Personne n’achève rien tout seul, par Panagiotis Grigoriou

Billet invité. Aussi disponible sur www.greekcrisis.fr

En cette fin octobre sous le Parthénon, dernières séances pour les cinémas en plein air. Signe qui ne trompe pas, leur fermeture jusqu’au mois de mai de l’année prochaine incarne aux yeux des Athéniens l’avènement inéluctable d’un hiver alors proche. C’est bien connu, Perséphone, épouse d’Hadès, fille de Zeus et de Déméter, réintègre chaque année pour six mois le royaume souterrain, puis elle revient six mois sur terre. Pluie, vent, et surtout patience !

Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017

La semaine avait débuté sous le soleil, et pourtant déjà, nos mendiants plantés devant les églises byzantines de la ville d’Athéna anticipaient le pire en s’habillant en mode hivernal. Les journalistes ont quant à eux observé une grève de 48h (pour l’honneur ?), s’insurgeant contre la suppression de leur organisme de prévoyance. Car leur Caisse de Prévoyance-Retraite, jadis vaillante, sera recyclée sous les gravats de la Sécurité (?) Sociale métadémocratique et métasolidaire de l’hiver Tsipriote. Et rien n’est prévu (pour l’instant ?) pour ces journalistes au chômage depuis déjà bien longtemps. La profession est, comme on le sait, sinistrée, son taux de chômage définitif atteignant même la proportion de 75 %.

Des journalistes ainsi… ajournés, bénéficiaient jusqu’à la semaine dernière d’un semblant de couverture santé spécifique, certes minimaliste, sauf qu’elle prenait alors en charge les pathologies lourdes et particulièrement les besoins en médicaments pour les nombreux cas de cancer, et ce n’était guère rien.

Pauvres, très pauvre journalistes, jadis choyés et désormais largement inutiles. D’après la presse de la semaine (radios 90,1 FM et 98,9 FM par exemple), près de 400 familles de journalistes, foyers paupérisés à l’extrême, sont nourries exclusivement via un programme spécial d’urgence journalistique alimentaire, organisé par l’Archevêché de l’Église Orthodoxe d’Athènes. Ultime bonne nouvelle… finalement venue du ciel !

Mon ami Th. qui n’est pas croyant, ni en religion, ni désormais en politique, journaliste de son état d’autrefois, et aujourd’hui définitivement désœuvré, en est profondément concerné comme consterné. “Je tombe… comme dans un trou noir. Plus aucune couverture santé. Je me vois… mourir par programmation en attendant à me faire nourrir par les popes”. Comme presque tous les Grecs, il appréhende l’hiver, et il appréhende le futur, tel un trou noir. Sous le Parthénon, dernière séance pour les cinémas en plein air, c’est bien connu. Mon ami y allait souvent avant la “crise” et je viens de m’apercevoir que durant l’été 2017, je ne m’y suis jamais rendu.

Du côté de l‘Acropole. Athènes, octobre 2017
Sous l’Acropole. Athènes, octobre 2017
Mendiant devant une église Byzantine. Athènes, octobre 2017
Garde Evzone. Place de la Constitution, Athènes, octobre 2017

Cependant, du côté de l ‘Acropole, il faisait encore beau il y a quelques jours ; temps toujours des photographies “typiques”, réalisées fébrilement devant la Garde Evzone Place de la “Constitution”, le présent alors magistral. Surpris il faut dire seulement par la pluie, nos touristes du Parthénon, tout comme nos humbles et attentifs visiteurs de Delphes, n’auront presque rien aperçu de cette autre Grèce sporadique, spasmodique et au fond hivernale, hormis peut-être une manifestation décidément insignifiante et anarchiste place de la “Constitution” dimanche dernier.

Joli monde, comme à travers ce graffiti aperçu sur une façade dans Athènes, à la parodie fort juste, mais complètement incompréhensible hélas lorsqu’on ne partage pas la culture néo-hellénique. En usant le nom et l’image d’une grande actrice du cinéma populaire des années 1960, son message fait remarquer que la vie, la nôtre, elle s’est dévissée et qu’elle s’est défaite, autant que celle de l’actrice (Laskari), Zoé de son prénom (Zoé, en grec c’est la vie), décédée comme tout le monde sait en Grèce, en août 2017.

Joli, très joli monde, où l’ensemble du système politique est complément et décisivement déconnecté des pathos du grand nombre, hormis bien entendu lorsqu’il s’agit de sa relativement courte clientèle, très utile cependant pour maintenir en place l’ultime des simulacres, celui de la participation aux scrutins, et autant celui de la pseudo-démocratie représentative.

La vie, (la nôtre), elle s’est dévissée. Athènes, octobre 2017
Photographies “typiques”. Place de la “Constitution”, Athènes, octobre 2017
Photographies “typiques”. Place de la “Constitution”, Athènes, octobre 2017

Beau et très bas monde, aux marionnettes qui ne n’amuseront plus la galerie des galériens, telles Tsipras et son récit de “la prochaine reprise économique”, Varoufákis ventant (et vendant) ses piètres aventures, Mitsotakis et sa cuisine réchauffée du néant mémorandaire, l’Unité Populaire et son survivalisme électoral comme unique et ultime programme réellement existant, le PC et ses monolithes du passé Soviétique sans cesse remâchés, sans parler du néonazisme à peine dissimulé des Aubedoriens qui croient toujours attendre leur heure. Pauvre pays, jadis des philosophes et des enfants souriants que l’on admire actuellement dans ses musées !

Temps ainsi présent et pesant, et par une décision suspecte et pour tout dire douteuse, l’Union Professionnelle des Pharmaciens de Grèce, vient de lancer un appel adressé au Ministère de la Santé, réclamant ni plus ni moins, “la fermeture des pharmacies solidaires, car elles n’ont plus de rôle à remplir puisque, la crise est désormais dernière nous”. Une attitude qui est à très juste titre dénoncée par les responsables du Centre Métropolitain Médical Solidaire d’Ellinikón à travers son communiqué daté du 24 octobre 2017 .

Le Centre Métropolitain Médical Solidaire rappelle ainsi, que contrairement à la rhétorique si chère à la Tsiprosphère, la réalité sociale est plutôt bien sombre: “Pour 50 % de la population grecque (sur un total de 10 millions d’habitants), 500.000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté, 500.000 salariés gagnent en moyenne 350€ par mois en salaire net, 700.000 personnes ont déjà quitté le pays, 1.000.000 de travailleurs du secteur privé ne reçoivent pas leur salaire régulièrement, 1.100.000 retraités touchent une retraite de moins de 500€ par mois, et 1.200.000 chômeurs ne perçoivent aucune allocation chômage”.

Le Philosophe. Musée de Delphes, octobre 2017
L’Enfant souriant. Musée de Delphes, octobre 2017
Admiration des visiteurs. Musée de Delphes, octobre 2017

Dans son autre communiqué daté du 26 octobre 2017 , le Centre Métropolitain Médical Solidaire dénonce également, “l’assèchement en cours du budget de nombreux hôpitaux, avec comme conséquence, l’arrêt des chimiothérapies… programmées pour les malades atteints de cancer. Chaque jour depuis les hôpitaux, on dénonce cette situation dramatique, tant les déficiences en matériel sont alors graves. Ces carences, elles sont dues bien entendu à la réduction drastique des budgets, à la suite de laquelle, le budget annuel de nombreux hôpitaux vient d’être déjà épuisé depuis septembre dernier.”

“Aujourd’hui, et après avoir contacté Zoé Grammatoglou, présidente de l’Association des patients atteints de cancer, nous avons appris qu’à l’hôpital Attikón, il n’y a plus de médicaments disponibles pour les chimiothérapies programmées le lendemain. Il ne s’agit pas d’une pénurie d’un médicament particulier, mais d’une pénurie d’un grand nombre de médicaments, par conséquence, tout acte de chimiothérapie/radiothérapie devient impossible, et ainsi, la santé des patients atteints de cancer est en train de subir une épreuve supplémentaire.”

“Il y a quelques heures, nous avons pris contact avec le personnel de l’hôpital Attikón, de ce fait, l’ensemble de notre stock au Centre Métropolitain Médical Solidaire d’Ellinikón en médicaments de ce type dont nous disposons et qui leur font défaut, vont être immédiatement expédiés à cet hôpital. La rage déborde, d’abord celle des patients, puis, celle du personnel médical et infirmier.”

Garde Evzone. Athènes, octobre 2017
Place de la “Constitution”, octobre 2017
Manifestation insignifiante place de la “Constitution”. Athènes, octobre 2017

Mort ou sinon survie. Enfin, même une certaine presse mainstream Syrizo-compatible, admet ces reportages, impensables avant la dite “crise”, quant à la nécessité de comprendre combien certains aliments, la châtaigne par exemple, peuvent devenir une nourriture de survie en cas d’effondrement brutal, personnel ou global, à l’instar du “Quotidien de Rédacteurs” daté du 23 octobre 2017 .

Visiblement, la vie, la nôtre, elle s’est dévissée et elle est défaite, sauf pour un petit et néanmoins énorme 25 % de la population. D’où sans doute, l’une des clefs de la réussite de la servitude actuelle, “caddi, e rimase la mia carne sola” en quelque sorte… Comédie Divine.

Ce qui ne nous laisse d’autre ressource en attendant que celle de nous accrocher au pays, comme le suggérait le poète Yórgos Séféris en 1968, c’était sous la dictature des Colonels. “C’est bien enfin que les Grecs puissent raisonner pour ainsi décidément préférer la tyrannie grecque ou la liberté grecque, du moins, relèvent-elles de notre manière de fabriquer cette réalité, et non pas de celles des Français ou des Américains” Yórgos Séféris, “Manuscrit, octobre ’68” (éditions Ikaros, Athènes, 2000).

La question se pose de nouveau, lorsqu’elle se pose, les Grecs, de nombreux Grecs en tout cas, savent désormais que face au totalitarisme financieriste comme techno-féodal, dont la Grèce n’est qu’un cas d’école spécifiquement avancé dans sa putréfaction métadémocratique généralisée, la question à se poser serait plutôt celle d’un nouveau régime politique et non-pas d’un changement politique, un nouveau régime politique et dès lors, la sortie de l’Union européenne.

Technologie historique de Chine. Exposition, Athènes, octobre 2017
Notre poète Elytis et… Marilyn Monroe. Étalage pour touristes. Athènes, octobre 2017
Les… maîtres du temps. Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017

Évidemment, le contexte de 2017 est autrement plus complexe et je dirais même tragique, que celui des années 1960-1970. Pas qu’en Grèce. Mon ami L., fait observer depuis Athènes, et à propos de certaines figures de l’anti-mémorandisme historique (depuis 2010), politique et intellectuel (au demeurant savamment déconnectées les unes des autres), qu’elles se composent plutôt de ces gens qui s’agitent en cercles autophages et alors en réalités fermés, un peu à la manière dont fonctionnent les partis politiques. La boucle serait ainsi (pour le moment) bouclée, le totalitarisme nouveau admettrait paraît-il, la contradiction jusqu’à une certaine parlotte, “Parlements” compris, et l’essentiel se décide toujours, d’abord, et surtout ailleurs.

J’y ajouterais, qu’entre tant d’autres thématiques ardentes, la vraie question de la sortie de la zone euro, tout comme celle d’un avenir organisé si possible en dehors de l’hybris dominante et accablante, sur les bases de la dignité, de la démocratie, de la liberté et d’abord de la mesure, avait été laissée ou “offerte”, aux mains de ceux (qui déjà à gauche) l’ont suffisamment mal préparé, avant de la saloper, et enfin de la trahir. C’est alors ainsi qu’avec le recul, je dirais que le moment opportun (celui en tout cas des années 2011-2015) a été définitivement gâché, et que l’accélération historique est d’ailleurs telle, que plus aucune réponse aux questions posées ne reste plausible et pour tout dire invariable trop longtemps.

En 2017, incarnant la pire politique et autant agenda totalitaire du financierisme ambiant, ceux de SYRIZA usent et abusent d’un extraordinaire verbiage gauchiste, c’est alors à vomir, et c’est ainsi que la société grecque (déjà en lambeaux) aura vomi toutes ses gauches. Dans ce contexte, les Syrizistes ont par exemple organisé récemment et effectué leur “pèlerinage” et en réalité souillure, sur l’île de Makrónissos près d’Athènes, celle des déportés communistes des années de la Guerre civile (fin des années 1940).

Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017
Hôtel en Attique, vendu. Octobre 2017
Hôtel en Attique, vendu. Octobre 2017

Ceux du “Plan-B” (anciens Syrizistes d’avant 2010-2012, mouvement d’Alékos Alavános), outrés, en ont ironisé, rappelant une phrase du poète Odysséas Elytis: “Cette terre n’a jamais collé à leurs talons”. En débat interne (et cependant diffusé via Internet), D.M. du “Plan-B” en rajoute: “Le constat est amer. Sauf qu’il y a aussi ce rappel tragique: nous avons aidé et nous avons fait hausser ces salopards… pour qu’ils détruisent la patrie, autant que les plus belles visions et idées du plus grand nombre de Grecs.” (Internet du “Plan-B”, 25 octobre 2017). Un autre moment… opportun ainsi perdu.

Le constat est certes très amer. De toutes les menaces actuelles qui risquent d’anéantir complètement et cela de manière déjà prévisible le pays, son peuple, ses droits, avant d’éteindre au passage les dernières lumignons du régime supposé démocratique, la plus grave et la plus dangereuse des menaces, elle est alors représentée tout simplement par le système politique grec et par la classe dirigeante du pays, avant même la Troïka, ou la géopolitique de nouveau paroxysmique que connait notre monde et particulièrement la Méditerranée orientale.

Le constat est donc très amer, beaucoup plus amer pour l’instant, qu’en Italie, ou en France par exemple. Impression et jugement d’ailleurs partagés de près ou de loin par une majorité de la population en Grèce, sans autre issue possible pour le moment. La résistance des Grecs sortirait désormais par la petite porte, elle passerait sous les fenêtres, elle rejoindrait au besoin les Séféris et les Elytis (ceux que la clique très actuelle des littéreux mondialisateurs voudrait effacer de notre patrimoine culturel vivant). Une Résistance qui ira enfin saisir son petit café social et sociable entre deux vagues ou entre trois rayons de soleil… surtout devant l’avènement supposé définitif d’un hiver alors proche.

En Attique, octobre 2017
En Attique, temple d’Ártemis, octobre 2017
Notre petit café. Athènes, octobre 2017

Ainsi, et pour l’instant, comme le fait également observer mon ami L., “le petit commerce résiste, il est comme on sait inscrit dans l’ADN des Grecs, toutes ces petites entités économiques de survie, telles de petites bougies allumées d’une économie de la proximité. Là, où dans d’autres pays de la funeste Union européenne le petit commerce est déjà mort, même sans que leur Troïka ne soit aussi discernable que la nôtre… tandis que chez nous.”

En attendant le prochain miracle de l’ADN grec dans toute sa durée, l’escroquerie politique du siècle des Tsiprosaures, organise comme elle peut son État clientéliste et népotiste, faisant entre autres croire qu’elle distribuera quelques miettes en guise de cadeau de Noël aux retraités paupérisés du pays, ceci dans un but purement électoraliste pendant qu’elle co-organise la mise à mort du pays et le génocide à bas voltage de son peuple. Les arrivistes de SYRIZA se disent sans doute que les malades du cancer n’iront certainement plus jamais voter d’ici quelque mois.

Le dernier clientélisme SYRIZA/ANEL, sous l’agenda totalitaire du financierisme ambiant ne l’oublions pas, a fait embaucher (contractuels, conseillers et agents) entre 50.000 et 70.000 personnes dans la fonction publique, collectivités territoriales comprises, ce que la Troïka n’ignore évidemment pas. Dans les cafés de Trikala, ville de la Région Thessalie, les habitants aiment par exemple rappeler en boucle, que “leur” député SYRIZA Sakis Papadópoulos a aussitôt fait embaucher sa fille, de même, “leur” députée SYRIZA Panagióta Dritseli a aussitôt fait embauché son époux.

Sous le Parthénon, dernière séance pour les cinémas en plein air. Plus au sud, à Delphes, les visiteurs éblouis à la vue des félins d’antan, comme de notre temps, auront déjà affronté et peut-être apprécié les premiers orages de l’automne hellénique. En Attique, ceux du personnel d’un hôtel dominant une magnifique baie m’ont raconté que les propriétaires de leur établissement l’ont récemment vendu à une entreprise basée aux États-Unis. “Conserverons-nous alors nos postes durant la saison prochaine ? Pourtant, l’hôtel ne manquait pas de clientèle, surtout francophone d’ailleurs.” En attendant peut-être le prochain miracle de l’ADN grec.

Delphes, la première pluie. Octobre 2017
Delphes, son ciel, ses visiteurs. Octobre 2017
Delphes, musée, félins d’antan. Octobre 2017
Delphes, site archéologique, félins actuels. Octobre 2017

Pays de Perséphone, ses visiteurs, son cinéma en plein air, ses félins de toujours. Ses poètes surtout, et parmi eux, Yórgos Séféris : “Maintenant je voudrais terminer ce court exposé avec un homme que j’ai toujours gardé près de moi ; il m’a soutenu dans des heures difficiles, où toute ressource semblait perdue. Dans ce pays de contrastes qui est le mien, il est un cas extrême. Ce n’est pas un intellectuel. Mais l’intellect réduit à lui-même a parfois besoin de fraîcheur, comme les morts qui réclament du sang frais avant de répondre à Ulysse. Il avait appris à lire et à écrire un peu, à l’âge de trente-cinq ans, afin de pouvoir raconter, dit-il, ce qu’il avait vu pendant la guerre de l’indépendance, où il avait pris une part très active. Il s’appelle Jean Makriyiánnis. Je le compare à un de ces vieux troncs d’olivier de chez nous, façonnés par les éléments et qui peuvent, je crois, enseigner la sagesse. Lui aussi a été façonné par les éléments humains, par bien des générations d’âmes humaines. Il était né, vers la fin du XVIIIe siècle, dans la Grèce continentale, près de Delphes. (…)”

“Quand on songe que la guerre avait laissé de nombreuses plaies sur le corps de cet homme, on a le droit de conclure que ces paroles ont quelque poids. Vers la fin de sa vie, son destin devient tragique. Ses plaies lui donnent des souffrances intolérables. Il est persécuté, jeté en prison, jugé et condamné. Dans son désespoir, il écrit des lettres à Dieu: ‘Et tu ne nous entends pas, tu ne nous vois pas…’ C’est la fin. Makriyiánnis est mort vers le milieu du siècle dernier. Ses Mémoires ont été déchiffrés et publiés en 1907. Il fallut bien des années encore pour que les jeunes prissent conscience de sa véritable envergure. (…)”

“J’ai voulu aussi exprimer ma solidarité avec mon peuple. Non seulement avec les grands maîtres de l’esprit, mais avec les inconnus, les ignorés, ceux même qui se sont penchés sur un seul livre avec la même ferveur que l’on se penche sur une icône; avec les enfants, qui faisaient des heures de marche pour aller à des écoles éloignées de leur village, ‘pour apprendre les lettres, les choses du bon dieu’, comme dit leur chanson. Pour rappeler encore une fois mon ami Makriyiánnis, ‘il ne faut pas dire moi, mais il faut dire nous’, car personne n’achève rien tout seul. Je trouve qu’il est bien qu’il en soit ainsi. J’ai besoin de cette solidarité, parce que si je ne comprends pas les hommes de chez nous, avec leurs vertus et leurs vices, je sens que je ne pourrai pas comprendre les autres hommes de par le grand monde.”, Yórgos Séféris – Nobel Lecture – “Discours du 11 décembre 1963” , “Quelques points de la tradition Grecque, moderne”

Séféris justement, que les mondialisateurs des faits, des gestes et des âmes, y compris en littérature, voudraient voir son œuvre s’effacer de notre mémoire. Le grand poète, avait également composé un émouvant Épitaphe, inscription funéraire à la mémoire de son chat Touti , c’était en août 1949.

Le jeune Hermès de ‘Greek Crisis’. Athènes, octobre 2017

Personne n’achève rien tout seul… ce qui vaut également pour le blog ‘Greek Crisis’. Le jeune Hermès (qui n’est pas pour l’instant totalement Trismégiste), piétine alors nos brouillons imprimés, tandis que Mimi du fait de son grand âge, surveille il faut dire à sa manière et bien étroitement, tous nos écrits.

Sous l ‘Acropole il fait de nouveau beau, demain 28 octobre, fête nationale, commémorant le ‘NON’ grec à l’ultimatum de Mussolini, puis, la victoire grecque suite à une extraordinaire mobilisation populaire contre l’Armée de l’Italie fasciste, une première victoire contre une armée d’un pays de l’Axe.

Pour rappeler encore une fois notre ami Makriyiánnis, “il ne faut pas dire moi, mais il faut dire nous”. Perséphone, épouse d’Hadès, fille de Zeus et de Déméter, revient comme on sait… régulièrement sur terre.

Mimi… du fait de son grand âge. Athènes, octobre 2017
______________________* Photo de couverture : Mendiant devant une église Byzantine. Athènes, octobre 2017

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