Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Sociétés à la dérive, capitalisme outrancier, éloges irresponsables de la croissance… La planète a entamé depuis longtemps une dérive institutionnalisée qui, inexorablement, causera sa perte. Cela fait en effet près d’un demi-siècle déjà, soit à la sortie du rapport de Donella et Dennis Meadows (« Halte à la Croissance »), que la sonnette d’alarme a retenti pour la première fois. Mais depuis, qu’avons-nous fait, sinon ignorer ces avertissements ? Quarante-cinq ans ont passé et nos sociétés occidentales continuent de se gargariser de notions ultralibérales, nous poussant à produire et consommer davantage, et ce dans le contexte du déclin accéléré d’un monde du travail qui, à échéance, sera pour 90% dominé par nos propres créations robotiques. Pourtant, on le sait, notre terre nourricière ne pourra continuer encore longtemps à assouvir nos besoins agricoles et énergétiques. Dans un monde fini, l’on ne peut que se contenter de ce qu’il produit. Or, la corne d’abondance est tarie ! Le jeu aura duré un peu moins de deux siècles depuis l’avènement de la révolution industrielle. Et sur l’écran, nous lirons bientôt « Game Over » !
Notre priorité, entendez par là la première en ordre d’importance, est pourtant inscrite dans nos gènes, puisqu’il y va simplement de la survie de notre espèce. Aussi, quand bien même l’humain ne manquerait à personne, si ce n’est évidemment à lui-même (cherchez l’erreur !), l’on se serait attendu à ce qu’il se débatte au moins un peu avant de se noyer. Or, c’est tout le contraire qui se passe, ce dernier préférant accepter de couler comme une pierre pourvu qu’on le laisse encore un peu se nourrir de pouvoir et du confort garanti (croit-il du moins) par nos sociétés occidentales.
Dame Nature ne transigera pourtant jamais ; elle n’a que trop donné. Pas plus qu’elle ne nous accordera d’ultimatum pour accorder nos violons et en finir avec nos querelles intestines autour de la hauteur du plafond de nos émissions de gaz à effets de serre ou de la manière dont les nations se partageront la note de leurs « concessions ». C’en est fini. Le moment est venu de se dire au revoir !
Reporté sur l’échelle de l’histoire humaine, l’homme vit, selon moi, ses dernières secondes. Bien sûr, quelques poches de bipèdes pourraient bien subsister ci et là, mais nos civilisations, telles que nous les concevons aujourd’hui, auront, elles, totalement disparu. La question n’est donc pas de savoir s’il y aura ou non crash du vol 747 pour Nowhere, mais plutôt de savoir combien il fera de victimes. On peut bien sûr nier cette évidence – c’est d’ailleurs bien ce que la majorité d’entre nous faisons, non ? –, mais ce serait une nouvelle preuve de notre cécité intellectuelle et de notre mépris pour ces générations à venir, à qui nous léguerons un monde plus proche de celui de Mad Max que de celui de Dorothy au pays d’Oz.
Peut-être aussi, comme le clame Paul Jorion, la machine aura-t-elle entretemps supplanté l’homme dans la hiérarchie de la dominance terrestre, mais ce ne serait de toute façon que purement factuel. Que l’on meure maître ou esclave, la fin de l’histoire sera la même. Sapiens n’aura alors été qu’un animal de passage, une distraction de plus pour l’évolution qui, devant la perte d’un environnement rendu inhabitable par l’homme, nous aura tout simplement exclu de l’équation biologique. C’est un fait : la Terre ne se soucie pas plus de l’homme que l’univers ne se soucie d’elle. Depuis mère Lucy, nous n’aurons alors navigué que peu de temps avant de redevenir les poussières d’étoiles de Reeves.
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