Les débats citoyens des Solidarités (II) Pas touche à la culture : entre terreau de démocratie et levier d’émancipation ! à Namur, le 27 août 2017, un résumé par Madeleine Théodore. Ouvert aux commentaires.
Le second débat des Fêtes des Solidarités, ce dimanche 27 août, réunissait Caroline Lamarche, romancière belge, Luc Dardenne, réalisateur de cinéma, et Fabrice Murgia, directeur du Théâtre National de Belgique, autour du journaliste Thomas de Bergeyck.
En cette période de crise tout particulièrement, le prix du billet d’entrée constitue un obstacle important à l’accès à la culture. Fabrice Murgia souligne que son institution étant une source d’emploi importante, avec ses coûts afférents, il est impossible de rendre gratuite l’assistance aux spectacles. Conscient cependant des montants, il s’efforce de les modérer en tenant compte des catégories de public, une attention particulière étant accordée aux 25-35 ans en raison de leur situation précaire dans le contexte actuel.
L’autrice Caroline Lamarche s’étonne d’observer une politique différente d’accès aux musées au Nord et au Sud de la Belgique, la Flandre étant beaucoup plus ouverte de ce point de vue. Elle déplore des prix d’entrée dissuasifs en Wallonie en comparaison avec d’autres pays européens, l’Angleterre par exemple, ou certains pays de l’Est. La politique d’uniformisation du prix du livre n’a par ailleurs pas réellement été appliquée.
Le réalisateur Luc Dardenne évoque la question du financement des œuvres cinématographiques par l’État belge. La tendance étant à la baisse, il fait remarquer que la compensation par les interventions du privé, bien que louable, est elle bien plus aléatoire. Les prix d’entrée prohibitifs, venant se combiner à l’extrême commercialisation des blockbusters, éloignent les spectateurs des salles de cinéma. C’est pour cette raison qu’il s’apprête à ouvrir quatre salles à Bruxelles, dont le prix d’entrée aura 7 euros pour pivot, et dont la démarche s’inscrira dans la lignée de la démarche du programme pédagogique « Écran large sur tableau noir ».
En effet, les avis sont unanimes pour signaler le rôle essentiel de l’éducation dans l’initiation à la démarche culturelle. Fabrice Murgia souligne la passivité de certains enseignants quant à la familiarisation de leurs élèves avec la scène (mais disposent-ils de tous les moyens nécessaires pour réaliser pleinement cet objectif ?). Caroline Lamarche affirme quant à elle l’implication de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le soutien à ses auteurs, regrettant cependant qu’elle soit parfois happée malgré elle dans le centrisme parisien. Luc Dardenne assure sa disponibilité pour rencontrer son public, aller dans les classes et rappelle par ailleurs que depuis une trentaine d’années, les débats sur la culture se font rares (y aurait-il là un écho au surgissement du néolibéralisme à cette même époque ?).
À Paul Jorion suggérant à Luc Dardenne que les films qu’il a réalisés avec son frère Jean-Pierre appartiennent à une famille dont la tragédie grecque représenta les premières manifestations, il répond que « leur message, c’est que la solution à nos problèmes passe par l’autre ». Quelle phrase pourrait mieux conclure ce débat au sein des fêtes des Solidarités et surtout, pourrions-nous y déceler, dans notre monde désorienté, une lueur d’espoir ?
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