Comment évaluer le progrès en termes de bien-être dû à l’extension de la gratuité ? par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

La gratuité et le bien-être ne sont pas des grandeurs de la réalité sensible. Il n’est pas possible de leur donner un prix sans les représenter, sans les matérialiser par des transformations logiques stables de quantités objectives. Idéalement, il faut phénoméniser la gratuité et le bien-être en grandeurs qui croissent ou décroissent par rapport à elles-mêmes dans le temps. Et il faut pouvoir mettre les phénoménisations de la gratuité et du bien-être sur un même plan de mesure pour voir les variations relatives d’une grandeur par rapport à l’autre ou par rapport au prix de n’importe quelle réalité objective. C’est là la fonction primordiale de l’artefact monétaire : mesurer la réalité subjective du désirable en réalité objective de l’existant sensible au sujet par l’objet.

La gratuité et le bien-être sont des réalités subjectives : elles n’existent pas hors d’un jugement de sujet exprimé par des acteurs singuliers d’intelligence ; elles n’existent pas sans la pluralité des sujets différenciés et comparables les uns par les autres ; elles n’existent pas sans une individualisation des sujets qui discrétisent les occurrences de gratuité et de bien-être. Les grandeurs de gratuité et de bien-être sont phénoménisés par des objets nommés de gratuité et de bien-être dans des rassemblements de personnes. Une existence sociale identifiable et délimitée du sujet est nécessaire pour témoigner du sentiment de gratuité et de bien-être par rapport à des objets mêmement dénommés par des sociétés constituant une identité commune de bien-être et de gratuité.

Chaque société est la matrice d’une monnaie associant par définition une quantité de bien-être à une quantité de gratuité. Chaque prix d’objet déposé dans la monnaie est un estimateur du bien-être produit par la gratuité ou de la gratuité exprimée en bien-être. Si gratuité et bien-être sont phénoménisés en monnaie il n’est pas impensable de mesurer de la gratuité dans un prix nul ou positif et du bien-être dans un prix nul ou négatif. Car c’est une variation qu’on mesure dans le temps et dans l’espace des objets, non une valeur absolue de gratuité et de bien-être.

Dans l’espace de la subjectivité, ce sont les variations d’un individu à l’autre ou les variations ressenties par un même individu dans le temps sur un même objet plus ou moins général, qui comptent. Il faut immédiatement remarquer qu’en l’absence de variation entre sujets ou dans le temps d’un sujet, la gratuité et le bien-être ne sont pas perceptibles donc quantitativement comparables à rien. C’est précisément les variations ressenties par le sujet personnel dans ses relations d’échange à l’intérieur d’une société qui induisent le jugement de croissance ou de décroissance du bien-être. La condition de la croissance du bien-être est la gratuité de l’existence du sujet dans le groupe social qui engendre les objets du bien-être.

Si un même ensemble d’objets de bien-être pour une société identifiée est représenté par une même unité monétaire, alors la variation du bien-être est exprimée par la croissance du volume des échanges modéré par la parité de change avec les monnaies des autres sociétés. Le bien-être se saisit comme une densité des prix qui croît ou décroît par rapport à d’autres sociétés à travers la parité de change. La gratuité au sein du groupe social est croissante ou décroissante par la variabilité des primes de change aux parités d’équilibre de liquidité entre sociétés distinguées par leur unité monétaire propre.

Mesurée par la vitesse relative d’appréciation ou de dépréciation de la parité de change d’une société, la gratuité se comprend comme fluidité de l’existence des personnes, sujets individuels physiques, dans le temps et dans l’espace par la disponibilité sociale adéquate des moyens d’existence en vie bonne. Bien-être et gratuité sont objectivement mesurés par une compensation centrale des crédits inter-sociaux par objet. Une telle compensation est assurance positive de bien-être par la gratuité à la condition d’un adossement des prix aux droits des personnes assemblées en sociétés solidaires par un État commun de droit.

Une compensation centrale est la matérialisation d’un État commun de droit entre toutes les sociétés et les personnes qui s’y inscrivent avec les objets qu’elles produisent. Le bien-être et la gratuité sont compensés en objets et en droits personnels par le truchement des options qui décomposent les prix de la réalité effective à terme en prix nominal et prime où le nominal et la prime doivent être impérativement unitairement vendus et achetés par des personnes différentes qui se garantissent réciproquement.

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