubeurs ? ! That is the very big question !

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      « Une prudence à observer lors de l’injection d’une quantité de monnaie parmi la population concerne le risque d’inflation. Néanmoins si cette injection est calibrée correctement elle devrait correspondre à une consommation équivalente attendue de sorte que soit respectée l’équation d’Irving Fisher. »

      Pourquoi quand je lis ce genre de prose, d’une platitude absolue et d’une convenance morbide, je me dis que j’ai perdu mon temps ?

      Allo, y a un être humain au commande ? Non suis con, depuis PJ la conscience vient après. Mais chez certains, malgré les années, malgré tout ce qui s’étale sous leurs yeux, ben ça pointe pas, y a rien, EEG définitivement plat.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Le principal c’est de ne pas se faire Youtuber.

    3. Avatar de siecle
      siecle

      le lopin de terre et les patates , la seule issue le jour où tout ces grands systèmes théoriques s’écroulent devant la réalité , après si vous savez distraire et étonner votre prochain sur YouTube pourquoi pas

  2. Avatar de Tout me hérisse
    Tout me hérisse

    Supposons le travail disparu, et dans le même temps, l’instauration d’un revenu minimal pour chacun, ne va-t-on pas connaître les déboires des populations autochtones d’Australie, du Canada, du Brésil, etc.., confrontées à l’alcoolisme ?
    Le travail n’apporte pas seulement un revenu mais également un statut au sein de la Société, pourrons-nous nous adapter à l’oisiveté?

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Moi je m’y adapterai très vite, parole de scout !

    2. Avatar de Didier
      Didier

      Ce n’est sûrement pas, mais alors sûrement pas, la privation d’un travail salarié qui a conduit « les populations autochtones d’Australie, du Canada, du Brésil, etc. » à l’alcoolisme.

      Quant au « statut au sein de la société », il est très clair pour l’immense majorité d’entre nous: prolétaire, même si la matière grise a remplacé le muscle la plupart du temps.

      Prolétaire, c’est-à-dire le plus bas échelon de l’échelle sociale, l’éternel cocu pas même capable de vivre de ses rentes ou de l’exploitation d’autrui.

      1. Avatar de Tout me hérisse
        Tout me hérisse

        @Didier
        Mon commentaire concernant les populations autochtones était plutôt succinct, ce n’est évidemment pas la privation de travail qui les ont amenés à cette déchéance, mais bien l’irruption d’une ‘civilisation’ totalement étrangère à leur mode de vie de ‘chasseurs cueilleurs’.
        Cette nouvelle ‘civilisation’ les a totalement marginalisés – et c’est un terme gentil pour désigner plutôt un processus de destruction génocidaire -, et plus récemment, en Australie et Canada, les autorités ont alloué des allocations qui étaient censées les aider à vivre dignement dans les petits territoires qui leur avaient été concédés, mais malheureusement, la perte de leur mode de vie ancestral les a fait sombré dans ces travers d’alcoolisme et de consommation de drogues.
        Pour ce qui nous concerne, le mode de vie actuel s’est élaboré sur une période relativement longue et, comme l’écrit Hervey, « Sommes nous prêt à inventer les bases d’une nouvelle civilisation » ?

    3. Avatar de octobre
      octobre

      Pour votre vous ça va être difficile.

    4. Avatar de G L
      G L

      « pourrons-nous nous adapter à l’oisiveté? »

      En plus d’éviter les horaires plus ou moins déments et en plus de se reposer quand on est fatigué (ce qu’on ne peut pas faire puisqu’on a pas le temps), il y a plein de choses qu’on pourrait faire beaucoup mieux (impossible pour le moment, ça coûterait trop cher) ou qu’on ne fait pas du tout (impossible pour le moment, l’argent nécessaire ñ’est pas disponible.)

      Dans le détail on voit facilement ce qu’on pourrait faire même si globalement ça semble être totalement utopique.

      1. Avatar de Armelle
        Armelle

        Il y a quelques années, j’ai reçu un jeune anglais. Il passait l’équivalent de son bac. Il avait un livret de cinq actions à réaliser qui donnaient des points supplémentaires, rapport écrit à l’appui.
        Je me souviens de trois d’entre elles. Il fallait se débrouiller tout seul, dans un endroit désert. Ce jeune avait été en Ecosse avec sa tente. Il fallait être capable de s’intégrer dans une famille étrangère. Il devait aussi élaborer un projet pour plusieurs personnes. Là il avait choisi d’organiser un voyage au Portugal entre copains avec activités dont une activité bénévole en association. Je ne me souviens plus des deux autres actions.
        J’avais écrit, pour évaluer son voyage en famille à l’étranger, un document selon des critères précis et imposés.
        Il faudrait un livret avec plein d’actions qui compteraient coefficient 6 au moins !
        Je me souviens qu’il avait appris un dialecte dans le cadre de sa vie privée et que ça comptait aussi pour l’examen. Là il y a de l’idée je trouve.

      2. Avatar de Dup
        Dup

        Sans compter qu’il reste pas mal de pyramides à construire 🙂

  3. Avatar de Hervey

    Brigandage, razzias, expéditions punitives, guerres… nos ancêtres ont toujours voulu se divertir de la chasse, de la cueillette ou la pénible agriculture. L’esprit d’aventure pourra toujours prendre ces chemins belliqueux. Le commerce pacifique et ses lois ont bien tenté d’infléchir cette fougue dévastatrice et ces coups de sang mais le capitalisme illustre bien cet impénitent trublion et ce magma bouillonnant au coeur du genre humain.
    Sommes nous prêt à inventer les bases d’une nouvelle civilisation ?

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Ah bah je crois qu’on fait ça depuis au moins 10 ans (putain DIX ANS !) sur le blog de PJ tout au moins…

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Le capitalisme un magma bouillonnant au cœur du genre humain ? C’est une blague ou quoi ? On doit pas habiter le même monde.

      1. Avatar de Hervey

        Je ne sais pas où se situe la méprise. CloClo lit dans ces propos une renversante banalité et Octobre une absurdité.
        Mettez-vous d’accord, on en reparle ensuite.

      2. Avatar de CloClo
        CloClo

        Quant à moi je répondais juste à cela :

        « Sommes nous prêt à inventer les bases d’une nouvelle civilisation ? »

        Dix ans ! Quand je pense qu’Alexandre, le disciple d’Aristote, lui, a conquis et bâtit son empire gigantesque en moins de temps à dos de cheval et à la force du poignée. Qu’est ce qu’il a entendu chez son Maître que nous n’avons pas compris ?

  4. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Le travail ne disparaîtra pas, mais de nombreuses activités professionnelles et métiers se transforment. Ce qui est inquiétant c’est sont les robots. Il y a en Allemagne 4 fois plus de robots industriels qu’aux Etats-Unis, cela se résume à 8 robots sur mille salariés – et ce n’est que le début. La questions es pose: que faire des « surplus humans ». On parle du revenu universel, mais j’ai pu discuter, en Finlande, avec des béneficiers de cette formule; les avis sont partagés. Il y a en effet le risque que les gens seront définivement écartés de la société active, du style « t’as ton revenu universel et tais toi ». Cela ne leur apporte pas un job valorisant ou qui soit en adéquation avec leur qualification. Je pense que la tendance de fond – division de la société en « Lumpenproletariat » moderne et gagneurs de la mondialisation/nouvelles technologies – se poursuivra.

    1. Avatar de jicé
      jicé

      Bonjour Germanicus

      Comme ancien prof je suis spontanément comme en enquête ethnographique dans mon nouveau gagne-pain (en gros : les métiers du bâtiment). Je confirme votre analyse. La réalité ici (très) bas est très étrangère à une supposée fin du travail (la bonne question serait pluôt : quel travail dsparait? Quel type de travail est substituable par l’informatisation = en gros celui des cols blancs, voués à prolétarisation prochaine). Je constate plutôt la progression inouïe de la forme inhumaine du travail, le retour de la tâche, du journalier, de la nécessité de se vendre sous l’effet d’une concurrence que rien ne régule sinon sur le papier et avec le sommeil assez complice d’une administration de toute façon étique.

      Nb : grosse colère d’un vieux copain ancien du PS tombé sous le charme du macronisme, qui manage aujourd’hui des salaires de 100/120 mille euros brut par an. Réclame des « libertés » bien sûr (un cierge à Sainte Pénicaud, génufléxions et psaumes!), ne comprend pas le besoin de « protection » de la caissière, du smicard etc etc. N’imagine même pas les gueules cassées vivant dans des garages que je croise tous les jours.

      Nb : « libertés », « protections » = langage de l’ennemi, langage à détruire.

      1. Avatar de torpedo
        torpedo

        Mais Oui, Jicé
        Et l’on peut imaginer facilement comment deviera plus encore le rôle de la machine, devenant (bien-sûr, seulement pour son propriétaire) un bon moyen de faire du profit en les limitant aux mêmes tâches simples et stéréotypées, et en abandonnant à l’homme (sorte de « sous machine » puisque la machine sera plus rentable!) les tâches particulières, les plus rudes, les plus risquées ou les plus dégradantes…
        Pourquoi exposer un précieux capital machine qui rapporte , à des dégradations pour des interventions dans des conditions sortant des standards de leur conception, alors qu’il existera une main d’oeuvre humaine imparfaite et peu qualifiée pour la basse besogne?
        A chacun de choisir mais uniquement selon ses moyens:
        Maître ou esclave…

  5. Avatar de adoque
    adoque

    « Si le travail disparaissait »

    En première réaction je me demande pourquoi « Si… ssait ? »…cela parait tellement en cours…
    Mais finalement ce sera(it) sans doute une excellente nouvelle, vu de ma porte, dans la mesure où mon travail est « inutile » voire « nuisible »…
    En observant le nombre de ces activités fébriles, inutiles et donc nuisibles, je « calcule » que leurs disparitions feraient sûrement un grand bien à la société…
    Je n’ai absolument aucune crainte de m’ennuyer 😉

  6. Avatar de Charles
    Charles

    La seule solution, c’est d’en finir avec le capitalisme, et répartir le temps de travail comme les richesses.
    Voir cette video Le salaire à vie, par Bernard Friot
    https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/271217/le-salaire-vie-video-conference-bernard-friot/commentaires

  7. Avatar de Emmanuel

    Extension de la gratuité, impôt négatif, revenu universel, salaire à vie, taxe sur les robots, socialisation (d’une partie) des dividendes des entreprises numériques, etc… : à l’évidence, la boîte à outil existe pour sortir de l’impasse actuelle….à condition de pouvoir renverser le rapport de force actuel entre Capital et Travail….(et c’est pas la tendance….!).

  8. Avatar de pascal
    pascal

    La notion de travail restant ambiguë, ne serait-il pas plus précis de parler « d’activité rémunérée » ?
    Se pose alors la problématique de l’activité, de la rémunération et de la relation entre les deux, d’abord.
    Celle-ci s’inscrit ensuite dans une problématique plus large incluant la gestion du droit d’usage (des biens et services résultant de l’activité).

    Dans le capitalisme, la monnaie est l’instrument privilégié de gestion de cette problématique globale.
    La monnaie (et le bilan comptable associé) sert à valider l’activité rémunérée.
    Le bénévolat (par exemple) est validé par d’autres procédés culturels et sociaux … mais reste soumis à certains impératifs monétaires résiduels.

    Dans le capitalisme, la gestion du droit d’usage (habiter, utiliser, consommer … bientôt respirer) est juridiquement confiée à la monnaie.

    Dans le capitalisme, la relation entre participation à l’activité et accès au droit d’usage est idéologiquement surtout soutenue par un principe archaïque, issu de traditions religieuses, « tout travail mérite salaire ».
    D’autres principes, plus fins, sont possibles.

    Pour en revenir à la disparition du travail, comme activité rémunérée, observons d’abord que la tendance n’est pas uniforme à l’échelle mondiale.
    Dans certains pays, l’activité rémunérée est en hausse.
    Dans les pays en phase de déclassement au tableau de l’économie mondiale (comme la France), le laxisme politique se plait à faire croire à son électorat qu’il s’agit d’une fatalité structurelle conjoncturelle.
    Ceci tend à créer une spirale de décroissance de l’activité (qui a des aspects écologiques non négligeables … ce qui invite certains à voir dans la transition écologique une nouvelle source d’activité, pour répondre au dogme bien ancré de la croissance).

    Mais à une échelle historique sortant de cette conjoncture, la relation entre activité et droit d’usage serait-elle vouée à disparaître sur le long terme ?
    Cela dépendra de l’évolution des diverses activités et du temps consacré à chacune, de l’évolution idéologique et culturelle (le slogan « tout travail mérite salaire » serait éventuellement revisité pour une déontologie de l’activité plus philosophique), la validation de l’activité pourra trouver (grâce au numérique entre autres) des procédés de gestion moins rudimentaires et plus citoyens que l’archaïsme monétaire, le droit d’usage pourra lui aussi voir le développement d’outils (aussi via le numérique) de gestion moins grossiers que la monnaie (comme c’est déjà le cas), etc.

    Le travail, activité rémunérée en monnaie (donnant accès au droit d’usage), semble bien se trouver à un tournant idéologique et technique de son histoire.
    Ce qui tarde, c’est surtout le développement de procédés de gestion et l’encadrement culturel de cette évolution.
    L’archaïsme monétaire marque encore fortement les esprits, même dans les tentatives d’innovation (monnaie fondante, monnaie, locale, monnaie numérique … cela témoigne encore d’un certain formatage culturel).

    On verra … mais l’inertie socioculturelle monétaire est gigantesque en Occident.
    La Chine s’encombre moins de ces archaïsmes capitalistes et développe son activité, selon d’autres principes plus complexes, pour gravir lentement les échelons de l’économie mondiale.

  9. Avatar de Armelle
    Armelle

    Le risque évidemment est l’option marshmallow devant l’écran. L’éducation ne cesse d’invoquer l’autonomie mais il faut reconnaître que créer sa propre vie… collectivement… n’est pas véritablement recherché.

  10. Avatar de Eninel
    Eninel

    Comme me le dis souvent l’un de mes excellents camarades, travailleur, il faut arrêter les âneries, avec cette histoire de disparition programmée du travail .

    La réalité économique et sociale de ce monde marchand est et reste l’exploitation capitaliste du travail. Quelle bêtise, quelle indécence, de polariser son attention sur telle ou telle unité automatisée, alors même que les conditions d’existences du prolétariat au quatre coin du monde sont proches, sinon pires que celles qui existaient dans le Londres de Marx.

    Marx, une fois de plus, lui qui affirmait que la plus value était la source de tout capital, que le mode de production capitaliste consistait à ne pas payer l’intégralité de la valeur du travail fourni par l’ouvrier, donc de le voler, et à travers ce vol institutionnel, constituer des fortunes personnelles, le Capital.

    Permettez moi d’insister sur ce point théorique, mais si je le fais c’est parce qu’il est essentiel pour essayer de comprendre notre époque.

    Premièrement le capital en soi ne fait pas de petits, A-A’ c’est un jeu où les capitalistes se volent entres eux. Il faut passer par l’exploitation du travail A-M-A’ pour qu’il se développe.

    Deuxièmement, les machines ne créent aucune richesse supplémentaire, elles ne créent aucune plus value, aucun capital. Si une machine a un rendement de telle valeur et qu’elle est vendue comme telle, son prix sera équivalent pour son acquéreur.

    La machine permet de produire plus vite et mieux que le concurrent moins bien outillé, de remporter le marché et vendre ses marchandises, certes, mais la machine à la différence du prolétaire ne se fait pas exploiter, sinon on ne pourrait pas l’appeler IA, on l’appellerait « ia » comme « imbécile » ou « abruti ».

    La machine est brillante, la machine est intelligente, elle rend strictement à son propriétaire le service pour lequel elle a été acheté. Vous achetez une machine 100, vous n’en tirerez jamais plus que 100.

    Consécutif à cela, si d’une certaine manière des hommes devaient s’inquiéter de la marche du monde et de cette perspective d’automatisation de la production, de la fin du travail, donc de la fin de l’exploitation et du vol, ce n’est pas nous mais les capitalistes.

    Le développement du génie humain marque – matériellement- la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, la fin du capitalisme. Le prolétariat n’a pas peur de la machine, à partir du moment qu’il la retire des mains de son ennemi de classe.

    Ce n’est que dans un autre type de production, un mode de production socialiste, s’étant émancipé de la loi de la valeur, que l’inventivité humaine et les machines apporteront bonheur et prospérité à l’humanité. C’est a cette perspective qu’il faut apporter toute notre attention, non pas à la chimère de la fin de l’exploitation dans un système d’exploitation, le travail.

    Immédiatement, si le prolétariat est menacé d’un gigantesque chômage de masse, les machines sont menacés elles, de finir bien vite à la casse. pourquoi ? Parce qu’elles commettent le crime terrible et inexcusable, d’avoir un trop gros potentiel de travail, de produire l’abondance, dans ce monde qui ne peux se passer de la rareté pour survivre, lui et son taux de profit.

    Continuez de rêvasser sur votre revenu universel, il vous sera versé en son temps, avec quelques morceaux de carottes faméliques dans une soupe claire.

    On ne peut pas annoncer une crise financière terrible, et faire comme si cette crise n’allait avoir aucun effet dramatique.

    La crise venue, et elle vient, une soupe populaire vous sera « offerte » par des associations caritatives, religieuses, sponsorisées par le capital. Vous aurez alors tout loisir à penser universalisme et gratuité dans votre oisiveté forcée.

    La crise venue, le capital décidera unilatéralement, sans même vous consulter, d’arrêter de produire des marchandises, avec ou sans machines, fautes de clients solvables.

    Vos grandes anticipations sur votre société fiction de robots et de gratuité feront rire méchant, le pauvre bougre, j’en serait sans doute un, qui devra faire beaucoup d’efforts, fournir beaucoup de travail, pour simplement obtenir une maigre pitance.

    Les décroissants seront aux anges: les machines seront à l’Arrêt et les fumées d’usines un vieux souvenir. Ils seront bien les seuls !

    Le prolétariat, la classe sociale la plus nombreuse dans le monde, pourra lui, en vouloir beaucoup à tous ces intellectuelles, qui auront vu venir le drame, et qui n’auront même pas été foutu de se rassembler, ouvrir une perspective crédible aux masses dans le but de sortir de l’enfer capitaliste.

    Cette perspective c’est le socialisme. Nous serions maintenant très très intelligents, très très responsables, à nous mettre à discuter sérieusement de cette perspective sur notre blog, avec l’excellent mais rêveur Paul Jorion.

    On peut toujours rêver, l’enfer Satan l’habite !

  11. Avatar de xavier37
    xavier37

    D’une part, le travail généré par les besoins que le système a jugé bon de financer est détruit par le système économique lui même afin d’augmenter le revenu de l’argent injectée.
    D’autre part, des besoins vitaux (tels que: efficacité énergétique, soins aux populations agées, infrastructures de transport en commun, adaptations aux risques à venir, éradication de la misère, éducation citoyenne, etc…) ne sont pas financés et ne génèrent donc pas de travail.
    Qui décide de l’allocation des ressources? C’est peut être une autre bonne question…

  12. Avatar de jicé
    jicé

    Bonjour Mr Ghiot

    Des désaccords. Cette lecture devrait vous intéresser :

    http://www.culturemobile.net/visions/bernard-stiegler-emploi-est-mort-vive-travail

  13. Avatar de adoque
    adoque

    Voilà qui va donner du travail, de la croissance, de la consommation et épuiser un peu plus les ressources:
    « On » nous fait prendre conscience, avec un temps de retard (trêve des confiseurs) d’une réalité hardware qui risque d’être « exploitée »:
    faille générée par souci d’optimisation… optimisation effective qui peut se trouver gâchée et plus encore par actions malveillantes. Comme d’hab. quoi !
    Pourtant, le progrès, l’évolution positive a bien besoin de se nourrir des fuites entre différents processus, justement en limitant les frontières, les cloisonnements, les exclusions.

    Les fondeurs de microprocesseurs vont devoir revoir leur copie avec, en arrière-plan, une panique qu’il faudra savamment entretenir au juste niveau et/mais qui pourrait accélérer l’effondrement…
    Un tendon d’Achille inattendu ?

    Et si, tout simplement, on éradiquait les actions malveillantes? avec un douzième vaccin ?

  14. Avatar de Fougnard
    Fougnard

    Des milliards de gens sans travail destinés à être payés sans rien faire ?! Ça va exploser et c’est tant mieux !S’il faut ça pour se débarrasser du système débile dans lequel on vit, pourquoi pas ?
    Certains pensent aux ressources de l’état et à l’inflation; Foutaises ! Ce sera un monde à la Mad Max ou alors un monde véritablement humain, mais je crains que l’on ait la première solution.

  15. Avatar de Jacquot
    Jacquot

    Au sujet de la « fin du travail », l’OIT fournit les données suivantes pour le nombre d’emplois dans le monde :
    2000 – 2,61 milliards
    2007 – 2,96 milliards
    2011 – 3,07 milliards
    2016 – 3,25 milliards
    2017 – 3,29 milliards
    [Voir page 40 http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_541211.pdf
    & page 144 http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_202326.pdf ]

    En pourcentage de la population mondiale, cela donne la série suivante :
    2000 – 42,7%
    2007 – 44,3%
    2011 – 43,8%
    2016 – 43,7%
    2017 – 43,6%
    [Après croisement avec https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.TOTL ]

    Dans l’idéal, il faudrait certes comparer non avec la population mondiale totale, mais avec la population en âge de travailler, disons les 15-64 ans.

    Reste que la « fin du travail » ne se voit guère dans les chiffres.

    A noter qu’à vivre dans un pays développé comme la plupart si ce n’est la totalité d’entre nous, on peut avoir l’impression que beaucoup d’emplois disparaissent. Mais il ne s’agit en fait pas d’une disparition : ces emplois sont simplement déplacés dans d’autres pays où les conditions de production (salaires, normes environnementales, etc.) sont plus favorables aux entreprises.

    A l’échelle de l’humanité, la « disparition du travail » n’est tout simplement pas un sujet d’actualité. La seule conclusion possible est qu’il s’agit d’un SCÉNARIO concernant l’avenir, non d’un processus qui aurait déjà commencé.

    1. Avatar de Hervey

      Il serait intéressant de croiser ces chiffres avec le nombre de robots créés (année par année) corrélé au chiffre d’affaires qu’ils génèrent et cibler qui encaisse, à qui profitent ces richesses crées.
      Parallèlement il conviendrait de pouvoir faire un état des stocks restants des biens matériels (non renouvelables) régulièrement utilisés et ainsi prévoir le clap de fin par épuisement. La puissance informatique pourrait très certainement en sortir des réponses chiffrées.

      1. Avatar de torpedo
        torpedo

        @ Hervey
        « La puissance informatique pourrait très certainement en sortir des réponses chiffrées ».

        La question est de savoir si la « puissance informatique » est encore assujettie à la « raison humaine » et donc si elle peut avoir un intérêt quelconque à divulguer de telles réponses.
        Et si comme on peut l’espérer, cette puissance obéit encore à des humains (ce dont je doute personnellement), ces derniers sont ils en mesure de se poser de telles question avec l’ouverture d’esprit suffisante pour admettre le plus déstabilisant des scénarii:
        Qu’ils soient déjà eux-même, assujettis à ces machines…
        A plus, Eric.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta