Billet invité. Ouvert aux commentaires. Bruno Iksil est l’auteur ici de « Bruno Iksil, surnommé « La baleine de Londres », nous dit ce qui s’est vraiment passé ». Il nous offre ici un nouveau feuilleton sur le contexte de ces événements.
Début 2011, la banque choisit les chemins de traverse… Elle ne les quittera plus
La banque choisit donc les chemins de traverse, ce qui conduisit au scandale puis aux « aveux » avec un fil conducteur : maximiser les profits dans l’intervalle sans constituer de réserves avant l’heure H. Ainsi en Janvier 2011, Iksil vient d’être « promu ». Il accède au grade de cadre dirigeant de base mais il n’est dans aucune décision, dans aucune rencontre avec aucun des régulateurs déjà très impliqués. Il ne le sera pas plus par la suite… Le rôle d’Iksil ne change pas du tout en réalité. Pas avant l’heure H en tout cas qui se situe en juillet 2012 et n’a lieu que sur le papier seulement ‘avec le recul’… Dans les faits, Iksil se voit donner l’ordre début 2011 de faire atterrir l’avion à moindre frais mais sans chercher à réduire la VaR du portefeuille. Iksil a bien travaillé en 2010 et il est généreusement récompensé le 21 janvier 2011 officiellement !
Le rapport du Sénat américain (mars 2013) évoque alors un incident remarquable. Le 27 janvier 2011, à l’insu d’Iksil, qui ne le découvrira qu’en 2013 en lisant le rapport du Sénat, la banque adresse un rapport (classé confidentiel) de routine indiquant que le CIO a violé sa limite de pertes sur les cas de stress à cause de changements très récents survenus dans le portefeuille « synthétique de corrélation » du CIO sur lequel Iksil œuvre. Le « hic » c’est qu’Iksil ne fait plus rien ou presque depuis juillet 2010… Ordre de la direction… Le fait est corroboré très timidement par le rapport Task Force de la banque elle-même de janvier 2013 où il est dit que cette violation n’était PAS liée à ce portefeuille « synthétique de corrélation » du CIO. Le fait plus étrange encore ici, c’est que le rapport du Sénat fut rendu public en mars 2013, deux mois après le rapport Task Force de JP Morgan. Pourquoi le rapport du Sénat véhiculait-il donc comme véridique une explication qui était incontestablement trompeuse et qui était déjà désavouée comme telle par la banque elle-même ? Un élément de réponse au mystère peut-être : la violation en question était bien réelle. Elle dura sept semaines et s’acheva par miracle juste avant que la Réserve Fédérale ne rende publics ses propres tests de stress et ne congratule dans la foulée JP Morgan en particulier. Tout était rentré dans l’ordre à temps. Inutile donc à cette époque de revoir la VaR et les risques de « corrélation » qu’elle dévoilait. Le rachat des actions voulu par Dimon pouvait se poursuivre. D’ailleurs il se poursuivit dans la pratique tout au long de 2011.
D’autres ordres arriveront sur le RWA [Risk-Weighted-Assets : actifs pondérés en fonction du risque]. Une réunion clef fin mars 2011 avec Ina Drew débouchera sur une mise en liquidation finalisée dont la « Strategy 27 » est le signe manifeste dans les rapports internes du CIO. Le but est clair. Les instructions deviennent conflictuelles cependant. Iksil multiplie les alertes. Elles sont entendues et comprises. Mais la feuille de route reste toujours aussi nébuleuse et pleine de contradictions internes. La fin de l’année 2011 se termine dans un climat très tendu. Iksil reçoit tout à la fois l’ordre de collapser les positions avec l’IB et « credit Hybrids » en particulier qui vient de fermer son trading sur produits « synthétiques de corrélation de crédit », de renouveler les protections qui expirent, et de positionner le portefeuille en anticipation d’une hausse brutale des marchés. C’est incohérent mais très temporaire sans aucun doute. Le CIO clôture l’année 2011 le 15 décembre pour ce portefeuille là de « corrélation de crédit », fait unique dans les annales. Chose plus unique encore, le CIO relance sa valorisation de fin d’année le 31 décembre 2011. UN problème sur la valorisation de décembre 2011 ? Mais non voyons ! La Réserve Fédérale surveille de très près tout cela depuis le 22 décembre 2012. Il reste que le CIO et l’IB différaient dans leurs prix début décembre 2011 et que cela conduisait déjà à un écart de valorisation de quelques $300 million pour le portefeuille en question. Depuis quand au juste un tel écart de valorisation existait-il ?
(à suivre …)
@ Garorock 16h47 Les points de divergences entre LFI et le PS-EELV sont de trois ordres. D’abord en géopolitique :…