Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Un débat s’est installé concernant notre époque : Sommes-nous en train de vivre une nouvelle « époque de Weimar ». Cette réflexion de Nicolas Bartoldi est pertinente. Le parallèle s’impose à bien des égards mais bien sûr, les choses se ressemblent mais ne sont pas nécessairement identiques. Oui, nous vivons une période déprimante et ne sortons pas toujours grandis de ce qui se passe autour de nous. Les vieux démons du fascisme réapparaissent un peu partout et les journaux ne nous annoncent rien de bien réjouissant.
Hier, humeur plutôt dépressive, je me suis dit que j’allais oublié en regardant une cornichonnerie à la télé. Je me suis dons installée zapette en main dans mon divan, près du feu de bois, belle image de saison. Je tombe sur RTL et, là, j’ai découvert ce que je n’avais plus vu depuis des années: une cornichonnerie d’une bêtise affligeante que j’ai observée un moment et qui fut interrompue par une séance de publicité qui n’a rien fait pour me remonter le moral ! Comment peut-on mettre tant d’argent de façon aussi bête pour des trucs aussi inutiles. Zappant, zappant – comme dans la chanson d’Henri Salvador : « Zorro est arrivé ! » – j’ai vu défiler toute la panoplie du Black Friday. Je veux dire par là, les émissions débiles pour cerveau disponible pour Coca-Cola : télé-réalité consternante. Et comme Henri Salvador, je me suis dit, allons voir ailleurs, allons voir plus intelligent. là, je suis tombée sur une émission politique nous expliquant le pourquoi du comment de la suppression de la taxe d’habitation. Là, j’ai éteint le « poste » comme on dit à Bruxelles.
Pourquoi me direz-vous parler de tout cela ? Parce qu’il s’agit bien de la société dans laquelle nous vivons. Comment peut-on imaginer un changement quand la tranche de la population la plus fragilisée par le néolibéralisme se gave de trucs qui la pousse à consommer toujours plus. Je pense dès lors que Roberto Boulant a raison :
« … je ne vois pas de raz-de-marée ou de printemps des peuples. J’imagine plutôt des jacqueries, des explosions sporadiques de violence (pain bénit pour renforcer la répression), et au bout une dictature qui finira par tomber le masque et qui ramènera le pays au même niveau que la Russie de M. Poutine ou que la Turquie de M. Erdogan. »
Il ne peut pas y avoir de solution politique et il n’y aura pas de prise de conscience collective qui pousserait la population, d’une même et seule voix, à demander des comptes. Je le vois bien dans mon engagement politique aussi. Militante au PTB en Belgique, je suis triste de constater que les 3/4 des gens à qui je parle ne comprennent pas l’enjeu. Ne s’imaginent pas à quel point il est important de se mobiliser. Et d’ailleurs pourquoi le feraient-ils ? La position des syndicats en Belgique – bien que leur présence en entreprise soit beaucoup plus importante qu’en France – leur position est toujours celle d’un « moins faisant ». On parlotte, on est fier de trouver des compromis avec le patronat et on accepte les contrats zéro heure, les licenciements et toutes les joyeusetés qui accompagnent. Le syndicat chrétien quant à lui – proche du CD&V, parti social chrétien flamand, participant au gouvernement actuel, parce qu’en Flandre la politique n’a pas d’odeur quand elle est flamande – a perdu toutes ses billes en 2008 et n’est plus en position de force financièrement pour s’opposer à quoi que ce soit.
Je voudrais ici, préciser que les politiciens flamands ne sont pas les seuls dans ce gouvernement. Y participe le « MR » libéral très proche de feu « LR ». Notre premier ministre, Charles Michel est grand fan de Sarkozy.
Je pense par ailleurs que comme beaucoup – en France, en Belgique ou ailleurs – malgré l’austérité, les gens s’accrochent au petit peu qu’ils ont et ne veulent pas le perdre. Un de mes amis, Serbe, arrivé en Belgique avant le début de la guerre civile, répondait à ceux qui lui demandaient si cette guerre pouvait se produire en Belgique entre les Wallons et les Flamands, répondait : « Non, vous êtes trop riches ». Et voilà, une réponse qui illustre mon propos : tant qu’on sait payer son loyer, payer sa « malbouffe », s’acheter des conneries à 10 balles (à crédit) au Black Friday, de regarder son émission préférée de télé-réalité, on n’a pas envie de faire la révolution. Les exclus, eux, n’ont plus la force de faire quoi que ce soit.
Et je veux, ici soulever un point important. j’avais lu, il y a bien longtemps, dans les années 80, il me semble, un article qui parlait de la crise de 29 et qui disait que si les gens avaient eu droit au chômage, à l’époque, les conséquences de ce krach financier auraient été toutes autres. En effet, nos dirigeants oublient une chose importante : l’argent du RSA, l’argent du chômage est réintroduit automatiquement dans l’économie parce qu’il sert à payer un loyer, à payer l’électricité, à payer la nourriture. Il faut crier haut et fort que cet argent, lui, ne fraude pas le fisc et participe de l’économie nationale.
Quant à l’annulation de la taxe d’habitation, c’est un bel exercice de démagogie puante. En fait Macron est en train de museler les communes. Il renforce un contrôle parisien sur l’ensemble de la France faisant sienne la citation : « tout ce qui est bon pour Paris est bon pour la France ». Il remet ainsi au goût du jour la centralisation chère à Louis XIV, ce qui n’est pas vraiment l’option de la Commission européenne qui elle, est plutôt favorable à la régionalisation. Il installe son pouvoir jupitérien et fera l’aumône aux communes nécessiteuses. Quel paradoxe ! Il veut une France qui se lève tôt, qui se prenne en main, une France battante, énergique, volontaire, ambitieuse et il force les communes à dépendre du bon vouloir financier du gouvernement. En fait, il les met au RSA. Et il est si facile de caresser les gens dans le sens du poil. Mais une imposition permet de payer les éboueurs, de payer l’entretien des rues, l’éclairage public, les crèches, les écoles, la police, le minimum d’administration nécessaire à la collectivité.
Il encourage les fainéants à travailler : « Si vous voulez achetez un costume, vous n’avez qu’à travailler ». C’est fortiche de dire ça à des gens qui ne trouvent pas de travail et du coup, il supprime les emplois aidés. Là, c’est sûr, ils ne pourront plus acheter de costumes, Black Friday ou pas.
Alors, face à tout ça, y a-t-il encore un salut ? Pourrons-nous empêcher Marion Maréchal Le Pen de revenir en force ? Elle est beaucoup plus intelligente que sa tante ! Ceci dit, chers amis Français, ne vous en faites pas, en Belgique le gouvernement est mené par des nostalgiques du IIIe Reich, élu par le patronat flamand, et tout le monde s’en fout !
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