Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Il faut revenir encore et encore sur la valeur du travail. On en a fait un mythe, une sorte de dieu économique et soudain on s’aperçoit qu’il change de visage. La conséquence de cette mutation est mal maitrisée et des prophètes tentent tant bien que mal d’imaginer ce que seront les recettes du futur.
Traditionnellement le travail évoque la notion de mérite alors qu’aujourd’hui une grande partie des activités contribue à la destruction de la planète. Mais c’est surtout l’économie politique qui s’inquiète alors que toute stratégie reste encore tournée vers la croissance et la production. Si le travail disparaît il faut imaginer autre chose. Ce billet n’a pas pour vocation de préconiser une société inactive mais d’imaginer une situation extrême, d’en appréhender les conséquences et de pouvoir naviguer.
Dans l’économie d’aujourd’hui il apparaît que le travail couvre deux fonctions à travers sa rémunération – assurer le revenu d’existence du travailleur, le soustraire de l’assistanat et donc de la charge de l’état, – constituer une assiette de prélèvement fiscal pour couvrir les dépenses publiques. Subsidiairement, on pourrait considérer que le travail constitue le moteur de croissance principal mais c’est ne pas tenir compte de la mécanisation et du rôle ambigu du capitalisme qui joue le rôle décisif.
Vu moralement, quelle différence y a-t-il entre prester et recevoir un salaire versus ne rien faire et recevoir une allocation ? Qu’apporte à la société telle ou telle activité. Il vaudrait mieux, par exemple, que le cigarettier reste inactif, il serait moins nuisible. Par contre le bénévole du Samu a un apport plus que positif et devrait être mieux gratifié. Quelle conclusion tirer du fait que des entreprises licencient et performent mieux ensuite. Tous ces cas ont mis en jeu le vocable « travail », la différence est que l’un plus que l’autre évoque le concept d’utilité. Il faut passer de la notion de travail à celle de travail utile.
Economiquement, c’est plus sensible car la société a fait du travail le paradigme suprême et dans notre construction, on en vient alors à se poser la question de savoir ce qui pourrait remplacer ce facteur pour obtenir le même résultat dans le domaine économique.
Sous l’aspect de la contribution aux ressources financières de l’état, considérons les fonctions actuelles. Au niveau de l’impôt direct, si le revenu du travail est remplacé par une allocation, le revenu d’existence est assuré, mais qu’en est-il de la base de prélèvement IPP. Une première réponse est que l’allocation elle-même est une base taxable et si l’on sort un moment de notre hypothèse puriste en considérant que les citoyens perçoivent d’autres revenus l’effet régulateur joue pleinement et contribue à l’équilibre social.
Si le bénéficiaire de bas revenus reçoit annuellement 5000€, l’IPP est nul, il recevra 5000€ en net
Si le bénéficiaire de hauts revenus reçoit annuellement 5000€, l’IPP est de 50%, il recevra 2500€ en net
En ce qui concerne l’impôt indirect, une hypothèse pourrait consister à reporter la charge directe éventuellement non couverte sur une augmentation de la TVA, mais cette action risque de faire fuir les consommateurs vers d’autres pays. Par contre l’injection d’une allocation généralisée devrait augmenter le volume de la consommation globale. En effet l’apport d’un revenu supplémentaire stable profitera principalement aux bas revenus, ce qui, selon la théorie de Keynes, augmente la propension à consommer et son effet multiplicateur. Il élargit donc l’assiette de la TVA.
Une prudence à observer lors de l’injection d’une quantité de monnaie parmi la population concerne le risque d’inflation. Néanmoins si cette injection est calibrée correctement elle devrait correspondre à une consommation équivalente attendue de sorte que soit respectée l’équation d’Irving Fisher.
Dans l’hypothèse d’une économie où l’emploi disparaît, une autre inquiétude viendra du déficit de la balance commerciale puisque la production diminue et que le pays importe plus de biens qu’il en exporte. Mais nombre de pays ont basé leur économie sur autre chose qu’une production matérielle. Le Luxembourg qui a perdu son fleuron industriel de l’acier a aujourd’hui un PIB florissant.
En conclusion, il parait possible d’invoquer un autre dieu que le travail pour aborder l’économie de demain. J
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