Billet invité.
L’appartenance de l’Italie à la zone euro s’annonce comme un thème majeur d’élections législatives désormais repoussées à 2018. Cessant d’être un tabou, elle a été discutée au grand jour lundi dernier, à l’occasion d’une conférence organisée par le Mouvement des 5 étoiles à la Chambre des députés.
Luigi di Maio, leader parlementaire et candidat du mouvement au poste de premier ministre, a pris ses distances à cette occasion avec l’objectif d’une pure et simple sortie de l’euro. Et les interventions qui se sont succédées ont ouvert le champ des possibles, portant sur les mécanismes de défaut, de restructuration de la dette souveraine et les systèmes de paiement parallèle. L’option de la monnaie parallèle a suscité une particulière attention des participants à la conférence, en référence au projet étudié en 2015 par Yanis Varoufakis pour la Grèce, qui n’avait pas été retenu par Alexis Tsipras. Une politique se cherche en Italie.
La question de la dette publique avait été en juin dernier abordée plus précautionneusement par un groupe de travail du parti socialiste et du Bloc de gauche qui soutient le gouvernement portugais. Partant de la constatation que la dette publique est insoutenable, les membres de ce groupe n’ont pas retenu la perspective de sa réduction pour privilégier une négociation portant sur sa reconfiguration avec les créanciers européens du pays. À la manière de ce qui a été évoqué – mais pas conclu – pour la Grèce. Parallèlement, ils ont proposé que la BCE poursuive avec la Banque du Portugal, pour un temps indéterminé, ses acquisitions de titres souverains afin de continuer à peser sur les taux obligataires et de favoriser un retour sur le marché à moindre coût.
Bien qu’ayant une fois encore repoussé la restructuration de la dette grecque, les plus hautes autorités européennes ne sont pas prêtes d’en avoir fini. Après une première période consacrée à des plans de sauvetage en chaîne, une seconde s’ouvre suivant de nouvelles modalités. Si à Lisbonne, on souhaite la poursuite du programme d’achat de la BCE, la mise en place d’une ligne de crédit par le Mécanisme européen de stabilité (MES) a été étudiée à Athènes avec son directeur général Klaus Regling. Alexis Tsipras a pour l’instant refusé une telle issue, car un tel soutien serait toujours conditionné et s’inscrirait dans le cadre de la proposition de Wolfgang Schäuble de transformer le MES en un FMI européen. Dans les deux cas, un mécanisme financier d’accompagnement est étudié, signe que la question de la dette est loin de pouvoir être évacuée.
L’évolution du contexte politique européen va-t-il permettre d’ouvrir un débat jusqu’à maintenant proscrit en raison de ses trop fortes implications ? Le fait qu’il soit enclenché va en tout cas favoriser la participation du Mouvement des 5 étoiles à une éventuelle coalition électorale, condition de son accession au pouvoir. Cela pourra accentuer en cas de succès la pression sur le gouvernement allemand. Mais qu’attendre des élections allemandes elles-mêmes ? Donnée comme allant être reconduite comme chancelière, Angela Merkel a aujourd’hui le choix entre deux coalitions possibles, en décidant de reconduire son alliance avec le SPD, ou en formalisant une alliance alternative avec le FDP et les Verts. La quasi similitude des programmes électoraux du SPD et de la CDU/CSU donne cependant une première indication.
Sa décision ne sera pas sans conséquence sur le degré d’ouverture qu’elle pourra ensuite manifester à l’égard des propositions d’Emmanuel Macron – en position d’attente – qui se garde bien de toute audace à propos de la dette. La formation de la première coalition lui sera plus favorable que la seconde, étant donné l’évolution politique du FDP. Mais on restera en tout état de cause loin de la question centrale, c’est à dire le sort réservé à l’endettement !
Lors de la conférence de Rome, il est revenu à un économiste allemand, Heiner Flassbeck, qui a été secrétaire d’État aux finances et conseiller d’Oskar Lafontaine sur le dossier du système monétaire européen lorsque celui-ci était ministre des finances, de mettre les points sur les « i ». En raison de ses lourdes conséquences, a-t-il fait valoir, seule la menace crédible d’une sortie de l’euro de l’Italie serait susceptible de faire évoluer la politique allemande.
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