Les débats citoyens des Solidarités (I) Capitalisme et inégalités : quels outils pour mieux comprendre ? à Namur, le 27 août 2017, un résumé par Madeleine Théodore. Ouvert aux commentaires.
La cinquième édition des Solidarités, fêtes organisées ce week-end à la citadelle de Namur par les mutualités socialistes Solidaris, n’a pas déçu son monde, tant par son caractère festif et convivial que par son engagement de promouvoir une culture et une réflexion citoyennes ouvertes à tous.
Concernant cet objectif, un premier débat était organisé ce dimanche aux Magic Mirrors sur le thème : « Capitalisme et inégalités : quels outils pour mieux comprendre ? » avec l’intervention de Christine Mahy, Secrétaire générale au Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, Paul Magnette, homme politique belge, bourgmestre de Charleroi, Osons causer, Youtubeurs français engagés et Paul Jorion, anthropologue et essayiste. La modération du débat était assurée par Christophe Deborsu, journaliste.
Le premier tour de table visait à vérifier le lien éventuel entre capitalisme et pauvreté, le second d’apporter des solutions au grand problème des inégalités dans notre société.
Pour Paul Magnette, même si la Belgique se démarque favorablement des autres pays européens quant à la disparité des revenus, un retour vers la situation très inégalitaire du début du 20ème siècle n’est cependant pas exclu, quand 80% de la population était pauvre comparativement à une tranche très aisée et une autre satisfaite de sa vie. La disparité s’accentue, l’inconscience de la classe possédante également, et les plus faibles se voient responsabilisés de la médiocrité de leur existence. Ils n’auraient qu’à s’en prendre à eux-mêmes face à cet état de choses plus que préoccupant. Le bourgmestre de Charleroi préconise d’accentuer la lutte contre les paradis fiscaux, tout en maintenant une réglementation solide afin que le droit du plus faible soit respecté.
Christine Mahy, quant à elle, insiste sur le fait que si le capitalisme d’argent est omniprésent, entraînant un taux de pauvreté de 25% en Wallonie et de 40% à Bruxelles, le capitalisme culturel opère aussi un effet dévastateur sur les couches les plus défavorisées, à travers l’accès moindre et plus précaire à l’éducation et à la culture. Comme Paul Magnette, elle constate une culpabilisation des plus fragiles, à un moment où les institutions d’aide à la population organisées par l’État sont débordées. Elle fait remarquer également que la réglementation organisée par celui-ci vise principalement les pauvres.
Le représentant du groupe « Osons causer » nous rappelle que la France s’enfonce aussi dans le malheur inégalitaire et désigne comme son responsable essentiel l’Europe. Il insiste à plusieurs reprises sur le fait qu’il ne voit pas de solution concrète à nos problèmes.
Paul Jorion met en évidence le fait que le processus de base du capitalisme, basé sur le système du prêt, ne peut qu’aboutir à une concentration maximale de la richesse, ainsi qu’à la destruction de notre environnement : c’est donc au système lui-même qu’il faut s’attaquer, et aux principes sur lesquels il s’est construit : règles comptables définissant les salaires comme un coût à minimiser et les dividendes et bonus de la direction comme parts de profit à maximiser, la composante abusus du droit de propriété (les deux autres étant usus et fructus) encourageant les entreprises à détruire la planète. La richesse engendrée par le monde numérique pourrait plus que jamais faciliter l’accès à la gratuité et le rôle des organisations sociales est essentiel pour soutenir un rapport de force protégeant les acquis sociaux.
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