Billet invité.
5.000 réfugiés ont la semaine dernière tenté de rejoindre l’Europe en fuyant la Libye. Seuls 2.000 d’entre eux ont été débarqués en Italie après un sauvetage en mer, les 3.000 autres ayant été refoulés par les garde-côtes libyens.
La route de l’espoir n’est pas totalement fermée, en dépit d’une collaboration officielle italo-libyenne qui monte en puissance, sans oublier le financement de milices afin qu’elles cessent leur trafic de passeurs. L’illustrant, un destroyer italien a prêté main forte à la marine libyenne lors d’une opération dans les eaux internationales, dans la zone de responsabilité déclarée par le gouvernement libyen de Tripoli. Il n’y a pas foule pour s’exprimer sur son statut !
Faute de réactions, les garde-côtes libyens se sentent désormais les coudées franches. Hier matin, le navire affrété par l’ONG allemande Life Time, qui venait de se porter au secours de 52 réfugiés en dehors des eaux territoriales libyennes, a été abordé par des garde-côtes et sommé de les transférer à leur bord. Refus des membres de l’ONG, coups de feu tirés en l’air par les libyens… Le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine, a depuis menacé de saisir les bateaux des ONG « qui ne respectent pas la souveraineté libyenne ».
Les contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen, dont l’absence constitue « son essence », selon les termes mêmes du commissaire Dimitris Avramópoulos, pourraient être rétablis après autorisation pour une période allant jusqu’à trois ans. La commission européenne a proposé mercredi de modifier ainsi les règles de l’espace Schengen, afin de s’adapter à de « nouvelles menaces » comme le terrorisme, frôlant l’amalgame. Parmi les six pays les ayant provisoirement rétabli, et dont l’autorisation vient à échéance, la France avait d’ailleurs fait valoir la « menace terroriste » pour l’obtenir.
Un programme devrait succéder à celui de « relocalisation » des réfugiés qui vient de se terminer et s’est soldé par un échec, 29.000 d’entre eux l’ayant été sur un objectif de 160.000. Plus question de quotas d’accueil que la commission n’est pas en mesure de faire respecter, le mot clé est désormais « réinstallation ». Les réfugiés seront sélectionnés avant d’être parvenus en Europe, selon un nouveau programme visant à accueillir 50.000 « des plus vulnérables » d’entre eux en deux ans. Il est proposé aux États membres de participer à celui-ci sur une base désormais volontaire, moyennant un financement de 10.000 euros par réfugié.
Soucieuse de ne rien oublier, et notamment la question du retour dans leur pays des réfugiés recalés au droit d’asile, la commission appelle les gouvernements européens à utiliser « tous les instruments d’incitation et les leviers disponibles » pour inciter ces pays d’origine à coopérer. Aux grands mots les grands remèdes, elle suggère d’utiliser la politique d’attribution des visas, loin de l’image idyllique d’une coopération économique aux effets plus incertains et lointains.
Le droit d’asile n’est pas oublié. Paolo Gentiloni, le président du Conseil italien, a tracé la perspective d’une uniformisation de sa réglementation à l’échelle européenne, une splendide opportunité pour en restreindre l’accès dans l’avenir. Il s’exprimait à ce sujet hier à Lyon, aux côtés d’Emmanuel Macron, dont on aura retenu la proposition de créer un Office européen de l’asile politique pourvu de pouvoirs étendus, allant à la rencontre d’une proposition de la commission. Avec comme pendant une police européenne des frontières chargée « d’accueillir dignement » les réfugiés et de renvoyer rapidement ceux qui ne sont pas éligibles au droit d’asile. On mesure le décalage entre les paroles et la réalité propre à toute stratégie de communication.
(suite) (« À tout seigneur tout honneur ») PJ : « il n’est pas exclu du tout que je me retrouve dans la…