Retranscription de Le temps qu’il fait le 26 octobre 2017. Merci à Cyril Touboulic et à Olivier de Taxis ! Ouvert aux commentaires.
Bonjour, nous sommes le jeudi 26 octobre 2017, et quand je fais ma petite vidéo Le temps qu’il fait un jeudi plutôt qu’un vendredi c’est parce que je suis ou je serai dans le train à l’heure où je fais généralement cette petite vidéo comme maintenant, autour de 9h30. Je serai en route, de la Bretagne vers Bruxelles, parce que vers 14h30 je serai dans les studios de la Rtbf (Radio Télévision Belge Francophone), au boulevard Reyers, enregistrer un petit… je ne sais pas exactement ce que l’on va faire mais je vous tiendrai au courant quand vous pourrez voir ça à la télévision ou sur des petites vidéos. On va parler de mon programme manifeste politique qui s’appelle Vers un Nouveau Monde et qui a paru il y a quelques jours en France (il y a un peu plus en Belgique).
Alors, là, il est question non pas de tout ce dont je parle en matière de remèdes à nos petits problèmes ou à nos grands problèmes, mais de ce qu’on peut faire dans un cadre parlementaire, ce qu’on peut proposer comme réformes. Vous me connaissez, je ne pense pas que se soit suffisant pour changer véritablement le monde. Mais, c’est un endroit comme un autre et un endroit, en fait, tout à fait privilégié pour faire quand même avancer les choses, et, dans ma propre expérience, étant un endroit où on peut en tout cas encore apprendre des choses sur la manière dont il y a moyen de changer le monde.
Vous verrez dans Qui étions-nous ? que je consacre quand même beaucoup de place à ce monsieur qui s’appelle Machiavel, dont le nom reste rattaché à des pratiques un peu sournoises mais qui fut un grand analyste de ce qu’on peut faire, de ce qu’un être humain peut faire pour faire avancer les choses. En particulier dans son Discours sur la première décade de Tite-Live, quand il analyse ce qu’on a pu faire dans l’histoire de la Rome des tout débuts pour faire avancer les choses.
Et en relisant ça, ça m’a fait penser à une théorie mathématique qui est celle des automates cellulaires. Chacun de nous, nous sommes entourés d’un certain nombre de personnes sur lesquelles nous pouvons agir et lesquelles peuvent agir sur nous, et ça ressemble fort à ce qu’on appelle en mathématiques un « automate cellulaire », c’est-à-dire un système dynamique discret : on regarde la configuration du monde et en fonction de cela, on décide d’un état suivant. En particulier si vous regardez, je ne sais pas, sur un plan quadrillé et que vous regardez une petite cellule et que vous allez décider dans quel état elle va être maintenant à l’étape suivante en fonction de l’état de celles qui l’entourent, vous allez pouvoir faire avancer d’un coup. Vous connaissez peut-être ce qu’on appelait le, voilà, le… je ne sais plus comment ça s’appelait… c’était Conway, en tout cas. Conway qui avait produit une petite machine qu’on utilisait comme jeu vidéo, qui était un automate cellulaire et on voyait des petits cerfs-volants à certains moments qui partaient dans une direction particulière. Et ce petit cerf-volant qui va dans une direction particulière, ça, c’est nous, ce glider [« planeur » dans le Jeu de la vie de Conway]. Ce glider-ci, c’est nous, c’est qu’en raison de l’influence des autres sur nous et de nous sur les autres, eh bien, tout à coup, il se passe quelque chose : on part dans une certaine direction. C’est une belle image de… ce Jeu de la vie… Ah voilà ! Ça s’appelle le Jeu de la vie de Conway en français. C’est une belle image ces automates cellulaires, de la manière dont nous fonctionnons dans le monde.
C’est un certain M. Konrad Zuse (1910-1995), un Allemand, un des inventeurs de l’ordinateur, qui avait attiré l’attention sur le fait que notre univers est un grand automate cellulaire, et il a parfaitement raison, il faut répéter ça après lui. C’est vrai. C’est comme ça que ça marche.
De quoi est-ce que je voulais vous parler d’autre ? Ah oui ! De l’abusus. Parmi les mesures phares de ce manifeste, il y a bien entendu la gratuité comme une alternative d’extension de la gratuité à l’indispensable, comme une alternative au revenu universel de base dont je me plais à souligner les inconvénients et les désavantages.
Une autre chose sur laquelle j’insiste : une modification du droit de propriété pour empêcher l’abusus. L’abusus, c’est la possibilité pour quelqu’un de…
[coupure]
Aïe ! Mon économiseur d’énergie a malheureusement arrêté ma vidéo !
Alors je reprends : j’étais sur l’abusus. Cette fois-ci, Le temps qu’il fait – c’est quoi ? –, le 26 octobre 2017, sera en deux parties.
Et dans mon programme manifeste Vers un Nouveau Monde, je veux qu’on réforme cette notion de l’abusus. Il y a un excellent exemple qui vient de nous être montré. Pourquoi il faudrait modifier ça ? C’est l’un d’entre vous qui a retenu mon attention sur un article que je n’avais pas vu, et ça parle de la destruction délibérée du matériel pour plusieurs millions d’euros – du matériel appartenant à une, je crois que c’est à une imprimerie, si j’ai bon souvenir [En fait, une usine de pâte à papier]. Et la raison pour laquelle on détruit systématiquement ce matériel neuf, c’est pour qu’il ne puisse plus servir à des concurrents. Voilà. Et, malheureusement, la personne qui accepte de faire ça est victime… Bon, je ne vais pas dire ce que je voulais dire parce que cette personne, ça lui ferait peut-être trop de peine que je le dise là, que je le dise de la manière dont j’allais le dire. Mais cette personne suit des ordres, voilà, elle suit des ordres. Elle dit : « Bon, voilà, il fallait le faire », etc., et dans ces cas-là, vous le savez bien, il ne faut pas le faire. Pourquoi détruire délibérément quelque chose qui appartient en réalité au genre humain dans son ensemble ? Simplement pour que ça ne puisse pas servir à d’autres. C’est absolument abominable et, malheureusement, c’est ça l’état dans lequel nous sommes. Pour des raisons toujours x et y, nous ignorons entièrement le démenti de l’ultralibéralisme que les faits nous donnent depuis au moins 10 ans : depuis 2007, depuis l’effondrement de ce système. Et pour des raisons x ou y, pour qu’on ne vote pas pour du fascisme en col bleu, nous votons pour du fascisme en col blanc et nous continuons dans la même voie.
Non… non, le monde, le genre humain s’il a survécu jusqu’ici et s’il a pu réaliser quelques petites choses, c’est par la solidarité et l’entraide. Ce n’est pas par la guerre de tous contre tous. Ce n’est pas parce que nous devons nous conduire comme le lion vis-à-vis de la gazelle que ça peut marcher, comme le soulignait M. Saint-Just. Ce n’est pas ça qui fait marcher le monde, c’est ça qui le détruit, en ce moment.
C’est ça qui fait que… c’est parce que nous sommes dans ce truc que nous devons regarder avec attention, malheureusement peut-être, ce qui se passe en Chine – et regarder les résultats, les aboutissements du XIXe congrès du Parti communiste chinois – parce que, malheureusement, ce n’est pas du côté de l’Occident, en ce moment, que l’espoir se trouve. Si l’espèce veut survivre, il faut regarder ce qui se passe en Chine, en ce moment, parce qu’ils retroussent leurs manches, parce qu’à l’intérieur d’un système qui a des tas de défauts – je ne considère pas qu’il n’a que des qualités –, mais au moins, il y a un espoir d’empêcher l’extinction de ce côté-là, qu’il n’y a pas chez nous, en ce moment, où on est dans l’autodestruction. On est dans le…
[Suit un passage où je commets une erreur : je considère la directive sur les travailleurs détachés comme une mauvaise mesure alors qu’elle est une bonne mesure visant à lutter contre le dumping social] Regardez ce film, si vous ne l’avez pas vu, ce film qui s’appelle Locke de Stephen Knight, qui est l’histoire d’une tragédie humaine. C’est une « tragédie grecque ». Ça ne parle pas de politique mais ce que vous voyez quand même au milieu de la nuit quand il s’agit de sauver un chantier qui va s’ouvrir à 5h30 du matin. Le héros, le héros du film, le héros humain – lui, c’est un vrai héros [rires] –, il s’est mis dans un pétrin pas possible, mais c’est un héros. Qu’est-ce qu’il fait au milieu de la nuit ? Il s’arrange à distance pour qu’on aille chercher des Hongrois, pour qu’on aille aller chercher des Polonais qui sont encore en train de bitumer les choses à 23h30, pour leur demander d’être là à 5h30 du matin et, vous le savez, ils le feront. Et c’est ces gens-là, maintenant, qu’on essaie de mettre sur la touche parce que pourquoi ? Pas à cause d’eux. Pas à cause de nous. Mais parce qu’on est dans un système stupide et dégueulasse, et dont il faudrait se débarrasser parce que, eh bien, parce qu’il tue l’espèce humaine, il tue le genre humain et nous le savons. Il faut mettre en place des alternatives, voilà.
Regardez, regardez le… [rires] Je rigole mais c’est, voilà, je ris jaune. Regardez l’état des États-Unis, en ce moment. Il y a ces deux personnes : M. Bob Corker et Jeff Flake, dont on parlait hier soir aux États-Unis, deux sénateurs Républicains, pas des gens qui défendent des idées qui sont les miennes : ce sont des conservateurs de choc. L’un était même à la tête de l’institut Goldwater, je ne sais pas si ça vous rappelle quelque chose – dans le genre ultralibéral, ce n’était pas piqué des vers. Mais ces gens se lèvent. Se lèvent contre Trump, contre ce qu’ils appellent l’« indécence », contre la dévaluation de leur pays. Et Il faut quand même, même si on n’approuve pas leurs vues, il faut les saluer. Il faut les saluer.
C’est George W. Bush qui, ancien Président… je n’ai pas eu beaucoup de bien à dire à M. Bush, mais il se lève pour que les valeurs démocratiques soient respectées, pour que ce ne soit pas M. Steve Bannon et son fascisme à l’ancienne qui l’emporte aux États-Unis. Et John McCain, héros militaire, héros de la guerre du Vietnam – pas à mon avis du bon côté mais ça c’est une chose –, un héros militaire à l’intérieur d’un cadre bien particulier qui a ses règles, qui sont critiquables, mais un héros c’est un héros. Et Monsieur McCain est un héros à l’intérieur de la définition du « héros militaire ». Il vaut mieux, quelle que soit la catégorie, il vaut mieux être un héros à l’intérieur que pas un héros du tout, comme M. Locke à l’intérieur du film dont il est le héros lui aussi. Saluons ces Corker, ces Flake, ces McCain, ces Bush quand ils défendent les libertés – « libertés » définies à leur manière mais libertés quand même – contre leur mise à la poubelle par des gens qui ne sont ni des fous ni véritablement des clowns, mais qui sont des dangers pour l’humanité.
Vous connaissez ma catégorisation : fascisme en col bleu ou « à l’ancienne », comme je viens de dire, fascisme en col blanc avec des gants (des gants propres), mais le résultat c’est le même, c’est la destruction du genre humain. Il faut que nous nous levions, il faut que nous nous battions pour empêcher ça.
Si vous êtes à Bruxelles dans deux jours, samedi, venez me voir. Vous serez nombreux, ça fait plaisir. Vous m’avez déjà dit que vous viendrez, donc on sera nombreux. On se serrera, on fera un peu de place pour ceux qui viendront sans avoir dit qu’ils viendront. Ça fait plaisir. Ce sont des choses que je faisais autrefois, avant qu’on m’ait viré de mon poste à la VUB (Vrije Universiteit Brussel) : je le faisais tous les mois à Bruxelles et, là, l’occasion m’est donnée de pouvoir le refaire.
Et donc, entre 18 heures et 22 heures, on fera ce qu’on pourra à Bruxelles pour changer le monde : on fera des plans sur la comète, mais on essaiera aussi de faire avancer les choses. Parce que, vous le savez, je suis fier quand même de mon espèce, de mon genre humain, qui a fait des choses qu’on n’a encore jamais vues ailleurs. Qui a fait des horreurs comme on ne verra probablement pas ailleurs avant longtemps, mais qui arrive quand même à faire des choses sur son petit bout de planète, en se retroussant les manches, en se battant contre les fascismes en col blanc et en col bleu. Et allez, allons-y. Allons-y !
Allez, à bientôt.
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