Billet invité.
L’équation catalane reste sans solution, Mariano Rajoy a perdu son pari. En dépit de leurs erreurs, de l’exil de l’un de leurs dirigeants et de l’incarcération de trois autres, les indépendantistes restent majoritaires au Parlement catalan, à condition toutefois de renouveler leur coalition.
La participation a atteint presque 82%, contre 75% aux élections précédentes, et n’a favorisé aucun des deux camps, même si la percée de Ciudadanos – au détriment d’un Parti populaire laminé – témoigne de l’importance du courant opposé à l’indépendance. Additionnée à l’intransigeance de Mariano Rajoy, la suite des événements est loin d’être toute tracée. La Catalogne va continuer d’empoisonner la vie politique espagnole, rendant la position de Mariano Rajoy encore plus précaire.
« L’État espagnol a été vaincu », a proclamé depuis Bruxelles Carles Puigdemont, mais l’investiture d’un nouveau chef de gouvernement risque d’être un long processus chaotique, pouvant aboutir à de nouvelles élections si elle n’intervient pas d’ici à la fin mars. Et il faudra bien lever la tutelle de Madrid lorsqu’elle interviendra. Quitte à ce que celle-ci soit réinstaurée si la majorité parlementaire dépasse les bornes fixées par Mariano Rajoy.
La situation porte en elle, à minima, une reconfiguration des relations entre les régions et Madrid, une redéfinition des modalités de leur autonomie, ainsi que l’exigence de la fin de la monarchie. Mais comment y parvenir ? Ces revendications qui exacerbent les divisions de l’Espagne ne datent pas d’hier, le processus de la transition ayant cherché à les dépasser sans les faire disparaitre. Aujourd’hui, elles ressurgissent.
L’équation catalane renvoie à celle de l’Espagne, tout autant sans solution, et cela ne va pas pouvoir être ignoré. Si Podemos a échoué dans sa tentative de débordement du PSOE, Ciudadanos a pris une sérieuse option en visant un Parti populaire gangrené par la corruption. Il en ressort pour l’instant un paysage politique éclaté, le produit d’un processus n’étant pas parvenu à son terme.
Les recompositions en cours illustrent combien les anciennes équipes ont fait leur temps, usées par une crise chronique dont elles n’ont pas les clés. Mais les nouvelles équipes ne parviennent pas à accéder au pouvoir, et c’est parti pour durer ainsi. À l’image de la crise financière qui rode, irrésolue, dont la dimension politique n’est somme toute que le reflet.
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