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L’explication la plus convaincante du fait que nous soyons seuls ou apparemment seuls dans un si grand univers me semble avoir été donnée par un scientifique : Marc Defant, vulcanologue et professeur de géochimie à l’Université de Floride méridionale à Tampa, qui, dans une conférence TEDx intitulée « Pourquoi nous sommes seuls dans la galaxie », explique que l’apparition d’êtres intelligents de notre type requiert la conjonction d’événements extrêmement rares d’un point de vue statistique, devant de plus se produire dans un ordre bien précis. Il résume sa conférence « Why We are Alone in the Galaxy » de la manière suivante : « L’apparition de la vie intelligente sur la terre requiert une multitude d’événements improbables d’un point de vue statistique, ce qui pourrait impliquer que la présence ailleurs d’une vie intelligente du même genre est extrêmement peu probable, un fait généralement ignoré dans les discussions relatives à d’éventuels contacts avec des formes de vie extraterrestre ».
Sa conférence démonte de manière convaincante l’idée commune que les planètes apparaissent facilement, que la vie apparaît facilement sur une planète et que toute planète susceptible d’accueillir la vie produira inéluctablement des êtres intelligents du type de nous-mêmes. Il souligne le nombre considérable d’événements certainement extrêmement rares qui sont nécessaires pour permettre l’apparition d’êtres semblables à nous. Defant explique de manière détaillée trois de ces événements mais souligne qu’une analyse complète de notre apparition et de notre évolution ferait intervenir une séquence de plusieurs centaines de ces événements très rares pour nous faire advenir à partir du Big Bang.
Je vais résumer brièvement ici sa démonstration.
Un nuage stellaire, celui qui est à l’origine du soleil en particulier, n’est constitué que d’hydrogène et d’hélium. Pour qu’il contienne des éléments plus lourds, il faut que dans un premier temps il les collecte à l’occasion de l’explosion d’une ou de plusieurs supernovas. Une supernova est une étoile géante implosant, c’est-à-dire s’affaissant sur elle-même avant d’exploser. Les éléments plus lourds que l’hydrogène et l’hélium se forment à cette occasion par la fusion d’atomes d’hydrogène et d’hélium.
Pour qu’un nuage stellaire devienne ensuite un système stellaire composé d’une étoile entourée de planètes, il faut que s’exerce sur lui encore l’influence d’une autre supernova, cette fois-ci sous la forme de son onde de choc.
À ce moment-là de son exposé, Defant apporte ce qui constitue selon lui la preuve irréfutable du fait que c’est une supernova qui a fait se transformer le nuage stellaire à l’origine de notre système solaire, en ce système solaire proprement dit : la météorite Allende, dit-il, en est le témoin parce qu’on y trouve du magnésium au sein d’inclusions d’aluminate de calcium, ce qui ne pourrait être le cas aujourd’hui.
Le magnésium en question est du magnésium 26, le produit de désintégration de l’aluminium 26, lequel a une durée de vie assez courte : 717.000 ans, ce qui fait qu’au bout de quelques millions d’années il s’est entièrement désintégré. Le magnésium 26 faisant partie de la météorite Allende est le résidu de l’aluminium 26 craché par une supernova au moment où le nuage stellaire précurseur du système solaire fit naître celui-ci.
Voici où se situe donc, selon Defant, la première improbabilité statistique : dans un premier temps, une ou plusieurs supernovas ensemencent en éléments lourds le nuage stellaire qui deviendra le système solaire. Dans un second temps, la transformation de nuage en système a lieu sous l’influence d’une autre supernova.
Une planète peut alors apparaître, la Terre, au sein d’un système stellaire, celui du Soleil, où se trouvent les éléments de composition adéquate permettant l’apparition de la vie.
Sautons maintenant quelques milliards d’années pour nous retrouver dans un monde où sont apparus les mammifères dont le cerveau comprend une nouvelle couche par rapport aux reptiles : le néocortex.
Si l’on compare la masse du cerveau des animaux par rapport à celle de leur corps, les dinosaures se situent assez bas sur l’échelle : en effet la sélection ne fait pas nécessairement émerger du lot les animaux les plus intelligents. Ainsi les dinosaures furent sélectionnés pour leur masse corporelle importante. Ils dominèrent la planète pendant 135 millions d’années. Les mammifères apparurent dans leur ombre : ils étaient petits et vivaient dans des terriers, ils ne sortaient que la nuit, quand les dinosaures étaient endormis. Les mammifères n’ont pu dominer le monde que parce qu’ils ont bénéficié de la disparition des dinosaures.
C’est le heurt avec la terre d’une météorite de 10 km de long qui, par l’hiver cosmique dont elle fut la cause, signifia la fin des dinosaures. 75% des espèces disparurent à cette occasion. Une météorite plus grande aurait détruit l’ensemble des animaux, tandis que plus petite, elle n’aurait pas mis en péril l’existence des dinosaures.
Les mammifères envahirent alors les niches libérées par les dinosaures. Ils occupèrent en particulier les arbres, où les primates eurent l’occasion de se développer.
Or la vie arboricole nécessite des capacités cérébrales importantes, en particulier une vision colorée en trois dimensions, ainsi que dix doigts susceptibles d’agir séparément. C’est ce qui explique les gros cerveaux des primates. Si nous les humains bénéficions d’un tel équipement, c’est parce que nous sommes les descendants de créatures ayant évolué au sein d’un environnement arboricole.
Mais pour que nous apparaissions, il fallait encore que les primates descendent des arbres. Cela eut lieu il y a sept millions d’années. Nous sommes alors devenus bipèdes, nous aventurant dans la savane. L’événement qui en fut la cause, fut l’aridité qui se développa dans la savane africaine orientale, l’habitat des ancêtres des hominiens. Le cerveau grossit encore du fait de la station debout, de l’usage des mains et de l’utilisation d’outils, une évolution qui ne s’observe dans aucune autre espèce. Une population de 100.000 humains colonisèrent le monde. Si les hominiens étaient apparus en Amérique du Sud, rien de semblable ne se serait passé, un climat aride ne s’y étant pas développé.
Le scénario qui a conduit des premiers petits mammifères à nous fait supposer que dans l’immense majorité de systèmes stellaires une suite d’événements de la même nature ne s’est pas produite. Rien n’empêche que quelques-uns de ces événements extrêmement rares aient bien eu lieu, voire même peut-être l’ensemble, mais il aurait encore fallu que ce soit exactement dans le même ordre.
La vie est très rare, elle est précieuse ne serait-ce qu’à ce titre. Quant à notre présence à nous, elle tient véritablement du miracle.
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