LE TEMPS QU’IL FAIT LE 1 er DÉCEMBRE 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 1 er décembre 2017. Merci à Pascale Duclaud !

Bonjour, nous sommes le vendredi 1er décembre 2017 et aujourd’hui un thème au Temps qu’il fait, un peu provocateur bien entendu : « Bougez-vous ! Moi j’ai fait ce que j’ai pu ! ». C’est le même message que vous avez pu lire lundi dans un billet que j’ai mis sur le blog et où j’annonçais mon intention [fin février 2018] de terminer l’activité du blog en tant que journal, en tant que quotidien permanent, et aussi mettre un frein à mon activité de conférencier inlassable, deux ou trois fois, quatre fois parfois par semaine, ici et là pour prêcher la bonne parole. J’ai l’intention de me consacrer un peu à d’autres choses comme la pratique de la psychanalyse (une chose que j’ai apprise à faire il y a pas mal de temps et que j’exerce comme ça de temps à autre dans les marges mais dont j’ai le sentiment que ça peut aider les gens de la même manière que ça m’a aidé moi de passer par ce processus) et aussi de faire un peu de recherche dans un domaine où j’ai dû stopper mon activité – comme l’anthropologie d’ailleurs – parce qu’il n’y avait plus de sous et… (enfin ! l’anthropologie c’est un petit peu plus compliqué !)

Et alors je vais vous montrer un livre – Voilà je vais vous montrer un autre livre. Voilà ! (PJ montre le livre « Deep Learning ») : ça c’est le livre que je lis en ce moment. Et là, je vous recommande de le lire simplement si vous avez déjà un bon bagage en mathématiques et en informatique. Ça, ce n’est pas un livre dont je vous dis « Lisez-le nécessairement ». Ce livre me déçoit un petit peu ; je vais le dire en passant puisque je suis là à en parler : c’est une chose que j’ai déjà pu constater pas mal, chaque fois qu’on parle de choses de pointe, c’est que les gens qui en parlent – et même s’ils le font correctement – ne comprennent pas nécessairement exactement ce qu’ils sont en train de faire. J’avais eu ce sentiment, très très fort d’ailleurs, un jour où quelqu’un de très connu et sympathique me donne un livre, un livre qu’il a écrit sur « les langages orientés objets ». Et au bout de quelques pages, je me rends compte qu’il confond classe et objet, qu’il ne sait pas qu’elle est la différence entre une instance et un objet et ainsi de suite. Et je suis un peu consterné ; j’arrête bien entendu la lecture de mon livre. Et là c’est pareil : voilà un livre sur le « deep learning » ; il y a plein de choses, c’est bourré de machins, et de manière très intéressante à mon sens, ça échappe aux auteurs : ils n’arrivent pas à comprendre exactement de quoi ils parlent, ce que c’est exactement. Et c’est intéressant parce que ça nous montre que ce n’est pas la machine qui est plus intelligente qu’eux dans ce cas-là mais c’est la chose par laquelle ils rendent la machine intelligente qui n’est plus exactement sur leur écran de radar. Ils n’ont plus le contrôle exact de ce qui est en train de se passer. Alors il faut un peu deviner entre les lignes. Il faut – Voilà – utiliser les connaissances qu’on a déjà acquises par ailleurs pour dire « non, non ! Ce n’est pas ça ! ». Par ailleurs, il y a d’autres auteurs qui sont plus proches de la réalité, mais qui sont considérés – Figurez-vous ! Et là asseyez-vous bien…. Calez-vous sur votre chaise ! – qui sont considérés dans ce domaine un petit peu comme des dissidents (grand rire), et voilà ! : des hétérodoxes ! (Les hétérodoxes comprennent mieux de quoi il s’agit dans ce cas-ci. Comme j’ai dit l’autre fois pour l’économie, même s’il faut mettre encore un bémol de ce côté-là).

Mais donc, voilà mon message : « Bougez-vous ! Moi j’ai fait un certain nombre de choses ». Je suis content ; je m’étais donné un programme il y a pas mal d’années, en me disant « J’ai envie de parler de telles et telles choses dans des livres, pour expliquer comment ça marche, ce que je crois avoir compris » ; et l’année prochaine ce sera terminé parce que quand j’aurai publié Qui étions-nous ?  (qui est un livre qui sera relativement gros et où je dis les choses dont j’ai l’impression que je ne les ai pas encore dites entièrement, et que je suis en train de terminer) j’aurai l’impression d’avoir rempli ma mission à mes propres yeux de ce point de vue-là. J’aurai donné, expliqué, mis devant tout le monde la boîte à outils que je crois avoir pu constituer et qui me semble très utile.

Par ailleurs, si vous voulez qu’un certain nombre de choses que je fais maintenant continuent, il faudra que vous en preniez l’initiative. Il faudra que vous preniez le relais. Si vous voulez qu’il y ait quelque chose de l’ordre d’un Blog de Paul Jorion qui soit un journal qui se perpétue, il faudra que vous le fassiez. Bien entendu je regarderai avec intérêt pour ce que vous proposerez et ce que vous aurez envie de faire. Si je peux vous aider, eh bien tant mieux ! Même chose pour l’activité de diffuser mes idées, en particulier dans le livre qui s’appelle Vers un nouveau monde qui est une sorte de programme politique. Je vais continuer à donner les conférences que j’avais dit que j’allais donner. En particulier je me trouverai au Cercle de Wallonie à Liège. C’est cher… 56 euros je vois, pour venir m’écouter, pour m’entendre dire des choses que vous avez sûrement entendues déjà ailleurs. Donc je continue – Voilà – jusqu’à épuisement, les conférences que j’ai promis de faire, mais pour le reste, il faut que – Voilà – si vous voulez parler de Vers un nouveau monde, prenez des initiatives.

Aussitôt après que j’ai fait ma déclaration lundi en disant « Voilà, je termine et j’arrête », quelqu’un vient avec l’excellente idée de faire du blog la base pour une sorte de parti politique qui défendrait les idées de Vers un nouveau monde. Euh, non… ! C’est gentil, j’essaie justement de sortir de là ! J’ai fait ce que j’ai pu, j’en suis convaincu. Beaucoup de gens me disent que j’ai déjà fait pas mal ; oui je sais : treize heures par jour à me consacrer à ce genre de choses pendant onze ans, c’est déjà pas mal, oui c’est bien. Pour le reste, il faut prendre le relais. Il faut prendre le relais : j’ai mis sur le tapis, le plus clairement possible, ce que j’avais pu dire.

Ce n’est pas que je me désintéresse de ce qui va se passer bien entendu ! Mais comme je vous le dis, j’ai l’impression que je peux être plus utile pour le moment, dans les jours à venir, dans les mois à venir, en me consacrant à reprendre un peu cette histoire d’Intelligence Artificielle qui va tellement vite – je vous le dis : les auteurs de manuels ne comprennent pas trop ce qui se passe eux-mêmes – et il faut qu’on reprenne un petit peu de contrôle sur ce genre de choses. Ça ne suffit pas que je signe des pétitions quand on me le demande. Il faut que j’essaye d’être un peu plus présent à l’avant-plan. Et j’ai fait, je vous l’ai dit, j’ai fait un geste il y a quelques jours, dimanche dernier, en posant ma candidature à un truc qui a l’air intéressant. Et voilà : je saurai en février si ça marche. Et si ça ne marche pas, eh bien je ferai un peu plus de psychanalyse. Donc l’alternative en février, ce sera un petit peu plus de psychanalyse et un peu moins d’Intelligence Artificielle, ou un peu plus d’Intelligence Artificielle et un peu moins de psychanalyse.

Voilà ! Comme je vous le dis, je ne deviens pas sourd, aveugle et muet à partir de demain mais je change de braquet. Je change d’orientation tout simplement parce que, vous le savez, j’ai dû le signaler, je me suis retrouvé à l’hôpital – Bon, heureusement ce n’était pas grave – mais voilà, ce sont quand même des signes qu’on ne peut pas, comme ça indéfiniment, continuer à travailler comme ça à ce rythme là. Je l’avais fait avant, hein ! Avant 2009, j’étais banquier le jour et j’étais philosophe /anthropologue la nuit et les week-ends, mais il vient un moment où… On n’est pas encore immortel comme le veulent les transhumanistes et on ne peut plus faire comme j’ai fait la semaine dernière des séries de conférences sur dix jours sans s’arrêter, sans qu’on en ressente les effets.

Comme je vous le dis : je reste là. I’m tuned in [Je suis à l’écoute]. À partir de maintenant, c’est surtout moi qui regarde ce que vous allez faire. Je suis là pour vous donner des conseils éventuellement. Je n’ai pas disparu mais je serai dans un rôle plus en retrait. C’est à vous d’être actifs !

Bougez-vous ! J’ai – fait – ce – que – j’ai – pu !

Allez, à la semaine prochaine.

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