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La CDU-CSU et le SPD représentaient 80% des députés au Bundestag, ils ne vont plus rassembler que 50% d’entre eux. La grande coalition a vécu, une formule alternative va devoir être laborieusement trouvée. Pour la refondation de l’Europe, cela va être une autre paire de manches.
Christian Lindner, le leader du FDP, a immédiatement rappelé ses lignes rouges à propos de l’eurozone, qui vont brider la politique de la chancelière. Les Verts veulent un calendrier de sortie du diesel, sur le mode britannique et français, dont l’industrie allemande ne veut pas entendre parler. La CSU, qui se prépare à des élections en Bavière l’année prochaine, va peser en faveur d’une forte réorientation de la politique d’immigration. Tout cela va difficilement faire bon ménage.
Angela Merkel, dont le parti a connu le pire des résultats en perdant 8% des votes, va avoir du mal à rassembler son monde et à constituer une coalition. D’autant que celle-ci sera à quatre, si l’on distingue une CSU qui a déjà pris ses distances et qui va monnayer sa participation. Hier soir, consciente de cette situation, la chancelière déclarait que demain serait un autre jour, laissant croire que le SPD pourrait revenir sur sa rupture, se raccrochant à une issue peu vraisemblable mais à ses yeux préférable.
L’Allemagne sort de ses grandes coalitions à répétition et entre à son tour et à sa manière dans une période d’instabilité politique peu compatible avec ses nouvelles responsabilités. Désormais sous la pression du FDP, comment sauvera-t-elle les apparences avec Emmanuel Macron ? Celui-ci, en adressant à Angela Merkel ses félicitations d’usage, a assuré vouloir poursuivre « avec détermination » la coopération, mais il n’a pas d’autre option que de s’adapter à une nouvelle donne qui ne lui est pas favorable. Le plan Macron est mort-né.
Pour ceux qui en douteraient, Christian Lindner, le leader du FDP, a été catégorique dès hier soir : « Nous ne voulons pas de nouveaux budgets pour des transferts financiers en Europe ». Et les libéraux allemands ont fait savoir qu’ils n’accepteront la création d’un poste de ministre des finances européen que s’il sert à mieux faire respecter les règles du déficit public, mais pas si cela vise à les assouplir.
Le FDP libéral et l’AfD à l’extrême-droite, dont les résultats ont connu les plus fortes progressions, partagent à des degrés divers une europhobie qui en dit long sur l’état de l’opinion publique allemande, en particulier pour cette dernière formation au sein des couches défavorisées. L’hypothèse d’une coalition SPD – Verts – Die Linke que l’arrivée de Martin Schulz avait suscité n’a pas tenu longtemps : les trois partis ne vont ensemble peser que 40% des nouveaux députés. Par contre, les quelques cent députés de l’AfD vont s’employer à créer une nouvelle atmosphère en Allemagne peu compatible avec son nouveau statut de leader européen.
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