Billet invité. Ouvert aux commentaires.
En économie de marché, le travail est réputé soumis comme toute autre marchandise à la loi de l’offre et de la demande qui prétend décrire les variations de son prix, à savoir sur le marché du travail, le salaire. Selon la loi de l’offre et de la demande, l’offre se définit comme l’ensemble des ventes potentielles tandis que la demande comme celui des achats potentiels.
Sur le marché du travail, l’offre est donc alimentée par ceux qu’on nomme improprement « demandeurs d’emploi », terme auquel on préférera celui de « chômeurs » ou encore « d’actifs inoccupés », tandis que la demande est issue de ceux qu’on nomme employeurs, dont on dit qu’ils émettent des « offres d’emploi » (là aussi de manière indue).
Le marché du travail en France aujourd’hui est tel qu’il y a environ 5 millions de chômeurs pour environ (au doigt mouillé, mais en comptant large) 1 million de postes à pourvoir. Selon la loi de l’offre et de la demande, on peut donc dire que l’offre étant nettement supérieure à la demande, la variation tendancielle du prix, le salaire, est à la baisse.
De quelles manières le salaire peut-il baisser ?
– Soit, par réduction individuelle simple, typiquement on paye moins cher pour la même quantité/qualité de travail.
– Soit, par gel de l’évolution salariale individuelle, qu’on n’adosse plus à l’inflation (ce n’est qu’une variante du cas précédent).
– Soit, par réduction du salaire cumulé dans la structure considérée (entreprise, fonction publique, etc) par suppression de postes.
– Soit bien sûr par une savante combinaison des méthodes précédentes, l’automatisation des tâches permettant notamment des gains de productivité tels qu’on puisse regrouper plusieurs postes en un seul.
Ainsi, lorsque toutes les politiques de l’emploi, tous gouvernements confondus, conditionnent systématiquement l’accès aux aides sociales à une déclaration des chômeurs, dont ce sont presque toujours les seules ressources disponibles, comme « demandeurs d’emploi », elles conduisent non seulement à des effets collatéraux de précarisation de l’ensemble des emplois (dont ceux des agents chargés de l’application de ces dispositifs de flicage des actifs inoccupés, sorte de comble du mauvais goût), mais aussi paradoxalement à l’effet exactement inverse de celui annoncé, le tout au mépris d’au moins deux articles du préambule à la Constitution de 1946 faisant partie du bloc constitutionnel (art. 5 et art. 11). Et ça fait au moins 50 ans que ça dure (date de création de l’ANPE)…
Laisser un commentaire