Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Le peuple ne devrait pas avoir peur de son gouvernement.
Le gouvernement devrait avoir peur de son peuple.
V pour Vendetta.
Les hommes ne sont naturellement, ni rois, ni grands, ni courtisans, ni riches ; tous sont nés nus et pauvres, tous sont sujets aux misères de la vie, aux chagrins, aux maux, aux besoins, aux douleurs de toute espèce, enfin tous sont condamnés à la mort.
Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation (1762)
Le dernier billet de Marianne Oppitz me fait réagir. Que Paul Jorion décide de mettre la clé sous la porte, nous disant : « J’en ai fait assez, je me suis bougé, je veux faire autre chose, j’ai fait ce que j’ai pu, à vous d’en faire autant », m’a vachement surpris. Mais il a raison. Cela fait quasiment depuis le début de l’aventure que je suis Paul sur son Blog, au Vicomte, dans des conférences et autres réunions publiques, et puis dans ses livres. Mais c’est l’impermanence. Paul devait bien arrêter un jour ou l’autre. Reviendra-t-il ? Mais surtout : Paul verra-t-il la fin de l’humanité, ou bien celle-ci saura-t-elle se sauver d’elle-même, des robots, de l’IA et des transhumanistes ? Matrix aura-t-il raison ? Terminator aussi ? Elyseum, et tant d’autres films avant-gardistes sont-ils prophétiques ? On ne peut pas en douter. Pourquoi ? Mais parce que la science-fiction d’aujourd’hui a rattrapé la réalité ! Le « futur » a-t-il déjà eu lieu vu que l’on peut le prédire ? Plus de 15.000 scientifiques nous alertent qu’il est déjà trop tard rien qu’au niveau écosystème. Ce billet pose la question de ce que vous pouvons et devons faire. Je vais d’abord faire un détour par le sujet du nucléaire.
En septembre 2017, le 20 précisément, j’eus l’idée de consacrer un billet à ce qui serait une mise en parallèle d’un ouvrage fabuleux – Le Livre de la Paix de Bernard Benson, édité en 1980 par Fayard (si la maison d’édition voulait bien rééditer les magnifiques livres de cet auteur…) – et le discours de ce jour-là que fit Emmanuel Macron à l’ONU*. Je vais vous en parler aujourd’hui. Benson et Macron parlent de Paix, de guerres et de nucléaire, et ce sujet est chaud bouillant. Néanmoins, ce n’est pas ce que dit M. Macron au sujet du nucléaire qui est important – car il suit la « communauté internationale » à ce sujet – mais d’autres parties de son discours.
M. Macron, chef d’État, Président français du peuple français est reçu à l’ONU. Benson, scientifique, informaticien, fut reçu à l’ONU et par divers chefs d’états suite à la sortie de son livre. Leurs deux discours sont donc importants pour que l’on les invite publiquement. Néanmoins : l’action de Bernard Benson n’a pas fait changer les choses. Son avertissement en tant qu’intellectuel engagé fut écouté – mais n’a pas eu d’autres effets. Malheureusement ! Qu’en sera-t-il de celui d’Emmanuel Macron ? J’ai bien peur que tous deux aient parlé pour soulager la bonne conscience de ceux qui les ont invités – et c’est tout. Le mouvement civil qui s’occupe du nucléaire n’a réussi quoi que ce soit en la matière politiquement parlant.
Le danger du nucléaire civil est tel qu’ajouter un danger nucléaire militaire est pure folie. Néanmoins, « tout le monde » souhaite avoir de telles armes. Officiellement, c’est pour dissuader le voisin en cas de montée en température. Kim Jong-un joue avec l’arme nucléaire, car les USA jouent à faire des manœuvres militaires proches de son territoire, et cela depuis des décennies. N’imaginons même pas un conflit nucléaire entre les deux Corées, le Japon (tous trois seraient rasés) et les USA. La Chine s’en mêlerait sûrement et la partie n’en resterait pas à un niveau local…
« Ne penser qu’à nous protéger de nos voisins, c’est le chemin des armes qui conduit à la guerre. Penser à les protéger de nous-mêmes, c’est la voie du désarmement qui mène à la Paix » dit Benson page 164, et page 178, désarmer « c’était trop dangereux ! Si tout le monde œuvrait au démantèlement des systèmes de contrôle et s’évertuait à rendre ses propres armes inutilisables – pour ne pas parler de leur destruction réelle qui pouvait requérir des années – rien ne permettrait d’être assuré que tel ou tel pays n’en profiterait pas pour violer la règle et écraser tous les autres, imposant son règne ! » Ensuite, Benson donne sa solution au problème. Mais l’on voit bien qu’elle ne fut pas mise en œuvre !
Peut-on appliquer ces mêmes idées à l’IA, les robots, le transhumanisme ? Ils sont aussi dangereux que le nucléaire ! Un robot doté d’une IA, voire un commando de telles « choses » (comment les nommer ?), qui déciderait de mettre fin à la vie sur Terre, est-ce si invraisemblable ?
Alors, que dit M. Macron ce 20/09/17 ? Au sujet du nucléaire d’abord : « Le multilatéralisme peine à faire face aux défis de la prolifération nucléaire, il ne parvient pas à conjurer des menaces que nous pensions à jamais révolues et qui sont réapparues brutalement dans notre présent. Ainsi Pyongyang a franchi en le revendiquant un seuil majeur dans l’escalade militaire. La menace nous concerne tous immédiatement, existentiellement, collectivement. (…) La France refusera toute escalade et ne fermera aucune porte au dialogue, si les conditions sont réunies pour que ce dialogue soit utile à la paix. » C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Rien n’est fait pour empêcher les états de se doter de l’arme nucléaire depuis 1945 !
Il dit ensuite que le combat contre le terrorisme – car nous sommes officiellement en guerre – passe par le militaire, mais qu’il est aussi « éducatif, culturel, moral ». Il ajoute : « La nécessité, c’est le départ pour sauver sa famille quand la guerre fait rage et que le droit international humanitaire n’est plus respecté, mais instrumentalisé, comme en Syrie dans la stratégie de violence des acteurs ; l’exil, quand les défenseurs de la liberté sont les premières cibles des pouvoirs en place. La protection des réfugiés est un devoir moral et politique dans lequel la France a décidé de jouer son rôle. » N’oublions pas que la France est un acteur de cette guerre en Syrie, et qu’elle est un des plus grands marchands d’armes au monde – car c’est ainsi que l’on exporte la démocratie, à coup de bombes et rafales de kalach’. En somme, l’attitude française c’est : « Vendons des armes au plus offrant ! Et derrière, réclamons l’arrêt de la guerre ! » Comment pourrait-on vendre des armes et demander la paix, le dialogue ? Dans quel monde vit M. Macron ?
Comme vous allez le lire, Emmanuel Macron a un plan pour sauver tout le monde (sauf de la guerre et des armes bien évidemment) : « Ensuite, c’est d’avoir des priorités claires, la première c’est d’investir dans l’éducation parce que c’est par l’éducation que nous gagnerons cette bataille contre l’obscurantisme, celle qui est aujourd’hui en train de faire basculer des pays, des régions entières, en Afrique comme au Proche et Moyen-Orient. (…) C’est une bataille essentielle que nous mènerons là, c’est celle qui consiste précisément à donner la possibilité aux jeunes filles et aux jeunes garçons de ne pas sombrer dans l’obscurantisme, de pouvoir choisir leur avenir, pas celui qui leur sera imposé par nécessité ou celui que nous leur choisirions ici dans cette salle.
La deuxième priorité c’est d’investir dans la santé, dans la lutte contre les grandes pandémies et contre la malnutrition parce qu’aucun espoir n’est permis quand on ne peut pas se former ni se soigner. Dans ce combat pour le développement nous avons aussi besoin de soutenir la place des femmes, la culture et la liberté d’expression. Partout où la place de la femme est remise en cause, bafouée, c’est le développement qui est bloqué, c’est la capacité d’une société à s’émanciper, à prendre sa juste place qui est ainsi bloquée, ce ne sont pas des sujets de société anodins, c’est un combat de civilisation profond, c’est notre combat, ce sont nos valeurs et elles ne sont pas relatives, elles sont éminemment universelles sur tous les continents, toutes les latitudes. Partout où la culture est bafouée là aussi c’est notre capacité collective à relever ces défis qui est réduite. » Mais dans quel obscurantisme nagent les « élites » ? Sont-elles suffisamment éduquées, ou ont-elles tout oublié ? Manquent-elles de « culture » ? En tous cas, vous voyez, il y a de quoi faire. L’État a du boulot pour ses citoyens. « Que faire ? » disait-on. Voilà le plan chers lecteurs !
Enfin, E. Macron parle du dérèglement climatique, dont Paul, moi et tant d’autres sont si inquiets : « L’avenir du monde c’est celui de notre planète qui est en train de se venger de la folie des hommes, la nature nous rappelle à l’ordre et nous intime d’assumer notre devoir d’humanité et de solidarité. Elle ne négociera pas, il revient à l’humanité de se défendre en la protégeant. » Il ajoute : « nous avons laissé les dérèglements du monde prendre le dessus. Nous avons traîné à régler le réchauffement climatique, à traiter des inégalités contemporaines qu’un capitalisme déréglé s’est mis à produire. Nous avons laissé des voix discordantes s’élever. Mais à chaque fois, c’est la voix du plus fort qui l’emporte à ce jeu. »
Néanmoins, les derniers paragraphes du discours d’Emmanuel Macron sont inspirants et beaux : « ne pas écouter la voix des opprimés et des victimes, c’est laisser leur malheur grandir, prospérer, jusqu’au jour où il nous frappera tous. C’est d’oublier que nous-mêmes, chacune et chacun, à un moment de notre Histoire, nous avons été ces opprimés et d’autres ont entendu nos voix. C’est oublier que notre sécurité, c’est leur sécurité, que leur vie engage la nôtre et que nous saurions restés indemnes dans un monde qui s’embrase.
Ne pas écouter ceux qui nous appellent à l’aide, c’est croire que les murs et les frontières nous protègent. Mais ce ne sont pas les murs qui nous protègent. C’est notre volonté d’agir, c’est notre volonté d’influencer le cours de l’Histoire. C’est notre refus d’accepter que l’Histoire s’écrive sans nous, pendant que nous nous croyons à l’abri. Ce qui nous protège, c’est notre souveraineté et l’exercice souverain de nos forces au service du progrès. C’est cela l’indépendance des Nations dans l’interdépendance qui est la nôtre.
Ne pas écouter ces voix, c’est croire que leur misère n’est pas la nôtre. Que nous posséderons pour toujours les biens dont ils ne pourront que rêver. Mais lorsque ce bien, c’est la planète, lorsque ce bien, c’est la paix, la justice, la liberté, pensez-vous que nous puissions en jouir seuls, dans un coin ?
Si nous ne prenons pas la défense de ces biens communs, nous serons tous balayés. Nous laissons s’enflammer des brasiers où demain l’Histoire jettera nos propres enfants. Oui, aujourd’hui encore plus qu’hier, nos biens communs, c’est aussi notre intérêt, notre sécurité, c’est aussi leur sécurité. »
Alors, Paul nous dit de nous bouger et il a raison. Marianne Oppitz dit que rien ne bougera et elle a raison. Personnellement, je vais vous avouer ce que je prépare mais qui va me prendre du temps. Ça ne parle pas de nucléaire, car je ne vois pas ce que je peux faire à ce sujet-là. Mais je peux contribuer à la paix sociale et à la solidarité, à l’humanité.
De par mon travail d’éducateur et d’agent de la Justice, je vois trop de SDF, que ce soit en prison ou en dehors. Je suis donc impliqué dans l’aide aux SDF, en tant que bénévole, à la fois dans des maraudes comme dans l’aide directe au sein d’une association pionnière, ancienne sur Lille. Et je veux faire plus. Je vais questionner les acteurs de ce réseau, comme les bénéficiaires, les SDF, qui sont aussi bien Français qu’étrangers, migrants.
Et seul, ou avec ceux que je vais trouver en chemin, je vais écrire une Loi, une grande Loi pour les sortir de la misère, de la rue et leur rendre leur dignité d’humain, et une place dans notre société. Une Loi qui abordera tous les aspects de leur condition. Je transmettrai cette Loi ensuite aux différents partis de l’Hémicycle. Je sais c’est fou, mais je vais le faire. Je créerai un blog qui sera le lieu du recueil des témoignages et enquêtes, et de l’écriture de cette Loi. Car on ne peut pas continuer ainsi. « Ce que vous ferez sera dérisoire, mais il est important de le faire » a dit Gandhi. Le Bouddha appelait notre monde du nom d’Endurance…
* Discours d’Emmanuel Macron devant la 72e assemblée générale des Nations-Unies.
Laisser un commentaire