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Au colloque Lippmann de 1938 *. Question de Walter Lippmann à propos du marché de l’emploi : « Si l’équilibre doit toujours être laissé à lui-même, cela comporte de grandes souffrances. Peut-on remédier à ces souffrances par des mesures telles que la perception d’un impôt spécial sur les affaires qui marchent bien ? »
Serge Audier commente : « On devine que [von] Mises est totalement contre – et probablement [von] Hayek avec lui. »
L’économiste et haut fonctionnaire Louis Marlio (1878 – 1952) répond à Lippmann ceci :
Il est évident que lorsque, par suite de l’extension d’une entreprise, on remplace de la main d’oeuvre humaine par de la main d’oeuvre mécanique, on crée du chômage. Ce qu’il y a de déficient dans le fonctionnement du système actuel, c’est que, d’une part, on admet que les chômeurs doivent recevoir une allocation, et que d’autre part, l’industriel, quand il s’agit de remplacer cent ouvriers par une machine, fait un calcul pour savoir ce qu’il va économiser. Il ne tient pas compte de ce que la collectivité aura à payer pour dédommager les ouvriers ainsi lésés. Dans un système logiquement établi, l’industriel ne devrait pas réaliser de transformations mécaniques lorsque son économie ne dépasse pas la charge des indemnités de chômage mises à la charge de la collectivité ; et il faudrait examiner dans quelle mesure il peut être admis lui-même à participer à ces indemnités.
* Extraits des page 267 et 268 de Le colloque Walter Lippmann : aux origines du « néo-libéralisme », préface de Serge Audier – Penser le « néo-libéralisme », éditions Le bord de l’eau, 2012
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