Billet invité. Ouvert aux commentaires.
La manière dont un pays envisage l’accueil de l’autre est certes un des critères permettant d’évaluer à juste titre son degré de civilisation, cet accueil étant la priorité des traditions chrétiennes mais aussi des cultures qui ont magnifié l’esprit des Lumières.
Le programme français concernant la politique migratoire met en évidence la notion de sécurité : sécurité des frontières, sécurité des délais d’hébergement et de rapatriement, ainsi que celles de dignité et d’efficacité, l’une et l’autre censées s’équilibrer dans la balance des valeurs politiques françaises.
Alors que l’on comprend bien ce qu’implique la notion d’efficacité, maîtresse de notre régime économique, régnant en maître sur notre vie accélérée, celle de dignité par contre semble plus difficile à cerner. Comme l’a souligné le Premier Ministre dans son discours du 12 juillet, il s’agirait de la dignité des réfugiés tout autant que de celle des Français. « Nous ne sommes pas à la hauteur de la France », s’est-il plu pompeusement à dire, mais de quelle France s’agit-il ? De celle que l’on veut rétablir au premier rang des grandes puissances à grand coût de prestige, celui de son autorité, de ses monuments, de ses défilés, de ses contrats économiques internationaux ou de celle de tous les jours, se demandant de plus en plus de quoi demain sera fait ?
Dans le même ordre d’idées, existe-t-il des réfugiés plus « dignes » que d’autres de vivre en France, la dignité des réfugiés politiques serait-elle l’aune suprême des critères d’accueil ? On accorde un visa de quatre ans aux chercheurs et aux artistes, dans un contrat égocentrique qui ne trompe personne. Est-on plus digne de vivre en France parce qu’on s’est opposé à un régime par une pétition, une manifestation que celui qui, au delà de tous les clivages politiques et des drames conséquents, ne peut tout simplement plus assurer sa survie ni celle de ses enfants ?
Il est facile de se draper dans la toge de la dignité alors que les migrants continuent de mourir à nos portes : ne sommes-nous pas collectivement en situation de non-assistance à personnes en danger ?
La menace est bien là, cependant, sur nous également, sur nos emplois, notre habitat, et peut-être serons-nous bientôt, à notre tour, des réfugiés économiques au sein de notre propre société mais personne ne nous hébergera : les puissants veilleront, avec beaucoup de dignité, à nous parquer dans des enclos réservés au « vulgum pecus », alors que les bienfaits du progrès, dont nous sommes tous les artisans, profiteront à ceux qui auront encore réussi à concentrer davantage la richesse.
Comme le signalait la Présidente de Médecins du monde, nous aurions aimé entendre le mot « humanité » mais celui-ci fut bien rare, et pour cause ––
Personne ne sera épargné par l’évolution technologique de notre civilisation, par la destruction de la planète poursuivie par le capitalisme impitoyable. Dès lors, cessons de répondre aux classifications fallacieuses et manipulatrices, réveillons notre humanité pour notre bien commun. Les moyens sont là d’éradiquer la misère, exigeons qu’ils soient mis en place par la redistribution.
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