LES BANQUES MÈNENT PAR DEUX À ZÉRO, par François Leclerc

Billet invité.

Même épaulés par la BCE, Jean-Claude Juncker et la Commission auront tout essayé, mais en pure perte : l’Union bancaire va continuer de reposer sur deux de ses trois piliers. La garantie européenne des dépôts bancaires n’est pas pour demain, le ministère allemand des finances ayant hier fait savoir que « rien n’a changé » et que Berlin n’était pas prêt à engager des négociations tant qu’une « réduction sensible des risques » portés par les banques européennes n’était pas intervenue.

La détention par les banques européennes des titres de la dette de leur pays figure au premier plan des préoccupations allemandes, qui ne veulent plus qu’ils soient considérés comme sans risque, et à ce titre le nec plus ultra du renforcement des fonds propres. Une commode survivance, que l’on a préféré maintenir, du temps où les banques centrales pouvaient financer les déficits budgétaires sans plus de formalités et où le risque de défaut était inexistant.

L’intransigeance des autorités allemandes, dès lors qu’une quelconque mutualisation se profile, a de quoi faire réfléchir ceux qui prétendent la faire fléchir. Elle met en tout cas en perspective la déclaration d’Édouard Philippe, le premier ministre français, qui en référence aux propositions d’Emmanuel Macron – les plus récentes, pas les initiales – a déclaré : « ce qui est lancé, c’est une dynamique et c’est peut-être, à certains égards, une course contre-la-montre » …

Une autre partie se poursuit sur un second sujet aux apparences très techniques : l’évaluation du risque des actifs détenus par les banques. Le Comité de Bâle va s’efforcer de la relancer à l’occasion de la réunion annuelle du FMI de demain. Là également, l’obstacle se situe outre-Rhin, à Francfort autant qu’à Berlin. Le président de l’association des banques publiques allemandes VÖB a déclaré qu’une absence d’accord est préférable à un mauvais accord ! L’enjeu est d’inscrire dans une nouvelle réglementation un nouveau mode de calcul de l’évaluation du risque des banques, qui devra être respecté en 2027. Il en découle en effet un besoin de renforcement des fonds propres que les banques veulent le plus possible minorer.

Les établissements allemands ne sont pas les seuls à s’opposer aux propositions du Comité de Bâle, car ils bénéficient du renfort des banques françaises. Ainsi que de Bruno Le Maire, le ministre des finances français, qui a rejeté tout mode de calcul qui aboutirait à une augmentation importante des obligations de fonds propres. L’argument suprême des banques – il aurait alors comme effet une diminution de l’offre de crédit – fonctionne comme on voit parfaitement auprès des dirigeants politiques, qui sont dupes s’ils ne sont pas complices.

La vivacité de la réaction des banques et de leurs soutiens témoigne de leurs faiblesses persistantes. Et pas seulement dans le sud de l’Europe. Une restructuration d’ensemble du système bancaire a commencé et va se poursuivre. Elle a commencé en Espagne, au Portugal et à petite échelle encore en Italie. Mais des opérations bien plus importantes s’annoncent, qui concernent notamment la seconde banque allemande, Commerzbank. Un vent de concentration se lève, ignorant les avertissements sur le danger du gigantisme bancaire. Le tissu bancaire comporte trop de petits établissements, la réglementation est trop disparate suivant les pays et l’innovation technologique va frapper de plein fouet les professions bancaires. Tout concourt à une profonde mutation allant solliciter l’attention des régulateurs au détriment de ce qu’ils ont engagé.

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LES ICONOCLASTES DE MATIGNON (suite)

Matignon a vivement réagi à la publication de la note de France Stratégie et à ses propositions jugées « farfelues ». Une reprise en main est annoncée, le laboratoire d’idées ayant « pris l’habitude de publier des idées irréalistes, sans aucune impulsion politique »…

Dont acte. Induit en erreur par une biographie pas à jour en voulant vérifier que Jean Pisani-Ferry en était toujours à la tête, je l’ai annoncé et me suis trompé ! Depuis janvier dernier, Michel Yahiel avait pris sa succession. Va-t-il y rester longtemps ?

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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