Mes propositions de réformes profondes (interdiction de la spéculation, « taxe-robot », etc.) ont généralement l’effet connu sous le nom pittoresque de « trou dans l’eau » jusqu’à ce que … quelqu’un d’autre les reprenne (ainsi Bill Gates, Benoît Hamon, pour la « taxe-robot »). C’est ce matin-même le cas pour la gratuité, l’idée-phare de mon livre Vers un nouveau monde (et de ma conférence TEDx). Je m’en réjouis et m’engage à faire tout le bruit possible autour de l’étude britannique. Ouvert aux commentaires.
Ben Chapman, Universal basic services could work better than basic income to combat ‘rise of the robots’, say experts, The Independent
Merci pour la traduction à Jean-Philippe Goborieau et Tristan Buard.
Selon une équipe de l’UCL (University College London), l’État devrait mettre gratuitement à la disposition de tous des logements, de la nourriture, des services de transport et des services informatiques au lieu de mettre l’accent sur la redistribution de sommes d’argent.
De nouvelles études suggèrent que pour contrer une « montée de la robotisation » qui menace d’éradiquer des millions d’emplois, les citoyens britanniques devraient bénéficier d’un accès gratuit au logement, à la nourriture, au transport et à Internet.
Les experts travaillant pour l’Institute for Global Prosperity (IGP) du University College de Londres affirment que l’éthique d’universalité du National Health Service (l’assurance-maladie britannique) devrait être étendue à d’autres domaines de la vie afin d’atténuer les perturbations causées par les changements technologiques.
Leurs propositions radicales incluent la construction de 1,5 millions de nouveaux logements sociaux sans loyer à destination de ceux qui en ont le plus besoin et la fourniture d’un tiers de tous leurs repas aux 2,2 millions de ménages qui connaissent l’épreuve de l’insécurité alimentaire chaque année.
L’IGP préconise que le passe Freedom qui donne accès aux transports locaux aux personnes handicapées et à celles qui ont plus de 60 ans soit étendu à tous. L’accès de base à internet et au téléphone serait également pris en charge par l’État, permettant à tous, y compris à ceux qui ont un revenu faible ou nul, d’accéder aux opportunités d’emploi « tout en participant à notre démocratie en tant que citoyens informés ».
L’Institut a proposé un ensemble d’idées baptisées « services de base universels » (SBU) qu’il présente comme une alternative plus réaliste et plus souhaitable au revenu de base universel.
Le concept de revenu de base universel (consistant à payer à chaque personne un revenu garanti, qu’elle travaille ou non) a suscité récemment beaucoup d’intérêt. Mais les auteurs du rapport de l’IGP soutiennent que, même si les objectifs du revenu de base universel peuvent être louables, le débat devrait cibler des objectifs plus réalisables sur le plan politique.
Les auteurs du rapport défendent l’idée selon laquelle, au lieu d’essayer de réduire la pauvreté au moyen d’allocations redistributives et de salaires minimum, l’État devrait plutôt offrir à chacun les services dont il a besoin pour se sentir en sécurité dans la société.
D’après eux, le revenu de base universel coûte cher. Distribuer à tous les citoyens du Royaume-Uni le montant actuel de l’allocation de demandeur d’emploi de 73,10 livres sterling par semaine coûterait près de 250 milliards de livres par an, soit 13 % du PIB du Royaume-Uni.
En revanche, selon l’analyse de l’IGP, l’élargissement de la protection sociale au moyen de services plus étendus coûterait environ 42 milliards de livres sterling, qui peuvent être financés en réduisant l’abattement de l’impôt sur le revenu des personnes physiques de 11 800 à 4 300 livres.
Les experts estiment qu’une extension des services de base à tout le monde a un caractère très progressif parce que ceux qui en auront besoin seront de manière disproportionnée les moins riches de la société.
Selon un récent rapport de McKinsey, près de la moitié des emplois dans le monde, ce qui correspond à près de 16 000 milliards de dollars de salaire, pourraient être automatisés par la simple mise en place des technologies existantes en robotique, en apprentissage automatique et en intelligence artificielle.
Le professeur Henrietta Moore, directrice de l’Institut pour la prospérité mondiale de l’UCL, a déclaré : « Faute de nouvelles idées radicales remettant en question le statu quo, nous serons confrontés à un avenir où l’évolution de notre société et de notre marché du travail conduira de plus en plus de gens à devoir se battre pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires – sans parler d’avoir les ressources et l’énergie mentale nécessaires pour se permettre à eux-mêmes ainsi qu’à leurs familles de s’épanouir ».
Le SBU est selon elle, une prolongation logique du principe communément accepté selon lequel la santé et l’éducation devraient être gratuites pour tous.
Commentant le rapport, John McDonnell, chancelier du cabinet fantôme travailliste, a déclaré que les changements technologiques rapides constituent un « défi majeur » pour l’économie et la société.
« Ce rapport offre une nouvelle réflexion audacieuse sur la façon dont nous pouvons surmonter ces défis et créer une économie radicalement plus équitable en offrant des opportunités pour tous », a-t-il dit.
Il apporte une contribution importante au débat sur le revenu universel de base et aidera à orienter la réflexion du Labour sur la façon dont nous pouvons bâtir une économie qui fonctionne vraiment pour le grand nombre et non pour quelques-uns seulement.
Les auteurs du rapport, le professeur Jonathan Portes, Howard Reed de Landman Economics et Andrew Percy de l’IGP, ont déclaré mardi que leurs propositions devaient constituer un point de départ pour un nouveau débat sur la question.
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