Billet invité.
Les évènements catalans viennent de conclure la période post-franquiste engagée en 1978 avec l’adoption de la nouvelle Constitution espagnole. La démocratie a été rétablie, mais elle vient de trébucher. Défaite mais pas détruite, la vieille droite réactionnaire retrouve sa raison d’être en faisant obstacle à l’instauration de nouvelles relations entre les peuples d’Espagne, et le roi lui donne raison en défense de la royauté.
Le mouvement autonomiste catalan, aux racines historiques et culturelles profondes, a basculé pour réclamer l’indépendance à la suite des évènements de 2006, lorsque le Tribunal Constitutionnel a invalidé la moitié des articles du nouveau statut d’autonomie de la Catalogne sous l’impulsion du Parti populaire de Mariano Rajoy. La porte d’une évolution en douceur a été fermée.
Région riche de l’Espagne – tout est relatif – la Catalogne a été sévèrement atteinte par l’éclatement de la bulle immobilière et les expulsions massives qui ont suivi, ainsi que par les coupes budgétaires. À la crise avec Madrid qui couvait s’est alors ajoutée la crise économique et sociale qui a secoué toute l’Espagne. La jeune génération catalane, révulsée par les scandales de corruption, motivée par les conséquences de l’austérité qui barrent son avenir, en est venue à l’idée que l’Espagne n’est pas réformable, le Parti populaire restant symboliquement au pouvoir à Madrid, et que son émancipation passait par celle de la Catalogne, qu’elle inscrivait résolument dans un cadre européen.
Présenter les affrontements en cours comme le choc de deux obstinations est d’évidence réducteur. Ainsi que de les envisager sous l’angle légaliste du respect de la Constitution. Il fallait trouver les moyens de faire évoluer celle-ci, mais les partis politiques, PSOE y compris, n’en avaient pas l’intention. Là se trouvent les sources du blocage actuel, dans lequel la société espagnole va maintenant devoir s’installer.
Cette crise peut être également présentée sous un autre éclairage. Elle est une des expressions du démantèlement de l’Europe qui est en train de s’opérer et qui emprunte les chemins les plus divers. Les derniers en date étaient les affrontements de la Commission avec la Pologne et la Hongrie à propos de leurs réformes illibérales, après ceux concernant le refus d’accueillir des réfugiés.
Les autorités européennes peuvent se prévaloir – à quel prix et suite à combien de rebondissements ! – d’avoir maintenu la Grèce dans la zone euro. Ainsi que d’avoir stabilisé la crise bancaire, sans toutefois la régler. Mais elles sont engagées dans des discussions qui ne démarrent pas à propos de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Et elles craignent maintenant que la crise catalane soit porteuse d’un effet domino et ravive des mouvements sécessionnistes.
Un constat s’impose, qui est aussi bien valable à l’échelle de l’Espagne que de l’Europe : une fois éclatées, les crises s’installent dans la durée et d’énormes difficultés sont rencontrées afin de les contenir, sans parvenir à les résorber. Qu’annonce ce mode d’existence ?
Grâce à la médiation numérique, les petits métiers restent une source de revenus (livreurs urbains, etc.) et peuvent, du fait…