« Sur Internet, le monde de l’argent veut éliminer celui de la gratuité », le 24 août 2014. Merci à Marianne Oppitz !
Dans la mesure où nous faisons des tâches intellectuelles qui ne demandent pas d’être à un endroit précis, il est évident justement que, oui, l’Internet a permis de faire évoluer les choses. Le bout par lequel je vois ça, c’est par exemple, ce qui se passe autour du blog que j’ai, où il y a toute une équipe qui travaille en arrière-plan, qui collabore. Des gens qui, pour certains, je ne sais même pas où ils se trouvent, je ne sais même pas dans quel pays ils se trouvent, je ne sais pas ce qu’ils font dans la vie, mais on s’est retrouvés autour d’un intérêt commun et, voilà, on travaille ensemble. C’est-à-dire qu’on optimise en fait un certain nombre de ressources.
Et l’Internet est très amusant de ce point de vue là : je pense à un exemple qui est un exemple qui n’a pas d’impact sur le monde du travail mais qui est très amusant. Je voyais un processus qui était en train d’émerger, c’était de retrouver la liste et les caractéristiques de tous les camions qui avaient été utilisés dans le film Convoy. Alors, le film Convoy est un film très amusant avec Ali McGraw et Kris Kristofferson. Ce doit être un film de la fin des années 70 ou du début des années 80 […]. C’est l’histoire d’un convoi de « gros culs » et il y a un nombre important de camions qui ont été utilisés pour ce film. Et voilà, que sur la planète, les 4 ou 5 personnes au monde qui peuvent réunir l’information pour trouver ça, le font, sans savoir où l’un se trouve ou l’autre. C’est sans impact pour quoi que ce soit, mais ça permet que ces ressources – simplement avec l’outil Google qui vous met le film Convoy, qui vous met le nom de l’un ou l’autre de ces camions qui sont utilisés – permet de faire l’émergence très, très rapidement, d’un savoir.
Quand on est quelqu’un maintenant qui rédige une thèse, par exemple, on sait qu’on trouve l’information, je ne sais pas, dans un temps qui représente 5 %, 10 % de ce qu’il fallait avant, quand il fallait se rendre en bibliothèque, essayer de trouver l’ouvrage : l’ouvrage n’était pas là, il fallait qu’il soit prêté par une autre bibliothèque, etc. Maintenant, la plus grande part de l’information se trouve sur Google. Vous faites un click, en un dixième de seconde vous avez l’information que vous cherchez. Oui, nous allons dans un monde qui s’accélère de ce point de vue là, du point de vue de la… comment dire ? de la création de connaissance de manière collaborative. Et, c’est vrai que nous ne tirons pas encore véritablement parti de cela.
Le problème – là, on le voit, c’est que dès qu’une connaissance apparaît, nous sommes dans un système qui essaye de le marchandiser et par conséquent de pomper de l’argent là-dessus. Et si vous, vous ne le voulez pas, il y a quelqu’un d’autre qui va se créer de l’argent sur le savoir qui a été créé. Dans le domaine de l’Internet, vous le savez, il y a cette concurrence qui existe entre la gratuité – qui est un peu la philosophie spontanée des programmeurs – et le monde autour qui essaye de faire de l’argent sur ça, comme sur tout d’ailleurs. Et ce monde de l’argent essaye d’éliminer, bien entendu, celui de la gratuité puisqu’il s’agit d’une concurrence extrêmement importante. Vous le voyez, c’est dans le journal aujourd’hui, que deux utilisateurs sur trois de l’Internet utilisent des logiciels qui sont en fait des logiciels qui sont illégaux du point de vue du système ambiant.
(regardé)