Réfugiés : TOUT EST BON POUR LES STOPPER ! par François Leclerc

Billet invité.

Le général Abdelhakim Bouhaliya, commandant de la base navale de Tripoli, a hier annoncé la création d’une « zone de recherche et de secours », où « aucun navire étranger n’a le droit d’accéder, sauf demande expresse de la part des autorités libyennes ». Le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne, a ensuite précisé que cela visait « les ONG qui prétendent vouloir sauver les migrants clandestins et mener des actions humanitaires ».

Dans l’intention manifeste de satisfaire les autorités européennes, le gouvernement de Tripoli a choisi de faire des ONG des indésirables, et de se laver les mains du sort des réfugiés sur un territoire qu’il ne contrôle pas. Ne se préoccupant même pas de définir l’étendue de cette zone au statut juridique incertain, dont la création est une mesure d’intimidation, menaçant les navires des ONG de l’intervention à leur encontre des garde-côtes libyens.

Une vedette et un aviso de la marine italienne ayant pénétré dans les eaux territoriales libyennes afin d’officiellement leur prêter main-forte, leur mission comporte-t-elle désormais la surveillance de la nouvelle zone d’exclusion maritime ? ira-t-elle jusqu’à l’arraisonnement des navires des ONG croisant dans les eaux internationales, s’ils décident de faire face ? Vu les pavillons que ceux-ci battent, cela risquerait de poser de sérieux problèmes.

Faisant feu de tout bois, les autorités italiennes arrosent les chefs des tribus libyennes des zones côtières où opèrent les passeurs, afin d’obtenir que ceux-ci cessent leurs fructueuses activités. Ajouté aux interceptions en mer de milliers de réfugiés par les garde-côtes libyens, et à leur refoulement, cela explique-t-il la baisse du nombre de ceux qui sont débarqués en Italie qui a été enregistrée en juillet dernier ? Avec 11.000 réfugiés, celui-ci a chuté de moitié par rapport à l’année passée. Est-ce le début d’un contrôle du flux des réfugiés ? il est trop tôt pour le dire.

Emmanuel Macron a vite enterré le projet totalement irréaliste d’implantation dès cet été de hotspots sur le territoire Libyen, qu’il avait annoncé fin juillet. Opérant un revirement, il lui a substitué l’envoi des missions de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) « sur le sol africain, dans les pays sûrs, où elles traiteront les demandeurs d’asile pour leur éviter de prendre des risques inconsidérés ». Le véritable objectif étant d’en refouler le maximum au prétexte qu’ils ne remplissent pas les conditions leur permettant de bénéficier du droit d’asile. Mais, là aussi, on attend un passage à l’acte, ces « pays sûrs » n’étant pas désignés, et pour cause, vu la situation régnant au sud de la Libye.

En attendant, le désert du Ténéré nigérien est devenu un cimetière, conduisant l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a effectuer « une mission d’évaluation des itinéraires migratoires ». Depuis avril dernier, la vie d’un millier de réfugiés a été sauvée et leur périple interrompu.

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