Billet invité.
La mondialisation est en crise et le protectionnisme commercial de retour dans notre période de grande incertitude. Aux États-Unis, un jour le bois canadien est sur la sellette, le suivant les importations de véhicules dont la fabrication a été délocalisée au Mexique prennent le relais. Mais l’acier chinois est au centre des campagnes susceptibles de déboucher sur des mesures protectionnistes, en premier lieu aux États-Unis où Donald Trump et Wilbur Ross, le secrétaire d’État au commerce, menacent régulièrement de les instaurer. Et les fervents plaidoyers en faveur de la libre circulation des marchandises du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OCDE résonnent dans le vide. Même lorsque cette dernière préconise de nouvelles « règles du jeu équitables », car « trop peu a été fait pour aider davantage de citoyens à faire face aux conséquences, étroitement liées entre elles, des échanges, des investissements directs étrangers et des mutations technologiques ». Un mea culpa très tardif.
Mais toutes les conséquences de l’instauration d’une taxe pénalisant l’importation de l’acier ont-elles été bien évaluées par l’administration Trump ? S’inscrivant dans la continuité de la campagne de ce dernier et visant à conforter son assise auprès de son électorat, de telles mesures sont agitées au nom de la « sécurité nationale » du pays, ainsi que de la préservation de l’emploi. Mais, dans ce dernier cas, elles pourraient bien avoir l’effet contraire.
Une étude de la Banque des règlements internationaux s’est opportunément efforcée de mesurer les effets d’une taxation de 10% de l’acier importé sur l’industrie américaine. Il en résulte que de nombreux secteurs souffriraient de l’augmentation des coûts de l’acier qui d’une manière ou d’une autre en résulterait, dont celui de l’industrie automobile. Ce qui devrait conduire celle-ci, afin d’absorber ce coût supplémentaire tout en maintenant des prix compétitifs, à jouer sur la sempiternelle variable d’ajustement que représentent les salaires. Mais il est plus probable que les industriels du secteur choisiraient alors de remplacer sur les postes de travail où ils sont encore présents, chaque fois que possible, les ouvriers par des robots, cette voie sur laquelle ils se sont déjà bien engagée. Mais où les industriels iraient-ils se procurer ces robots ? Au Japon et en Allemagne, pour toute application du slogan « America First » de Donald Trump !
Une étude remarquée de la société de conseil McKinsey, brandie par ceux qui pensaient pourvoir accorder des jours heureux à la présidence Trump, additionnait l’augmentation des salaires dans les pays émergents, l’exploitation du gaz de schiste à faible coût et l’automatisation de la production et des services à venir pour conclure à la renaissance de l’industrie américaine. Mais pas à celle de l’emploi, si Donald Trump met ses menaces à exécution. Les industriels américains du secteur seront les grands bénéficiaires de la taxation de l’acier chinois, si elle intervient, et les travailleurs américains les grands perdants.
😀 !