Billet invité.
Le système bancaire européen continue de traîner le boulet de ses prêts non-performants (NPL), dont le montant est estimé à 865 milliards d’euros. Ils sont en premier lieu disséminés en Italie, en Grèce, à Chypre et au Portugal, mais on les trouve également dissimulés dans les Sparkassen (caisses d’épargne) et les banques mutualistes allemandes. Et cela ne passe pas !
Une telle menace continue de peser et de faire obstacle à la mise en œuvre du 3ème pilier de l’Union bancaire, la garantie européenne des dépôts dont les autorités allemandes ne veulent pas, afin de ne pas risquer d’être mises à contribution. Pour avancer, il faudrait supprimer l’obstacle, et la BCE est décidée à s’y employer via son Mécanisme unique de supervision (SSM). Une consultation a été engagée à propos d’une nouvelle règle, qui devrait être appliquée dans deux ans une fois adoptée, et qui imposerait aux banques de garantir à 100% avec du collatéral les pertes potentielles des NPL déclarées après janvier 2018. Les banques auraient par ailleurs sept ans pour couvrir leurs prêts non sécurisés.
Matteo Renzi, l’ancien président du conseil italien qui attend son heure pour tenter de revenir au pouvoir, a réagi sur son compte twitter sans mâcher ses mots : « certains ingénieurs financiers européens ont besoin de comprendre que nous les payons pour éviter les crises bancaires, et non pour les provoquer ». Selon lui, la règlementation proposée aurait comme conséquence d’augmenter le coût du crédit et de rendre son accès impossible aux PME italiennes, suscitant une nouvelle crise du crédit. En réalité, elle imposerait d’abord le renforcement des fonds propres des banques et atteindrait leur rentabilité, a reconnu la Confindustria (l’équivalent du Medef français). La bourse de Milan ne s’y est pas trompée en faisant chuter le cours des valeurs bancaires.
L’initiative de la BCE est à rapprocher de celle qu’a annoncé hier le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, qui va présenter mercredi prochain sous forme d’une « communication » une « version allégée » du système de garantie des dépôts, en vue de « finaliser l’Union bancaire ». Cette version serait appliquée en deux étapes successives, selon un calendrier qui n’est pas précisé. Pendant une première phase, une banque ayant fait faillite, ses épargnants seraient remboursés par le fonds de garantie national – qui existe déjà – avec si nécessaire un complément de crédit accordé par un fonds européen. La deuxième phase comporterait un partage des risques et n’interviendrait que lorsque toutes les banques européennes auront réussi un stress test qui concernera notamment les créances douteuses.
Ce dispositif a-t-il des chances d’emporter l’adhésion des autorités allemandes ? Sans même attendre sa communication, le président des Sparkassen s’y est opposé en déclarant que « le concept d’une garantie forcée et centralisée des dépôts européen est totalement erroné ».
Quelles circonstances?! De toute façon, le Japon était prêt à capituler quand il s’est pris les bombes sur la tronche!…