Billet invité.
Il devient de plus en plus difficile de croire en la relance de l’Europe à contempler les visions disparates délivrées par Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker et Wolfgang Schäuble, la chancelière Angela Merkel cultivant le flou à son habitude. Chacun défend la sienne et, faute d’un élan partagé, le démantèlement en cours est destiné à se poursuivre par défaut.
Inutile, pour l’illustrer, de faire référence au départ chaotique du Royaume-Uni de l’Union européenne, ou à la sédition catalane et aux effets dominos qu’elle fait craindre à Jean-Claude Juncker. Car les ministres de l’intérieur des 28, réunis à Luxembourg, viennent de porter un coup décisif à l’une des réalisations européennes les plus spectaculaires après la monnaie unique, la création de l’espace Schengen abolissant ses frontières internes.
« Schengen est vivant et doit rester vivant, parce que si Schengen meurt, l’Europe mourra » s’est écrié au sortir de leur réunion le commissaire européen Dimitris Avramopoulos, en charge des affaires intérieures. Il peut commander les faire-part.
La commission s’est dans un premier temps efforcée de sauver les apparences devant le maintien des contrôles frontaliers qui devaient être exceptionnels et temporaires en renouvelant leur autorisation. Puis elle a voulu marquer son autorité et imposer un coup d’arrêt, mais elle a échoué. Novembre prochain était la date butoir pour que tout rentre dans l’ordre, mais il a suffi que les pays fautifs invoquent la menace terroriste, prétexte donné depuis le début par le gouvernement français, et non plus le chaos migratoire, pour que rien ne puisse plus leur être refusé et qu’une nouvelle période de six mois leur soit accordée.
Fin septembre, la commission avait proposé de rallonger les périodes de rétablissement des contrôles à un an voire à deux ans, mais les ministres français et allemand ont exigé à Luxembourg des périodes encore plus longues. Ils ont également contesté la nécessité de demander l’aval des autres pays de l’espace Schengen pour obtenir plus d’un an.
Gérard Collomb, le ministre français de l’intérieur qui laissera plus tard comme trace son attitude à Calais et à la frontière avec l’Italie, a clarifié à sa manière le débat en précisant « nous souhaitons conserver la souveraineté nationale sur un problème fondamental pour chaque pays, celui du terrorisme. » On croyait avoir compris que celui-ci devait être une des priorités de l’Europe d’Emmanuel Macron, qui a proposé d’élargir à la lutte contre « le terrorisme islamique » les compétences du projet de parquet européen en gestation…
@Mango vous dites : « mais certains le sont pour des positions politiques plus ou moins arbitraires … » je réponds :…