Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Il est désormais plus rare de nos jours, dans nos sociétés relativement prospères et dites développées, de rencontrer la mort « avant l’heure ».
« Avant l’heure » s’entendant comme avant le moment ou la mort nous semble « normale », comme à un âge avancé. Si les secours interviennent à temps, un terme médical comme « thérapeutique maximale » est employé.
Avoir frôlé ou vécu l’épreuve de la mort « avant l’heure » (particulièrement celle des enfants), pour les proches de la victime, c’est avoir ressenti cet effondrement intérieur qui vous troue, ce désespoir qui vous ferait vendre votre âme, cette absurdité du sens de la vie qui saigne dans chaque seconde pour celui qui attend ou qui devra continuer après « ça ».
Quand la mort est conjurée, comment oublier la force et la violence de l’Espoir, la formidable puissance de la technologie et de la science déployées sous vos yeux jusqu’à la ré-animation et la convalescence. Et de recevoir une pure bienveillance de vos semblables.
Si les éprouvés de « la mort avant l’heure » sont rares, la population n’a-t-elle jamais vu, dans une œuvre de fiction ou un reportage, ces victimes plus instrumentées et assistées humainement, mécaniquement ou électroniquement, qu’aucun « soldat augmenté » ne le sera jamais ?
Comment expliquer des lors ce type de sentence : « la technologie (est) un instrument maléfique de la perversité humaine, au service du pouvoir et de l’argent et de la guerre » ? Affirmation aussi vaine et manichéenne que celle d’une possibilité, par le transhumanisme, de surmonter le dilemme nodal de la vie, à savoir la mort des innocents, des êtres aimés, ou la sienne.
Cette expérience de la « mort avant l’heure » on peut la partager, mais elle ne peut être « ressentie ».
Mais ce qui pousse à dire de la technologie qu’elle est un instrument maléfique, est-ce le découragement, l’absence initiale de l’acceptation de notre condition psychologique (limitation de la « volonté », prévalence des affects, angoisse existentielle initiale) et biologique (notre corps s’use, nous souffrons et nous mourons) ? Acceptation qui n’est pas assez formatée dans les esprits par la civilisation ?
Quelles expériences de la vie ont eu Aubrey de Grey ou Max More ?
Ont-ils lu Mary Shelley ou Katsuhiro Otomo ?
Il y a 100.000 ans nous vivions dans des cavernes et nous avons à peu prés le même cerveau qu’à cette époque.
La faiblesse de l’homme face à l’argent, au pouvoir, à la lâcheté, ne sont pas à démontrer mais notre espèce n’est elle que cela ?
O’Connell changerait-il sur la technologie, s’il avait rencontré le terme de « thérapeutique maximale » ?
Son livre nous propose-t-il autre chose que des platitudes et une plongée dans ce transhumanisme dont les promoteurs cèdent à l’illusion, bien humaine, d’un corps parfait, d’un « code parfait », tels de puérils pythagoriciens sociopathes qui s’ignorent ?
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