Billet invité.
Retour à la case départ, les récents sondages accréditent un partage des voix serré entre les indépendantistes et les unionistes aux élections du 21 décembre prochain. La majorité est indécise, le pays reste partagé, la crise catalane n’est pas finie, le découragement n’a pas succédé à la combativité.
Le test a été réussi, des centaines de milliers de personnes – 750.000 selon la police catalane – ont à nouveau manifesté samedi dernier à Barcelone à l’appel de l’Assemblée nationale catalane et d’Omnium, dont les deux dirigeants sont en détention préventive. Deux banderoles en tête du cortège donnaient le ton : « Liberté pour les prisonniers politiques » et « Nous sommes une république », tandis que les cris de « liberté ! », « indépendance ! », « forces d’occupation, dehors ! » jaillissaient tout au long du cortège.
Ada Colau, la maire de Barcelone, y a cette fois participé. Après avoir fustigé Mariano Rajoy en raison de la mise sous tutelle de la Catalogne, elle s’était auparavant livrée lors d’une réunion de son mouvement à une charge en règle contre les indépendantistes « irresponsables » à qui elle a demandé des « explications » pour avoir conduit la Catalogne « au désastre ». N’étant pas indépendantiste, elle est favorable à la tenue d’un référendum d’autodétermination, comme Podemos.
Carme Forcadell, l’ex-présidente indépendantiste du Parlement catalan dissout, qui a été libérée sous caution la veille de la manifestation par la Cour suprême, après une nuit passée en prison, n’était par contre pas présente, suivant en cela les conseils de son avocat. Huit membres de l’ancien gouvernement sont toujours en détention préventive, et la Cour suprême s’est démarquée de l’Audience nationale, assortissant cette mesure de libérations sous caution une fois que Carme Forcadell et les autres parlementaires se soient engagés à respecter dans l’avenir « le cadre constitutionnel ».
Les dépôts des listes de candidature interviendra demain mardi au plus tard, laissant encore le paysage électoral incomplètement clarifié. Mariano Rajoy, fait appel à la « majorité silencieuse », mais on sait cependant que dans le camp unioniste le Parti populaire reste largement devancé par Ciudadanos. Une recomposition est attendue dans le camp indépendantiste où l’ERC de gauche précède très nettement le PDeCAT de droite et son leader Carles Puigdemont, selon les sondages, tandis que la CUP d’extrême-gauche a finalement décidé de participer aux élections.
Seule inconnue, la constitution d’une « liste des présidents », à laquelle s’affaire Carles Puigdemont depuis Bruxelles, derrière laquelle le PDeCAT tente de masquer sa défaite. S’affirmant « non partisane », celle-ci pourrait inclure la candidature de certains membres du gouvernement en détention préventive, d’autres préférant la liste de l’ERC. Mais elle doit impérativement recueillir 55.000 signature pour être validée (1% du corps électoral).
Depuis Bruxelles, où il est dans l’attente de la décision de la justice belge à sa demande d’extradition en Espagne, Carles Puigdemont tente à nouveau d’actionner le levier européen. En prologue à la grande manifestation bruxelloise prévue pour le 7 décembre, jour d’ouverture officiel de la campagne électorale, une mise en jambe a réuni hier dimanche plusieurs centaines de manifestants. Ceux-ci ont interpellé l’Union européenne, l’exhortant au nom « des valeurs qui ont fondé l’Europe » à « défendre la démocratie » et appelé à la remise en liberté des « prisonniers politiques ». Mais les autorités européennes savent faire preuve de fermeté – tout du moins quand elles sont mises en cause – et elles n’ont jusqu’à maintenant donné aucun signe de soutien à la cause des Catalans. Elles ont déjà bien trop à faire pour contenir le démantèlement de l’Europe, pour risquer de surcroît de favoriser les mouvements autonomistes et indépendantistes dans les régions.
Carles Puigdemont prend le tournant dans une interview au quotidien belge Le Soir. Une autre solution que l’indépendance serait possible, fait-il mine de découvrir, en référence implicite au statut d’autonomie partiellement invalidé par la Cour constitutionnelle en 2010, à la demande du Parti populaire. Mais rien ne dit que celui-ci a changé d’avis… Et cette position de repli va-t-elle être adoptée chez les indépendantistes qui ont cru leur heure arrivée ?
Je préfèrerais donner d’abord la parole à une auditrice ou un auditeur (ils étaient 120 m’a dit l’organisateur). Si personne…