Billet invité. Ouvert aux commentaires.
À la CFDT et à FO, des réfractaires entendent défiler avec la CGT. Les syndicats opposés à la réforme du droit du travail.
(LE MONDE | 21.09.2017, Extraits d’un article de Raphaëlle Besse Desmoulières)
Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, les a surnommés les « grognons râleurs ». Laurent Berger, son homologue de la CFDT, s’est, lui, gardé de tout qualificatif désagréable pour désigner ceux parmi ses militants qui passent outre les consignes nationales pour défiler aux côtés de la CGT contre les ordonnances réformant le code du travail.
Dans les rangs des syndicats dits réformistes, ils sont minoritaires mais certains commencent à s’agacer de l’attitude jugée trop timorée de leurs dirigeants face à ce qu’ils considèrent comme un texte « pire que la loi El Khomri ». Et le font savoir. (…)
Dans une tribune publiée mardi par Les Echos, les numéros un de la CFDT, CFTC et UNSA, Laurent Berger, Philippe Louis et Luc Bérille, ont fini par hausser le ton. Les trois dirigeants de centrales réformistes, qui entendent peser sur le contenu des décrets d’application, dénoncent la limitation des indemnités prud’homales et l’instance unique de représentation du personnel. Ils jugent que « les projets d’ordonnances déséquilibrent le texte au détriment des salariés. (…)
« Divergence tactique »
Cela suffira-t-il à calmer les esprits ? Combien de leurs militants battront le pavé jeudi ? Le 12 septembre, les cédétistes, même s’ils n’étaient qu’une poignée, étaient bien visibles autour de leur ballon orange. Parmi eux, Gérard Chameau, ex-délégué syndical d’IBM, aujourd’hui à la retraite. « C’est important de montrer que la CFDT est un syndicat réformiste mais réformer ne veut pas dire accepter n’importe quoi », s’emportait-il. Certes, Laurent Berger a fait part de son « mécontentement » mais d’une « manière trop molle ». « On veut une consultation de la base », réclamait-il. (…)
Ceux de FO étaient plus nombreux à manifester. Pour beaucoup, le choix de leur syndicat passe d’autant plus mal qu’il y a un an, ils étaient en première ligne avec la CGT pour contester la loi El Khomri. « On a une divergence tactique avec Mailly : il peut y avoir de la concertation mais ça n’empêche pas le rapport de force », expliquait Jean Hédou, secrétaire général de la fédération Equipement, environnement, transport et service (Feets-FO). « On n’est pas des moutons, s’emportait de son côté une militante de FO Transports et logistique, qui préférait rester anonyme. Je ne suis pas d’accord avec Mailly et je suis là pour le signifier ! »
« C’est le début de quelque chose »
« On a envie de montrer qu’on a besoin de se retrouver, y compris dans la rue », ajoutait Emmanuel Guimaraes, de FO-Pénitentiaire. Ce dernier était là pour protester contre le gel du point d’indice, la hausse de la CSG, les 120 000 suppressions de poste annoncées pendant la campagne présidentielle. Il appelait à la « convergence des luttes ». « C’est le début de quelque chose », voulait-il croire. (…) »
Nous sommes peut-être au début de quelque chose, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. La petite bureaucratie syndicale, très menacée dans son existence par les ordonnances Macron, vent debout face à l’orientation capitularde et suicidaire imposée par les directions confédérales, doit aller jusqu’à une conclusion naturelle de son raisonnement. Qui tire l’épée contre son prince doit jeter le fourreau !
Comme l’affirme l’un d’eux: » … On veut une consultation de la base … », et le meilleur moyen de consulter la base, n’est-ce pas encore d’exiger l’organisation de Congrès extraordinaires ?
Cette journée est un véritable camouflet pour les directions confédérales, que ce soient celles qui restent l’arme au pied, que ce soient celles appelant à une énième journée d’action sans perspective, et surtout sans même mettre en avant la raison d’être du mouvement, à savoir le retrait pur et simple des ordonnances.
Dans ces conditions, vouloir être au début de quelque chose, refuser d’être un mouton, marquer nettement une divergence tactique, cela ne peut pas consister à faire pression sur les directions de FO et de la CFDT, pour qu’elles rejoignent la direction de la CGT dans la bousille, histoire de prendre leur part de responsabilité dans une défaite, une de plus, quasi inéluctable si nous nous alignons une fois de plus derrière ces pères la défaite.
Vouloir être au début de quelque chose de nouveau et de constructif, c’est assumer ses divergences tactiques et politiques d’avec les directions confédérales, c’est faire tomber les masques et appeler un chat un chat, un cabot un cabot, un traître un traître ; c’est assumer ses responsabilités, à savoir se proposer comme directions confédérales alternatives, et appeler les travailleurs à se syndiquer et à se mutiner immédiatement dans les centrales ouvrières.
Sans l’appui du prolétariat, la bureaucratie syndicale fédérale n’arrivera pas à bouger les confédéraux.
L’angle d’attaque est simple :
Dans toute la sphère d’activité de la société, il est parfaitement admis qu’il n’y a plus de place pour l’incompétence et la défaite. Lorsqu’un gérant de fond de pension n’atteint pas les objectifs financiers recherchés, il est débarqué, gentiment mais sûrement ; lorsqu’un entraîneur d’un club de football aligne trois défaites successives, il est débarqué, gentiment mais de manière absolument naturelle, sans que l’on crie à l’injustice, à la dictature, ou au procès d’intention. Il faut faire pareil dans les syndicats
Il faut débarquer les responsables confédéraux de la défaite de 2016. Il faut les débarquer d’autant plus vite, que ces messieurs se complaisent dans leurs erreurs passées, et ne semblent pas vouloir épouser une autre tactique de lutte, une autre politique, que celle d’aider implicitement le gouvernement Macron-Philippe à avancer sur les crânes des jeunes et des prolétaires.
Autant fait celui qui tient le pied que celui qui écorche ! Être au début de quelque chose, c’est assimiler cette vérité !
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