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Qu’espère un chercheur en fin de carrière ? Il espère que ses idées soient aisément accessibles à un grand nombre de personnes.
J’ai récemment eu (il y a un mois) la satisfaction que la première condition soit remplie sous la forme d’un excellent résumé, présentant en sus la garantie d’un tiers impartial (en l’occurrence, de deux) disant : « Écoutez-moi, ceci mérite d’être lu », ce qui est d’une tout autre qualité que d’en faire soi-même la réclame. Il reste le second souhait, celui du grand nombre de personnes à vous lire, qui pour l’auteur écrivant en français et non-traduit, reste largement inexaucé.
Pourquoi est-ce si difficile de voir ses livres traduits ? Une éditrice me l’a récemment expliqué : il faut compter 10.000 € pour une bonne traduction, et donc un bénéfice d’au moins autant, ce qui est très loin d’être toujours garanti. Mais c’est ici que DeepL entre en scène aujourd’hui : la traduction d’un livre est en passe de tomber à pas loin de zéro.
J’ai fait une petite expérience l’autre jour. J’avais rédigé un texte en anglais dont j’étais très satisfait mais je ne m’étais pas moins posé la question « Y a-t-il encore moyen de l’améliorer ? » J’avais testé DeepL mis au point par la firme allemande qui nous avait déjà offert Linguee, et je me suis dit : « Demande à DeepL de traduire ton texte en français, puis de retraduire en anglais sa traduction française ».
Si vous avez eu l’occasion d’utiliser les traducteurs automatiques que l’on trouvait jusqu’ici sur l’Internet, vous savez ce qui se serait passé : la première traduction aurait laissé passer quelques erreurs grossières, et la retraduction aurait encore accru l’ampleur du désastre. Mais là, et vous avez déjà deviné ce que je vais vous dire, le petit exercice m’a permis d’améliorer encore à deux ou trois endroits mon texte initial.
Quand j’ai vu ça, j’ai été très fier pour les robots mais je me suis aussi dit que si j’étais un être humain traducteur ou traductrice de mon métier, une sueur froide perlerait en ce moment-même sur mon front, comme sur celui autrefois d’une sténo-dactylo à la vue du premier traitement de texte : « Mon gagne-pain a disparu ! »
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que chacun peut désormais traduire ou faire traduire ce qu’il a écrit pour quelques dizaines d’euros au lieu de plusieurs dizaines de milliers. Je peux désormais traduire mes livres en quelques heures et les afficher sur l’Internet si cela me chante. Et quiconque dans la même situation pourra en faire autant.
Il faut encore bien sûr que les étrangers aient envie de vous lire mais cela, comme dit le poète, c’est une autre histoire !
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