LE TEMPS QU’IL FAIT LE 8 SEPTEMBRE 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 8 septembre 2017. Merci à Cyril Touboulic !

Bonjour, nous sommes le vendredi 8 septembre 2017. J’ai fait un rapide calcul, ça doit être à peu près la 455e fois que je fais cette petite vidéo du vendredi. Je ne m’en lasse pas, j’espère que vous non plus, encore que ça commence à faire un grand nombre : je vois les chiffres en millions de viewings (visionnages) de mes vidéos. Ça veut dire quand même que je le fais depuis un certain temps ! Mais, vous me dites que c’est important : chaque fois que je dis que je vais arrêter, parce que ça me paraît beaucoup, que c’est très long, vous me dites : « N’en faîtes rien » et du coup, je continue.

Dans l’actualité : un petit peu sur la France, un peu sur les États-Unis… On verra bien.

En France, M. Macron a dit qu’il voulait que se présentent aux élections européennes de 2019 des gens qui soient de véritables « européens », qu’ils soient élus à l’échelle de l’Europe. Et c’est une bonne idée. Évidemment, ce parlement européen est un faux parlement mais il joue un rôle de sorte de sénat : il permet à des sages de dire ce qu’ils pensent, et d’être peut-être entendus davantage que quand ils font des petites vidéos le vendredi. Donc mes oreilles se sont dressées. C’est une bonne idée, à mon sens. Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que M. Macron n’ait que de bonnes idées.

M. Macron, comme vous le savez, il fait partie de ces personnes qui n’ont pas entendu le démenti par les faits que représentait 2008. En 2008, le monde a expliqué aux ultralibéraux que leur truc ne valait rien, que ça ne valait pas un clou, que c’était dangereux, que ça allait mener notre planète à la catastrophe et que ça allait mener à l’extinction de notre espèce humaine, de notre genre humain. Mais, je l’ai dit à l’époque, ce sont des gens puissants, ils trouveront des moyens – des moyens divers – pour mettre quand même leur programme en application jusqu’au bout.

Comme je l’ai dit, j’appelle ça toujours un fascisme en col blanc parce que, malheureusement, nous avons aussi beaucoup d’expressions de fascisme en col bleu autour de nous. Notre choix se limite un petit peu entre le fascisme en col blanc, à visage humain, et celui qui n’a pas de visage humain du tout.

Aux États-Unis, il y a M. Trump, et il s’est passé quelque chose d’intéressant, hier, à Londres. C’était un événement organisé par Médecins du monde et l’invité était David Cornwell. Et, M. David Cornwell, vous le connaissez davantage sous un autre nom, c’est M. John le Carré, qui a 85 ans, qui a été un espion et qui a commencé à écrire des histoires d’espionnage assez remarquables… très remarquables même, et dont le dernier livre paraît. Et pourquoi est-ce que je vous parle de M. David Cornwell, alias John le Carré ? Parce qu’il a attiré notre attention, hier, sur le fait qu’il se passe, en ce moment, dans le monde des choses qui rappellent très, très fort, qui ont exactement la même forme, que la montée du fascisme dans les années 30 : il y a entre la montée de M. Trump et les idées qu’il défend, et celles de M. Adolf Hitler en particulier, plus qu’une ressemblance et… ne serait-ce que ça : la sympathie de M. Trump pour les néo-nazis est, bien entendu, quelque chose qui en soi est parlant. Mais il y a bien d’autres signes dont j’essaye de vous parler le plus possible.

Mais M. Cornwell, alias le Carré, a attiré l’attention aussi [sur le fait] que personne n’est immunisé contre ça, et qu’en particulier une dame pour laquelle nous nous sommes tous battus, pour qu’elle puisse sortir de prison, de liberté surveillée. C’est Mme Aung San Suu Kyi, de Birmanie, qui a même eu un prix Nobel d’économie… Pardon, excusez-moi, un prix Nobel de la paix [rires] ! C’est une personne qui utilise maintenant le même vocabulaire que M. Trump, qui parle de fake news quand on parle d’une minorité opprimée et peut-être même en voie d’élimination dans son pays, la Birmanie. Donc le mal n’est pas partout, mais il est à de nombreux endroits. Il est aussi, vous le savez, sous la forme d’un nationalisme d’extrême-droite au pouvoir, en ce moment, en Pologne et en Hongrie. De savoir s’il est également au pouvoir au Venezuela est une chose plus délicate dont on parle sur mon blog en marchant sur des œufs. Mais, les pouvoirs autoritaires sont un peu partout.

M. Trump, vous l’avez peut-être vu, ça se passait hier, a fait une alliance avec les Démocrates pour la question de hausser le plafond du budget aux États-Unis. C’est un camouflet de plus pour le Parti républicain Parti républicain qui, je vous le rappelle, l’a porté au pouvoir. Mais souvenez-vous aussi d’une autre chose que j’ai pu dire à une époque, qui était la suivante : le jour où M. Trump sera abattu, ça ne sera pas par les Démocrates, ce ne sera pas par les gens de gauche, il sera battu par les gens du Parti républicain. Et ça, pourquoi ? Parce qu’il est apparu de l’intérieur comme un œuf de coucou, et il a surtout insulté dans le processus d’accession au pouvoir les gens du Parti républicain, qui se reconnaissent de moins en moins en lui. Du moins du côté l’appareil, parce qu’il y a dans la base du Parti républicain, il y a effectivement des populistes de droite, voire même d’extrême-droite, qui continuent de soutenir M. Trump et qui se reconnaissent en lui.

M. Trump, j’ai attiré l’attention là-dessus dans un petit billet que j’ai fait cette semaine, heureusement, il y a pour démentir les idéologies de droite ou d’extrême droite, il y a heureusement le monde. Les ouragans, qui ont lieu en ce moment dans l’Atlantique et dans le golfe du Mexique, sont la preuve qu’ils sont d’une violence inouïe, qui n’a peut-être jamais été vue. Vous avez dû voir les photos, vous avez dû voir ce qu’il s’était passé d’abord à Houston, une ville de 6 millions d’habitants couverte d’eau parce que c’est une ville plate et avec de l’eau qui monte jusqu’à trois mètres, quatre mètres de hauteur dans les inondations, et ça demandera, bien entendu, des années pour une ville comme ça de récupérer. Il y aura des conséquences pour nous parce que trop de grandes raffineries ont été fermées du coup, le prix de l’essence va monter, et ainsi de suite. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, si ça nous dissuade d’utiliser ce moyen-là et de permettre une transition vers des choses plus douces et plus renouvelables. Mais, voilà, le monde n’est pas prêt à des catastrophes naturelles comme elles sont en train de se produire, comme la disparition du permafrost en Alaska, la disparition de la calotte polaire au pôle Nord, la fonte massive au Groenland, des incendies massifs en Californie et au Canada dans des forêts qui, jusque-là, étaient protégées par le fait qu’il tombait de l’eau du ciel, qu’on appelle la pluie, et c’est une chose qui ne se produit plus maintenant.

Le monde est en train de nous apporter un démenti à nos mauvaises idées. Mais, comme je viens de le dire à propos de M. Macron, en France, et du démenti de 2008, qui fait que quand même neuf ans plus tard, on continue d’appliquer un programme dont les faits nous ont montré qu’il était inapplicable et dangereux… et plus que dangereux. La capacité des rapports de force à empêcher que les faits s’imposent à nous – sauf par l’extinction un jour ou l’autre – est très dangereuse. Le peuple, au sens de, voilà, de gens qui comprennent ce que peut être le bonheur au jour le jour, a de moins en moins accès à la décision. Sauf sous la forme de pouvoir porter au pouvoir des gens qui vitupèrent, des gens qui tonnent, des gens qui tonitruent… pas vraiment les gens que l’on voudrait voir prendre des décisions. Alors, voilà.

L’actualité, ma propre actualité : vous pourrez, si vous avez envie, vous pourrez venir m’écouter. Ça sera mardi à Montpellier, et ça sera mercredi à Auch [P.J. hélas remises pour cause de calcul biliaire]. Pour ce qui est de mon activité à plus long terme, je termine en ce moment, cette semaine-ci, ce livre qui s’appelle Qui étions-nous ?, et qui est une poursuite de la réflexion qui avait lieu dans Le dernier qui s’en va éteint la lumière (2016), où j’essayais en tout cas de réunir devant nous la boîte à outils dont nous disposons, si nous voulons empêcher l’extinction de notre espèce. Ça ne veut pas dire, bien entendu, que même si chacun se pénètre de la qualité de cette boîte à outils, que j’essaye de réunir, que ça fera une différence automatiquement. Il faut encore, Messieurs, Dames, et ça c’est une leçon des générations précédentes : il faut encore, pour obtenir que la vérité triomphe, il faut encore LUT-TER. Il faut encore lutter pour que ça se passe, ça ne se fait pas automatiquement.

Il y a cet autre livre, qui, lui, se profile très près, qui s’appelle À quoi bon penser à l’heure du grand collapse ?, et qui est ce portrait intellectuel de ce que certaines personnes –  celles qui m’interrogeaient (Franck Cormerais et Jacques Athanase Gilbert) – pensent que j’ai pu, jusqu’ici, apporter au genre humain justement comme éléments de boîte à outils. Alors, c’est un petit livre qui paraîtra en novembre.

En ce moment, en Belgique et dans quelques semaines en France, vous pourrez acheter, ou vous pouvez acheter, Vers un nouveau monde, qui, là, est une sorte de programme de gouvernement pour des pays individuels comme la Belgique et la France, et pour l’Europe en général.

Bon, quand je m’entends dire tout ça, j’ai envie d’aller me reposer quand même [rires] : 455 vidéos, vues des millions de fois, je pourrais prendre peut-être quelques vacances. On va voir ! On va voir.

Allez, à bientôt.

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