Billet invité. Ouvert aux commentaires. Can be found here in English.
La généralisation de l’assurance chômage à tous les entrepreneurs est une rupture avec l’ordo-libéralisme et une entrée pratique et paradigmatique dans l’économie universelle de la connaissance. Le travail reconnu comme tel par le droit du travail ne se définit plus comme une subordination à un employeur propriétaire exclusif de la plus-value mais comme un investissement de l’entrepreneur individuel dans une production de plus-value potentielle pour la société toute entière. Salaire et revenu ne sont plus la rémunération de la soumission au pouvoir financier virtuel du capital mais le prix fixé par la société politique de l’effort individuel d’entreprise et d’innovation au bénéfice possible de la société toute entière. Le capital redevient le fruit du travail et non la rente du génie spéculatoire.
Le refinancement systémique de l’assurance chômage par l’État au-dessus des employeurs et des associations de salariés pose le travail et son emploi comme un bien commun de la société politique. C’est une autre voie d’entrée dans le revenu universel où le revenu n’est pas conditionné à une soumission à des intérêts privés mais ordonné au service de l’intérêt général par l’entreprise personnelle de recherche, d’investissement, d’innovation et de production. Cette réhabilitation dans un seul pays, en l’occurrence la France, de l’économie réelle sur l’économie libérale globale de la rentabilité financière virtuelle va s’opposer frontalement à la mécanique monétaire de libre circulation du capital virtuel.
La France intégrée à la zone euro de monnaie unique ne peut pas mettre en oeuvre sa propre définition du travail, de la plus-value et du revenu. La fixité du change entre les pays membres de l’euro induit une localisation de la liquidité du capital là où la plus-value privée est maximale par les obligations minimales du capital envers le travail et par les dépenses publiques les plus faibles en rémunération et assurances sociales du revenu personnel. Le secret bancaire sur les origines réelles de la plus-value et le contrôle des politiques de crédit par l’intérêt privé rend l’intérêt général public impuissant à s’intégrer dans le calcul économique de l’équilibre général des prix et de la répartition monétaire réelle de la valeur ajoutée.
Pour financer son nouveau modèle d’assurance du travail, de l’emploi et de l’entreprise, la France n’aura pas d’autre possibilité dans un premier temps que d’accélérer la croissance de sa dette intérieure et extérieure. Pour que la dette française soit soutenable par rapport à sa réalité économique, il apparaitra rapidement :
- que la valeur ajoutée, domestique ou importée, consommée par les Français doit financer l’intégralité des assurances sociales offertes aux résidents ;
- que le lieu de consommation de la valeur ajoutée doit être tracé dans les paiements en euro afin de garantir le financement d’une dépense publique domestique objectivement distincte par rapport aux autres États membres de l’euro ;
- que la qualité de résident français associée à une politique d’assurance sociale spécifique doit être le motif d’une fiscalité spécifique par l’entremise du système interbancaire de paiement eu euro, donc d’une taxation des flux financiers en fonction de l’objet et de la nationalité du payeur ;
- que les processus de production qui sont à l’origine d’une plus-value et de sa distribution doivent être tracés à l’intérieur de la comptabilité du crédit bancaire afin d’établir la responsabilité juridique et politique de chaque acteur professionnel productif de la valeur ajoutée distribuable par les revenus monétaires directs ou indirects, publics et privés.
Le nouveau modèle français d’assurance du travail par l’entreprise est incompatible avec le système monétaire et financier libéral actuel. Pour assurer le travail de l’entrepreneur aussi bien que celui du salarié, il faut nécessairement qu’à un crédit en compte bancaire soit associé l’identification écrite des causes réelles licites de la valeur ajoutée produite ou à produire. Il faut nécessairement cadastrer les causes de tout revenu en lien avec les personnes qui travaillent et entreprennent en relation à la demande de valeur réelle licite d’une société politique délimitée par un même corps de lois. Il faut nécessairement inclure la production personnelle de gouvernance, de lois, de normes et de justice dans le prix de toute valeur ajoutée à produire contre un crédit en monnaie libératoire de dettes à terme.
Il faut encore nécessairement que le système de paiement en monnaie garantisse que tout acteur de la valeur ajoutée produite consommée reçoive effectivement sa quote-part du prix finalement réglé par flux interbancaire. Donc, il faut que les personnes morales publiques qui assurent les droits de travail, d’entreprise et d’existence des personnes physiques soient financées et contrôlées par la taxation objective incontournable des flux financiers. Entre deux personnes morales assurantielles, un dispositif de réassurance réciproque implique la dévaluation de l’unité de compte de l’entité dont la prime de capital est négative par rapport à l’entité dont la prime de capital est positive. La solidarité financière des personnes assurantielles signifie la restauration de l’État comme réassureur en dernier ressort, donc la variabilité de la parité monétaire des États les uns par rapport aux autres dans une zone de monnaie commune.
Si le nouveau modèle assurantiel étatique de la France réussit, il va entrainer la fusion ontologique du marché des capitaux et de la liquidité bancaire avec le marché du travail. Un tel marché réunifié de la valeur ajoutée réelle négociable en monnaie, implique la restauration de la souveraineté financière des États, la solidarisation des États par des chambres de compensation centrale dans une loi financière commune et la régulation des flux monétaires par des États confédéraux adossés à des démocraties multinationales. La zone euro est prémisse de cette démocratie multinationale :
- si elle se dote d’un gouvernement propre autonome à coté des gouvernements nationaux et locaux ;
- si la loi financière commune reconnaît la multiplicité des politiques assurantielles nationales et la mutualisation de leur prime de crédit dans un budget et une fiscalité confédéraux ;
- si la loi et le gouvernement confédéraux sont délibérés et contrôlés par un parlement dont les députés incarnent différentes options juridiques et financières communes et non des intérêts particuliers nationaux ou privés ;
- si la parité de change fiscal en euro de chaque gouvernement local, national ou confédéral devient le prix économique objectif de la responsabilité politique des citoyens de toute nationalité à la valeur ajoutée pour tous.
Laisser un commentaire